La revue de presse APST du 1er au 10 juillet 2021
Aérien
Aéronautique : Le « Oui à l’aviation ! » de 44 sénateurs
Dans une tribune, Bruno Belin, sénateur de la Vienne, accompagné de 43 autres sénateurs, prônent un secteur aéronautique utile, propre et nécessaire.
L’aviation est utile !
La crise sanitaire l’a prouvé́ ! Bon nombre de vols ont permis de sauver des vies par l’acheminement de masques, d’équipements médicaux, de vaccins et même par le transfert de patients atteints de la Covid-19 dans les régions où les hôpitaux étaient saturés.
L’aviation est un mode de transport au service des territoires permettant la liaison entre les bassins économiques. Les échanges commerciaux peuvent devenir ainsi planétaires grâce au transport de marchandises et grâce aux hubs.
Nous pouvons également compter sur l’aviation pour assurer notre sécurité́. Prenons l’exemple des feux de forêts, véritable fléau du sud de la France durant l’été. Les sapeurs-pompiers disposent ainsi d’avions bombardiers d’eau tels que Canadair et Tracker afin de renforcer les moyens de sécurité́ terrestres.
L’aviation est propre !
L’ensemble des acteurs du secteur aéronautique s’est totalement impliqué et engagé dans l’édit « Green deal ». L’objectif est simple : atteindre la neutralité́ carbone. Et pour cela ils ont mis en place une feuille de route préconisant l’investissement massif du renouvellement des flottes aérienne avec des avions de dernières générations plus légers et plus économes en carburant (environ 2 milliards d’euros par an) et axant sur la recherche et le développement des carburants durables et par conséquent l’adaptation des infrastructures. D’ores et déjà de nombreuses mesures sont mises en place telle que la compensation d’émissions de CO2 afin de financer l’innovation écologique.
Il est à noter que le secteur aérien ne représente seulement que 2,5% des émissions de CO2 et reste le mode de transport occupant le moins de surfaces au sol tout en préservant l’espace naturel et agricole.
L’aviation est nécessaire pour demain !
L’aviation est une véritable valeur ajoutée pour notre pays. C’est un fleuron de notre industrie. Nous sommes l’un des seuls pays à être doté de l’ensemble de la filière aéronautique, allant de l’industrie aux aéroports en passant par les compagnies aériennes. Grâce aux plus de 300 000 emplois directs, le secteur aéronautique représente près de 5% du PIB. C’est une force pour l’économie de nos territoires grâce à son maillage permettant ainsi la connectivité́ et la mobilité́. C’est une chance également pour le tourisme avec plus de 200 millions de voyageurs par an.
L’aviation c’est de l’emploi, de l’aménagement du territoire, de l’économie, du tourisme, de l’utilité́, de la sécurité́, de l’innovation, de l’adaptation, du transport. Oui l’aviation n’est pas un problème, il est une solution à la transition énergétique !
Les carburants « durables » pour l’aviation jouent leur avenir à Bruxelles
La Commission européenne dévoilera, le 14 juillet, son projet de règlement pour stimuler la production et l’utilisation de carburants issus de sources non-fossiles. Le texte fixera un pourcentage d’incorporation obligatoire de ces carburants durables, qui permettraient de réduire fortement les émissions de CO2. Mais certains détails suscitent des inquiétudes.
L’Union européenne va-t-elle manquer la cible des carburants « durables » dans l’aviation ? C’est ce que redoutent certains, alors que la Commission européenne doit dévoiler le 14 juillet un projet de réglementation baptisé « RefuelEU », visant à développer l’usage des carburants d’origine non pétrolière dans le transport aérien.
Alors que certaines compagnies redoutent d’en faire les frais face à leurs concurrents, d’autres jugent insuffisantes les mesures envisagées. A l’instar des permis d’émissions européens , en 2010, le sujet pourrait même devenir une pomme de discorde entre Etats.
