Revue de presse économique de l’APST du 1er au 10 Avril 2023
Avec Les Partenaires de l’APST
Aérien.
Air France-KLM repart à la conquête du ciel européen.
Certes, Air France-KLM a raté l’occasion de racheter ITA, l’ex-Alitalia, désormais dans le viseur de Lufthansa. S’invitera-t-elle au capital de TAP Air Portugal, que le gouvernement d’Antonio Costa veut privatiser en partie ? Sur le papier, le groupe franco-néerlandais en a désormais les moyens.
Financièrement d’abord : après trois années de pertes, il est revenu dans le vert en 2022, avec un résultat net de 728 millions d’euros. « Même si son endettement reste élevé et que les taux d’intérêt remontent, le groupe se trouve dans une bien meilleure position, explique Yan Derocles, analyste d’Oddo Securities. Nous estimons qu’il a les moyens de réaliser une opération de consolidation à hauteur de 5 milliards d’euros. »
En outre, Ben Smith, son directeur général, a les mains libres vis-à-vis de Bruxelles. Le 16 mars, il a annoncé avoir finalisé le remboursement des quatre milliards du prêt garanti par l’État (PGE) accordé lors de la crise sanitaire, qui faisait partie d’une enveloppe de sept milliards consentis par Bercy pour éviter sa faillite. En plus du PGE, Air France avait bénéficié d’un prêt de l’État actionnaire de 3 milliards, qui sera soldé d’ici au 19 avril, a indiqué la compagnie.
Or cette aide était assortie de conditions imposées par la Commission européenne, dont l’interdiction de prendre des participations supérieures à 10% chez des concurrents. « Lufthansa, qui avait obtenu 9 milliards d’euros d’aides, les a remboursés dès novembre 2021, ce qui lui a permis de mieux négocier pour le rachat d’ITA, alors qu’on avait les faveurs du précédent gouvernement italien », regrette un proche du flagship tricolore. Désormais, le temps presse, car il ne reste plus beaucoup de cibles en Europe.
Basée à l’aéroport de Lisbonne, la compagnie nationale portugaise a annoncé le 21 mars des résultats financiers en nette amélioration. Elle a renoué avec les bénéfices en 2022 avec deux ans d’avance sur ses prévisions. Son trafic passagers approche les 14 millions de clients. L’accès au marché brésilien, troisième destination de la compagnie, intéresse aussi les rivaux européens d’Air France. « Mais Lufthansa est occupé avec ITA, et IAG (British Airways, Iberia, Vueling), du fait de la proximité géographique des hubs de Madrid et de Lisbonne, aurait des problèmes avec Bruxelles », relève Yan Derocles. Le groupe franco-hollandais pourrait, lui, faire le lien avec ses partenaires commerciaux, dont la compagnie brésilienne low-cost Gol.
https://www.challenges.fr/ 30/03/2023.-
Aéroports de Paris et la police dévoilent leur plan pour améliorer le contrôle aux frontières
Le groupe Aéroports de Paris (ADP) a présenté ce mercredi son baromètre de temps d’attente aux frontières, un outil visant à améliorer la situation, alors que la police aux frontières (PAF) va recruter 500 contractuels dans les aéroports parisiens pour monter en puissance d’ici les Jeux olympiques 2024.
L’aéroport de Paris-Charles de Gaulle est « le 5e aéroport mondial, le premier européen donc nous avons des résultats remarquables et pourtant », son image demeure entachée « par le fait que les temps d’attente aux frontières seraient excessifs », a fait remarquer le PDG d’ADP, Augustin de Romanet, lors d’une conférence de presse.
Selon les premiers baromètres dévoilés pour les mois de janvier et février, entre 83% et 90% des passagers ont attendu moins de 10 minutes lors du contrôle aux frontières à Charles de Gaulle. À Orly, ce taux a atteint 87% en janvier et 85% en février.
Mieux, moins de 1% des 6,5 millions de passagers qui ont transité par ces deux aéroports en janvier et février ont été contraints d’attendre plus de 40 minutes, toujours selon le baromètre.
« Nous avons un travail de gestion des files lorsque des problèmes surviennent qui doit être beaucoup amélioré », a indiqué Augustin de Romanet, envisageant des distributions de boissons et nourriture.
La PAF prévoit donc de recruter 255 agents de contrôle supplémentaires pour les aéroports parisiens d’ici juin et 500 avant fin 2024. Pour tout le pays, la PAF souhaite recruter 1200 personnels d’ici l’été 2024.