90 % d’émissions en moins
Les carburants d’aviation « durables » (CAD ou SAF en anglais), issus des déchets alimentaires et agricoles ou d’autres procédés de synthèse, ont pourtant de quoi séduire. Leur utilisation permettrait de réduire les émissions de l’aérien de 70 % à 90 %. Mais ils ne représentent encore que 0,05 % de la consommation en Europe. D’où l’idée d’accélérer, afin d’atteindre l’objectif d’une réduction de 45 % des émissions de CO2 de tous les vols au départ de l’Union d’ici à 2030.
En janvier, les principales compagnies européennes, dont Air France-KLM, avaient interpellé la Commission, pour réclamer une réglementation en faveur des carburants « durables ». Le 8 février, les ministres de huit pays, dont la France et l’Allemagne, avaient embrayé, en demandant à Bruxelles d’imposer un pourcentage de carburants « durables » dans le kérosène.
La France en pointe
Une obligation déjà votée en France, où les distributeurs de kérosène seront tenus d’incorporer 1 % de carburants alternatifs à partir de 2022, puis 2 % en 2025 et 5 % en 2030. Pour le groupe Air France-KLM, 1 % de CAD mélangé au carburant permettrait de réduire les émissions de l’ordre de 30.000 tonnes de CO2 par an, « soit l’équivalent de 550 vols Paris-New York entièrement décarbonés ».
Mais le principal obstacle reste le coût, quatre à cinq fois plus élevé que celui du « jet fuel ». Rien que pour la France, l’incorporation de 2 % de carburant durable représenterait un surcoût de 240 à 280 millions d’euros par an. D’où la crainte de Ben Smith qui, bien que favorable aux CAD, craint que la future réglementation européenne se traduise par un désavantage compétitif de plus pour les compagnies européennes. « Nous devons veiller à maintenir des conditions de concurrence équilibrées », a souligné le directeur général d’Air France-KLM au « Paris Air Forum » .
Les long-courriers exclus ?
Faute de pouvoir imposer ses règles à toute la planète, l’Union pourrait être tentée de limiter l’obligation des carburants durables aux seuls vols intra-européens, comme elle avait dû s’y résoudre pour les permis d’émission. C’est ce que redoutent les principales compagnies intra-européennes (Ryanair, easyJet, Wizzair…), qui ont écrit à la Commission pour réclamer une égalité de traitement avec les compagnies long-courriers, dont les vols représentent 51 % des émissions du transport aérien en Europe.
Le délicat virage des raffineurs vers les biocarburants
D’autres poids lourds du secteur, comme le groupe Lufthansa et l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, ont également réclamé des objectifs plus ambitieux concernant les électro carburants, produits à base d’hydrogène et par capture du CO2 dans l’atmosphère. Ce « e-kerosene » serait non seulement presque « zéro émission » et sa fabrication ne serait pas limitée à la quantité de déchets disponibles. Mais outre une production encore confidentielle, son coût est dix fois supérieur à celui du kérosène. Et là encore, le législateur européen hésite à mettre la barre trop haut. L’obligation d’incorporation de « e-kerosene » pourrait se limiter à 0,5 % à 1 % à compter de 2030.
Derrière ces positions, toujours la même question à laquelle va devoir répondre la Commission. Qui va payer ce surcoût ? Pour Ben Smith et ses collègues, les compagnies aériennes ne peuvent pas être les seules à absorber ces coûts. « L’effort doit être partagé entre tous les acteurs de la filière », souligne-t-il. Pour Willie Walsh, le nouveau directeur de l’association du transport aérien, IATA, c’est aux producteurs et aux distributeurs d’énergie qu’il revient de faire les investissements nécessaires pour faire baisser le prix des CAD. Avec le soutien des gouvernements et des contribuables. Mais au final, une partie de la note sera nécessairement réglée par les passagers, qui peuvent donc s’attendre à voir augmenter le prix des billets en Europe.
https://www.lesechos.fr 01/07/2021.
Tourisme
La note très salée de l’effondrement du tourisme mondial
C’est un montant colossal. L’effondrement du tourisme international dû à la pandémie de Covid-19 pourrait entraîner une perte de plus de 4.000 milliards de dollars pour le PIB mondial sur les années 2020 et 2021, soit une fois et demi le PIB français, selon un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) publié mercredi. Le tourisme international et les secteurs qui en dépendent ont subi une perte estimée à 2.400 milliards de dollars en 2020 en raison des impacts directs et indirects d’une forte baisse des arrivées de touristes internationaux. Une perte similaire pourrait être enregistrée cette année encore, prévient le rapport qui précise que la reprise du tourisme dépendra en grande partie de la distribution massive de vaccins contre le Covid-19 à l’échelle mondiale.
Ainsi, trois scénarios plus ou moins pessimistes sont présentés pour l’année 2021, le plus optimiste évoquant une réduction des arrivées de touristes de seulement… 63% en moyenne. Selon l’OMT, les experts du secteur ne s’attendent pas à retrouver l’affluence habituelle avant 2023, « voire plus tard », les principaux obstacles étant les restrictions sur les voyages, la lenteur de l’endiguement du virus, la faible confiance des voyageurs et un environnement économique défavorable.
100 à 120 millions d’emplois menacés
Contre le coronavirus, les gouvernements ont imposé des fermetures, des quarantaines et d’autres restrictions, auxquelles s’est naturellement ajoutée la décision des consommateurs de limiter leurs voyages. Le nombre d’arrivées de touristes internationaux a diminué de 74 % en 2020 par rapport à 2019 et le début de l’année 2021 a été plus sombre encore pour la plupart des destinations, avec un déclin mondial moyen de 88 % par rapport à la période prépandémique.
Les régions les plus touchées sont l’Asie du Nord-Est, l’Asie du Sud-Est, l’Océanie, l’Afrique du Nord et l’Asie du Sud. Les moins touchées sont l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale et les Caraïbes. « Aujourd’hui, le tourisme international ressemble à celui d’il y a 30 ans. C’est comme-ci nous étions dans les années 1980 en termes de flux », a décrit Zoritsa Urosevic, de l’OMT.
L’emploi est menacé : « les travailleurs non qualifiés mis au chômage par la baisse des arrivées de touristes ne trouveront probablement pas d’emploi ailleurs », alerte le rapport. L’OMT estime que 100 à 120 millions d’emplois directs liés au tourisme sont menacés.
https://www.capital.fr 01/07/2021.
L’Espagne maintient ses objectifs malgré l’absence des Britanniques
L’Espagne, deuxième destination touristique mondiale avant la pandémie, pense toujours pouvoir attirer 45 millions de visiteurs étrangers cette année, malgré les restrictions de voyage encore imposées aux Britanniques, son premier contingent de touristes, a indiqué lundi la ministre du Tourisme.
« Nous pouvons encore récupérer la moitié du tourisme international cette année, c’est un objectif prudent », a assuré Reyes Maroto dans un entretien publié par le quotidien El Pais.
A la mi-mai, la ministre avait déjà annoncé que l’Espagne était en mesure d’attirer environ 45 millions de visiteurs cette année, après en avoir accueilli 83,5 millions en 2019.
Entre janvier et mai, l’Espagne a accueilli 3,2 millions de touristes étrangers, dont environ 130.000 Britanniques, selon les dernières données officielles.
« Pour l’été, nous attendons environ 17 millions de touristes internationaux et beaucoup seront Britanniques, parce qu’il s’agit d’un marché très fidèle à l’Espagne », a souligné Mme Maroto.
Mais les Britanniques, qui représentaient avant la pandémie le premier contingent de touristes en Espagne, doivent toujours effectuer une quarantaine à leur retour de ce pays: un énorme frein pour toutes les personnes devant retourner travailler après leurs vacances.