Une amélioration de l’usage des sas Parafe (Passage automatisé rapide aux frontières extérieures) est également au programme. À l’heure actuelle, un agent est nécessaire au fonctionnement de cinq sas Parafe et la PAF envisage de passer à six.
Le directeur de la PAF Fabrice Gardon a insisté sur l’enjeu d’assurer un passage fluide tout en garantissant la sécurité: « c’est toute l’image du pays qui est en jeu, d’autant plus à l’approche de la coupe du monde de rugby et des JO de Paris ».
Augustin de Romanet a aussi précisé que les aéroports parisiens, qui disposent de 122 sas actuellement, devraient « en avoir 170 à l’été 2024 ».
Source AFP 29/03/2023.
Chine : le transport aérien a encore creusé ses pertes en 2022
Les trois principales compagnies aériennes chinoises ont enregistré l’an dernier plus de 14 milliards d’euros de pertes, pénalisées sur leur immense marché intérieur par la politique zéro Covid et les restrictions de déplacements à l’étranger.
La Chine a appliqué durant près de trois ans une politique sanitaire très stricte contre le Covid-19 avec tests PCR quasi obligatoires, confinements et restrictions aux déplacements.
Le pays a par ailleurs pratiquement fermé ses frontières entre 2020 et 2023, tandis que les Chinois ne pouvaient se rendre à l’étranger qu’en cas de raison impérieuse.
Les liaisons aériennes entre la Chine et l’international ont ainsi été drastiquement réduites.
Dans ce contexte, China Eastern Airlines a triplé l’an dernier ses pertes pour atteindre 37,4 milliards de yuans (4,9 milliards d’euros), a annoncé jeudi la deuxième compagnie chinoise en termes de passagers.
De son côté Air China, compagnie emblématique du transport aérien en Chine, a annoncé des pertes deux fois plus importantes qu’en 2021.
Elles se chiffrent à 38,6 milliards de yuans (5,1 milliards d’euros) sur l’ensemble de l’année 2022 – contre 16,6 milliards de yuans un an plus tôt.
Pour sa part, China Southern Airlines, première compagnie en Asie par l’importance de sa flotte, a fait état mardi de 32,6 milliards de yuans (4,3 milliards d’euros) de pertes. Elles atteignaient un an plus tôt 12,1 milliards de yuans.
Après trois ans de restrictions, la Chine a finalement repris à la mi-mars la délivrance de visas touristiques pour les étrangers, tandis que les ressortissants chinois peuvent de nouveau quitter leur pays pour faire du tourisme depuis janvier.
Mais le nombre de liaisons internationales reste faible pour le moment et les tarifs très élevés.
Source AFP 31/03/ 2023.
Du Puy-en-Velay à Brest, ces petites lignes aériennes qui font de la résistance.
La navette quitte le terminal 1 de l’aéroport d’Orly, passe devant des appareils siglés Vueling, EasyJet ou Lufthansa, négocie un dernier virage puis s’arrête devant un tout petit avion. Dans le bus, la plupart des futurs passagers du vol Paris-Le Puy-en-Velay écarquillent les yeux, se poussent du coude, dégainent leur téléphone pour prendre quelques clichés avant de grimper à bord à l’aide d’un marchepied.
L’intérieur du Beechcraft 1900D, plutôt sombre, est encore plus déroutant. Un étroit couloir sépare deux rangées de sièges. Une fois assis «là où ils le souhaitent», les passagers – 19 maximum, moins d’une dizaine ce jour-là – ont une vue plongeante sur le cockpit et les deux pilotes. Un employé de la compagnie Twin Jet prend la parole pour rappeler que l’appareil ne dispose pas de toilettes, qu’aucun service n’est assuré à bord pour ce trajet et indiquer aux passagers qu’aucune perturbation n’est prévue, provoquant quelques soupirs de soulagement. Une heure plus tard, l’appareil atterrit à l’aérodrome du Puy-en-Velay-Loudes. Pour un tel trajet, le tarif peut varier entre 130 et 330 euros.
Le surlendemain, à l’aube, quelques voyageurs passent l’unique portique de sécurité de l’aérodrome et patientent dans une petite salle avant d’embarquer pour le vol direction Paris. Cette fois-ci, la demi-douzaine de passagers sont des habitués et nul ne s’émeut de la taille de l’appareil qui les attend sur le tarmac. Parmi eux, des élus échangent poignées de main et salutations cordiales avant d’embrayer sur des dossiers. Pendant le trajet, malgré le bruit incessant de l’appareil, la conversation tourne autour de la proposition de loi Descrozaille sur l’équilibre dans les relations commerciales. L’avion atterrit peu après 8 heures du matin. Un coup de mototaxi, et le sénateur (LR) de la Haute-Loire, Laurent Duplomb, sera à l’heure pour sa commission mixte paritaire prévue à partir de 9 h 30 au Palais du Luxembourg. Il repartira le soir même avec le vol de 18 h 50.