Seuls les touristes revenant de l’archipel des Baléares, récemment placé en « liste verte » des destinations sûres par Londres, seront exemptés de quarantaine.
En 2019, 3,7 millions de Britanniques s’étaient rendus sur ces îles, et 18 millions au total avaient visité l’Espagne, où le tourisme constitue l’un des piliers de l’économie.
Fin mai, l’Espagne avait ouvert ses portes aux touristes britanniques qui n’avaient même pas besoin de présenter un test PCR contrairement aux ressortissants européens, mais face à la hausse des contaminations outre-Manche, Madrid a fait marche arrière et impose désormais un test PCR négatif aux visiteurs d’outre-Manche.
Tourisme durable : près de 2.000 propositions au terme d’une consultation citoyenne
Faciliter le transport du vélo dans les trains, lutter contre les déchets sur les sites naturels, favoriser la découverte de territoires peu fréquentés… Près de 50.000 personnes ont participé à une consultation citoyenne sur le tourisme responsable, dont ont émergé près de 2.000 propositions, selon un communiqué jeudi.
Une consultation citoyenne en ligne sur le thème du tourisme responsable avait été lancée début mai, avec pour objectif de dégager des propositions d’actions concrètes visant à «faire de la France le leader du tourisme durable».
50 000 réponses
«49.432 personnes (en France, mais aussi à l’international) ont répondu» et «la consultation a réuni 1.830 propositions et plus de 334.400 votes, qui ont permis de faire émerger 10 idées clés pour un tourisme plus responsable et durable», se sont réjouis Atout France, l’agence de développement touristique de l’Hexagone, ainsi que des partenaires.
Cette initiative est portée par un collectif de membres du Comité de filière tourisme: Atout France, la FNHPA, la Banque des territoires, ADN tourisme, Acteurs du tourisme durable, Teragir, avec l’appui du ministère des Affaires étrangères.
Propositions pour un tourisme plus local
Elle bénéficie également de partenariats avec l’Alliance France tourisme, le réseau Agir pour un tourisme responsable, le syndicat des Entreprises du voyages, la société de campings haut de gamme Huttopia et l’Association pour un tourisme équitable et solidaire.
Outre la facilité d’accès aux trains en vélo, la préservation des espaces naturels et le rééquilibrage de l’activité touristique à l’échelle des territoires, les «propositions plébiscitées» portent sur la limitation de l’utilisation du plastique, l’incitation à la valorisation de produits locaux, la limitation de la bétonisation des lieux touristiques ou encore le développement du tourisme de proximité, en lien avec le patrimoine local.
«Les propositions issues de cette consultation vont permettre, pour les acteurs de la filière, de conforter les nombreuses actions déjà mises en place au niveau national et au niveau local», notent les différents acteurs dans un communiqué.
https://www.lefigaro.fr 07/07/2021.
Espagne : la reprise de l’épidémie de Covid menace le tourisme
Les déclarations du ministre français Clément Beaune qui déconseille de se rendre dans la péninsule ibérique ont fait l’effet d’une douche froide.
En Espagne, la montée en puissance de ce que les médias appellent désormais “la cinquième vague” est imparable. Hier, l’incidence cumulée a atteint 317 cas pour 100 000 habitants (sur 14 jours, contre 45 en France). Ce chiffre, déjà inquiétant en lui-même, devient alarmant lorsqu’on regarde la dynamique. Il a doublé en une semaine et tous les indicateurs du ministère de la Santé indiquent que la courbe va continuer à monter lors des prochains jours, de manière quasi verticale. Trois raisons expliquent cette escalade : le taux d’incidence très élevé chez les jeunes, le variant Delta et le relâchement dans les mesures sanitaires.
Des beuveries géantes
Cette fois-ci, ce sont les jeunes, population non vaccinée, qui sont à la fois vecteurs et principales victimes de cette « cinquième vague ». En cause, les fêtes géantes ou encore la pratique du « botellón » (beuverie sauvage, très en vogue de l’autre côté des Pyrénées) où les distances de sécurité et le port du masque sont allègrement oubliés. Résultat : le variant Delta se répand comme un feu de poudre parmi la jeunesse. À titre d’exemple, la Catalogne compte 2156 positifs pour 100 000 personnes chez les 20-29 ans. À ce jour, la hausse des contaminations n’a pas de sévères conséquences sur l’occupation hospitalière. En revanche, les médecins généralistes sont débordés, certains reçoivent jusqu’à 77 patients par jour. Les autorités, hésitantes à l’heure d’appliquer des mesures drastiques, semblent dépassées par le rythme des contaminations.
Dans ce contexte tendu, la déclaration – jeudi dernier – du secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, invitant les Français « à éviter les destinations comme l’Espagne et le Portugal » a fait l’effet d’une douche froide. Les médias se sont emparés de l’affaire. Le quotidien El País, proche du gouvernement socialiste, y voit « un nouveau coup dur porté par la France ». Le journal conservateur ABC attribue cette « forte inquiétude française » au « laxisme » des autorités espagnoles. El Mundo suit la même ligne et sous-entend que Pedro Sánchez s’est empressé d’annoncer la fin du masque en extérieur, le 24 juin dernier – faisant fi des recommandations européennes – pour réaliser un « coup politique », au risque de fragiliser la saison touristique.
Un autre été perdu ?
Le secteur touristique espagnol (qui représente 13% du PIB contre 7,3% en France) tremble. « On ne peut pas se permettre de perdre un autre été » se lamente Ernesto, gérant d’un restaurant dans le quartier madrilène de La Latina. « Dès que l’incidence augmente, les premières mesures de restrictions touchent en priorité la restauration » explique-t-il, tout en soulignant que, selon lui, l’annonce française est « très exagérée ». Même son de cloche du côté du gouvernement. Reyes Maroto, la ministre espagnole du Tourisme, essaye de minimiser la crise. Elle s’est empressée de déclarer « qu’il ne fallait pas créer d’alarme » tout en plaidant pour « davantage de coordination au niveau européen ».
Le quotidien catalan La Vanguardia va plus loin, en parlant du « véto suspect » de la France. À Madrid, de nombreux professionnels du tourisme reprennent cette thèse, comme Silvia, gérante d’un hôtel dans le quartier de Malasaña : « Moi, je crois que si la France déconseille à ses touristes de venir en Espagne, c’est avant tout pour que ces consommateurs potentiels restent en France et participent à la relance du pays ». Et Silvia de prévoir des semaines difficiles. Hier on apprenait que l’Allemagne, elle aussi, classe toute l’Espagne comme « zone à risque ».
https://www.ladepeche.fr 08/07/2021.
Le tourisme, ce secteur qui pèse de plus en plus lourd dans les budgets locaux
Ni l’économie ni les finances n’ont émergé des (faibles) débats de la campagne électorale qui vient de s’achever visant à renouveler des exécutifs départementaux et régionaux bien mal élus au vu de l’abstention record. Mais que dire du tourisme, à la convergence de ces deux secteurs qui n’a été évoqué que par quelques départements de montagne ?
7,5 % du PIB
Sous le mot tourisme qui évoque les tongues, le farniente, les festivals et l’apéro, se cachent structurellement des questions économiques, d’emploi et de revenus fiscaux, tarifaires et domaniaux essentiels pour les territoires. Or, la crise sanitaire a particulièrement impacté les collectivités dépendantes de ce secteur qui pèse tout de même 7,5 % du PIB français, à comparer avec l’industrie manufacturière qui en génère 10 %.