Outre Orly-Le Puy-en-Velay, Twin Jet assure huit autres lignes (Metz/Nancy-Marseille, Lyon-Stuttgart, Toulouse-Milan…) pour un total de plus de 200 vols réguliers hebdomadaires. Début mai, elle en ouvrira une nouvelle entre Marseille et Strasbourg (quatre allers-retours par semaine). La compagnie aixoise, créée en 2001, est loin d’être la seule à proposer de telles liaisons, ce qu’ignorent parfois les voyageurs plus habitués à utiliser le train. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) recense ainsi 62 exploitants «avions» français ayant un certificat de transporteur aérien valide. À côté des entreprises proposant des vols à la demande (Finist’Air, Phenix Aviation, Revolution’Air…), on retrouve dans cette liste le mastodonte Air France, Air Corsica ou Transavia, mais aussi des sociétés spécialisées dans les liaisons en outre-mer (Air Calédonie, Air Saint-Pierre, St Barth Commuter…) ainsi que quelques compagnies similaires à Twin Jet.
« Maillage territorial »
Selon les données de la DGAC, 5400 passagers ont emprunté en 2019 la ligne Paris-Le Puy-en-Velay. À titre de comparaison, 38.000 personnes ont pris le Paris-Aurillac, 280.700 le Paris-Clermont-Ferrand et plus de 3 millions le Paris-Nice ainsi que le Paris-Toulouse. Du côté des liaisons dites transversales, 5 200 passagers ont utilisé le Brest-Lille, 57 400 le Caen-Marseille et 582.000 le Bordeaux-Lyon. Avec le Covid, le nombre global de passagers s’est, sans surprise, effondré en 2020, avant de progressivement remonter en 2021 – les données de 2022 ne sont pas encore connues.
À Orly 1, Twin Jet opère aux côtés de Chalair, qui assure des vols Orly-Quimper, Orly-Brest, Bordeaux-Brest, Rennes-Toulouse et Lyon-Limoges. Jusqu’au début du mois de mars, la compagnie aérienne effectuait aussi une liaison quotidienne entre Orly et Limoges. Ce n’est désormais plus le cas. En février, le syndicat mixte de l’aéroport de Limoges-Bellegarde (Smalb) a refusé l’offre de Chalair. En cause, «l’augmentation des tarifs et la dégradation du service», affirme Guillaume Guérin, le président de Limoges Métropole, membre du Smalb. Un marché a été relancé pour assurer cette liaison, capitale aux yeux de Guillaume Guérin, même si les derniers vols avec Chalair attiraient en moyenne… 5 passagers par rotation. «Limoges est à plus de trois heures de train de la capitale, et dans des conditions abominables. Je ne peux pas dire aux grandes entreprises de mon territoire, qui ont besoin de se projeter rapidement à Lyon, à Paris ou à l’étranger, qu’il faut qu’elles attendent des années avant que les travaux sur la ligne ferroviaire améliorent la situation! Nous avons besoin d’une solution alternative, et c’est l’avion.»
Ces dessertes sont vitales pour les départements ultramarins mais aussi métropolitains enclavés, ainsi que pour les industries et PME qui font l’économie, l’emploi dans leurs territoires et comptent souvent parmi les leaders français voire européens
Le gouvernement affirme son «soutien» à ces lignes d’aménagement du territoire, dont il veut «assurer la pérennité». «Ces lignes soumises à des obligations de service public permettent à certains de nos territoires très enclavés d’être reliés aux principaux centres de décision économique, ce qui peut être la condition du maintien des entreprises et de l’emploi au niveau local», souligne-t-on au ministère des Transports, selon lequel l’État consacre environ 12 millions d’euros par an à ces lignes – pour 13 à 15 millions d’euros du côté des collectivités territoriales.
Cet argument du «maillage territorial» est partagé par plusieurs experts et élus, notamment ceux ayant contribué au rapport produit en 2019 par la mission d’information Transports aériens et aménagement des territoires du Sénat. «Ces dessertes sont vitales pour les départements ultramarins mais aussi métropolitains enclavés, ainsi que pour les industries et PME qui font l’économie, l’emploi dans leurs territoires et comptent souvent parmi les leaders français voire européens. (…) Sans desserte aérienne, faute de liaisons routières et ferroviaires suffisantes, leur compétitivité et leur maintien sur place seraient compromis», écrit ainsi le sénateur centriste de Seine-Saint-Denis Vincent Capo-Canellas, le président de la mission d’information. «Les travaux de la mission ont aussi montré que la desserte voyageurs (loisirs, déplacements familiaux et personnels) est tout aussi vitale et mérite une attention redoublée (prix, qualité de service). C’est aussi une question de respect et d’égalité pour nos concitoyens, une traduction du droit à la mobilité.»