Pour les grandes villes internationales comme Paris, mais aussi Cannes ou Nice, les stations balnéaires, les villes de jeux et d’eaux, les communes de montagne et celles dépendantes d’infrastructures de loisirs comme les parcs d’attractions, les zoos, les centres de vacances, etc. la saison qui débute est primordiale pour les comptes locaux. Le dernier rapport du Comité des finances locales (CFL) a opportunément rappelé le choc du covid sur les finances de ces communes : – 37,1 % de produit de taxe de séjour, -34,4 % de produit des jeux, -19,7 % de taxe sur les remontées mécaniques, -44,8 % de taxe sur les passagers.
Effet loupe
Les sommes en jeu ne sont pas énormes : En 2020, le bloc communal a perçu 376 M€ de taxe de séjour, soit 156 millions de moins qu’en 2019. C’est une goutte d’eau dans les 81 milliards du total des recettes d’impôts et taxes perçus par le bloc communal. Le Comité des finances locales rappelle toutefois : « L’ensemble de ces recettes liées à l’activité touristique représente un poids relativement faible dans le périmètre de la fiscalité du bloc communal mais elles sont concentrées sur des zones pour lesquelles ces baisses ont des effets sensibles. »
Le Casino de Santenay (Côte-d’Or) par exemple, « génère un million d’euros de taxe de jeu, soit les 2/3 de nos recettes de fonctionnement », déclarait le maire Guy Jadrot l’an dernier après les 74 jours de fermeture dus au premier confinement.
D’autres recettes sont concernées par la crise sanitaire. Selon le CFL, les redevances de stationnement et forfaits post-stationnement ont reculé de 182M€ (-25%). Dans son dernier rapport sur les finances locales, la Cour des comptes a également décompté une baisse de la redevance d’occupation du domaine public de 20 % ou de droit de place de 42,4 %. Pour une commune comme Saint-Cirq-Lapopie (Lot), le stationnement représente près de 60 % du total des recettes de cette cité classée parmi les plus beaux villages de France. Avant l’été dernier, son maire Gérard Miquel s’attendait à une chute de 50 % de cette recette, soit 200 000 euros, mais l’afflux de touristes français attirés par la campagne, avait plus que compensé la chute du nombre de touristes étrangers et largement comblé la perte de ressources. Qu’en sera-t-il cet été, encore promise aux destinations rurales, selon les premières estimations ? Début de réponse dans l’article à paraître cet après-midi dans le Club Finances.
Un modèle économique et financier à repenser
La crise a de toute façon montré la grande importance du tourisme sur certains budgets locaux. Elle doit aussi interroger ces collectivités fortement dépendantes à cette industrie- par nature très sensible aux aléas – sur la façon de rééquilibrer leur modèle économique et fiscal. C’est par exemple le cas de Paris qui a mené une réflexion sur ce sujet lors de ses Assises du tourisme durable le 1er juillet dernier. Le défaut de clientèle internationale dans la région-capitale n’a en effet pas été compensé par la clientèle française et le modèle du tourisme de masse génère aujourd’hui nombre de surcoûts environnementaux et sociétaux qui commencent à peser lourd dans l’équation financière des administrations publiques locales.
Les grands sites internationaux ne sont pas les seuls concernés. Avec le réchauffement climatique, le massifs montagneux sont condamnés à revoir leur stratégie pour préserver leur équilibre financier et économique.
La transition en pente douce des stations de montagne
Mais c’est aussi tout le trait de côte atlantique et de la Manche qui est menacé, et avec lui, le modèle balnéaire des communes littorales. Les empierrements à répétition, dont le coût doit être mis au passif de l’activité touristique locale, ne seront pas suffisants à stopper les vagues qui endommageront aussi le modèle de la résidentialisation secondaire et sa manne fiscale encore intacte, via la taxe d’habitation. Les jours des chambres avec vue sur mer sont comptés et pour les finances locales, il pourrait bien s’agir aussi de décomptes.
https://www.lagazettedescommunes.com/ 09/07/2021.