Les élus ne défendent pas l’avion à tout prix pour autant. «Je comprends qu’on interdise des lignes aériennes comme Paris-Bordeaux, eu égard à la desserte ferroviaire dont Bordeaux bénéficie», souligne Guillaume Guérin, le président de Limoges Métropole. Début décembre, la Commission européenne a en effet validé le principe de la suppression des vols intérieurs de courte durée sur le territoire français, annoncée dans la loi climat 2021. Bruxelles ayant cependant apporté d’importants aménagements à cette mesure, seules les liaisons Orly-Bordeaux, Orly-Nantes et Orly-Lyon sont finalement interdites à tout transporteur aérien. «Mais en matière de liaison ferroviaire, Limoges n’est pas Bordeaux! Interdire un Paris-Limoges ou un Paris-Le Puy-en-Velay, ce serait aberrant…», reprend Guillaume Guérin. «Avec l’avion, en partant à 6 h 15 de mon domicile de Haute-Loire, je suis à Paris vers 8 h 15», illustre le sénateur Laurent Duplomb. «Sinon, je dois aller jusqu’à la gare de Saint-Étienne-Chateaucreux, qui est à près d’une centaine de kilomètres de chez moi, attraper un train qui m’emmène à Paris en trois heures, du moins quand il est direct… En tout, je mets plus de quatre heures, soit plus du double qu’en avion.»
Les prototypes d’avions électriques ou à hydrogène les plus avancés sont des avions de petite taille, justement comme ceux qui sont utilisés sur les petites lignes intérieures. La première forme d’aviation verte sera l’aviation régionale !
Pour le Réseau Action Climat (RAC), qui regroupe 27 ONG «engagées dans la transition écologique et sociale» (WWF, Oxfam, Greenpeace…), toutes les lignes aériennes qui ont un équivalent en moins de 5 heures de train devraient toutefois être supprimées. «Cela représenterait 39 lignes intérieures régulières sur 108», hors outre-mer et Corse, précise Pierre Leflaive, responsable transports au RAC. «Prendre l’avion, et en particulier un avion de 20 places, pour un trajet qui dispose d’une alternative en train en moins de 5 heures, est incompatible avec nos objectifs de réduction des émissions de CO2 , assure-t-il. Maintenir la possibilité de faire ces trajets en avion pose en outre la question fondamentale de la répartition des efforts nécessaires à la transition écologique. Pour pouvoir continuer de prendre l’avion sur des petites distances, et maintenir le mode de vie de quelques-uns, il va falloir demander encore plus à tous les autres. Ce n’est ni faisable, ni juste.» Preuve que la question est sensible à l’heure du développement de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), une importante société basée en Bretagne a préféré ne pas répondresur «ce sujet particulièrement compliqué».
« Écologie punitive »
Quel avenir pour ces petites lignes aériennes ? Pour Pierre Leflaive, la réponse est claire: «Il faut que nous soyons capables de nous en passer le plus rapidement possible. La réduction du trafic aérien est une nécessité. Il existe des solutions technologiques qu’il faut pousser, mais leur potentiel est limité.» Une position qui fait bondir les élus des territoires concernés. « C’est de l’écologie punitive, s’étrangle Laurent Duplomb. C’est tellement facile de critiquer quand on n’a pas besoin soi-même de telles lignes!» De son côté, Guillaume Guérin assure qu’il a «bien conscience qu’il faut aller vers une transition écologique». «Mais ce qui nous permettra d’avancer, ce n’est pas en revenant au temps des calèches, c’est en encourageant les révolutions technologiques!», estime le président de Limoges Métropole.
Paul Chiambaretto, enseignant-chercheur à la Montpellier Business School et directeur de la chaire Pégase, dédiée à l’économie et au management du transport aérien, abonde: «Ce n’est pas à la suppression de ces lignes qu’il faut penser, mais à leur verdissement.» Rejoignant les conclusions du rapport du Sénat en 2019, il ajoute: «Les prototypes d’avions électriques ou à hydrogène les plus avancés sont des avions de petite taille, justement comme ceux qui sont utilisés sur les petites lignes intérieures. La première forme d’aviation verte sera l’aviation régionale!» Une prophétie qui, si elle se réalise, permettrait aux petites lignes aériennes de passer d’un statut de combattantes pour leur survie à celui de précurseurs.
https://www.lefigaro.fr/ 06/04/2023.
Tourisme.
Le tourisme repart à la hausse à La Réunion, et le secteur recrute en masse.
La tête sous l’eau à cause du Covid, le tourisme a réussi en 2022 une belle remontée : 490 000 touristes pour un chiffre d’affaires de près de 416 millions d’euros. Un bon bilan de l’avis du président de l’Union des métiers et de l’industrie de l’hôtellerie, Patrick Serveaux.
Même constat pour le président du TCO, Emmanuel Séraphin. Le Territoire de la Côte Ouest concentre la moitié des 2 600 chambres de l’île.
On collecte la taxe de séjour, donc sur une bonne année on est à 1,1 million d’euros, et là on est monté jusqu’à 1,7 millions d’euros, c’est-à-dire que les taux d’occupation ont été importants.
Cette ressource financière devrait prendre encore plus de volume au cours de prochaines années. 800 chambres vont être livrées dans les 3 ans qui viennent, annonce Patrick Serveaux.
Une semaine dédiée aux métiers du tourisme
Mais l’envers du décor, ce sont des professionnels qui peinent à recruter. Pôle Emploi recense 400 postes non pourvus. A l’occasion de la semaine des métiers du tourisme, du lundi 3 au dimanche 9 avril, des événements, tels que des portes ouvertes, des immersions ou encore des jobs dating seront organisés. Pour y participer, il faut s’inscrire sur le site internet de Pôle Emploi.
La directrice de Pôle Emploi invite les demandeurs d’emploi à » franchir la porte « , à s’intéresser à ce en quoi consistent ces métiers, en changeant de regard. Angélique Goodall invite aussi les entreprises à bouger leurs lignes, » bouger les conditions de travail » et faire en sorte d’être attractives.
Des emplois et de la formation professionnelle
A La Réunion, le tourisme représente 15 500 emplois directs. Pour les années à venir, l’accent est aussi mis sur la formation. 10 000 places en formation professionnelle sont ainsi ouvertes, 500 le sont sur les métiers du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration, et un lycée du tourisme devrait ouvrir à Saint-André, annonce Karine Nabénésa, vice-président de la Région Réunion, déléguée à la formation professionnelle.
Avec 60 événements, La Réunion veut mettre toutes les chances de son côté, et espère ainsi marquer la fin de la galère pour des centaines de demandeurs d’emploi.
https://la1ere.francetvinfo.fr 31/03/2023.
Enquête : les Français face à la hausse des prix en restauration.
L’enquête « Les Français face à la hausse des prix en restauration » réalisée en février 2023* dévoile que malgré la hausse des prix les 66% des répondants déclarent qu’ils peuvent encore se permettre de manger dans les bars et les restaurants… mais qu’ils ont changé leurs habitudes. Les stratégies mises en œuvre pour faire face à l’augmentation des prix vont de la baisse de la fréquentation dans certains circuits (arbitrages circuits) jusqu’à l’arbitrage plus malin en dépenses pour préserver ses sorties. Les stratégies varient par âge : les jeunes 18-34 semble plus réticents à réduire leur fréquentation de la restauration, tandis que les cibles des 35-54 ans limitent plus facilement leurs sorties le télétravail aidant. Quant à la population des 55 ans+, deux profils se dessinent, entre les hédonistes et les casaniers.
Arbitrage : moments de consommation !
Les arbitrages ne concernent pas uniquement les lieux de sortie des Français, mais aussi les moments de consommation. La restauration commerciale semble bien récupérer vs 2019 sur les visites dites « snacking entre les repas » (snacking du matin ou de l’après-midi) car ces visites sont à -6% vs 2019. Toutefois les repas (déjeuner et dîner) continuent à souffrir dans le contexte actuel avec -15% en visites vs 2019 affectés par le télétravail partiel (le déjeuner) et par la tendance « homing » ou la flemme de sortir chez soi (le dîner), que l’on constate dans notre société post-Covid. D’où l’importance de l’expérience et du service pour motiver les consommateurs à vivre une expérience restauration de qualité et à un prix que le consommateur juge comme abordable. « Les résultats de cette étude* montrent que les consommateurs prévoient de dépenser mieux plutôt que plus du tout, comme ce fut le cas lors de la crise de 2008, dit Maria Bertoch, experte foodservice au sein de The NPD Group. À l’époque, alors que 51 % des consommateurs allemands, britanniques, français, italiens et espagnols envisageaient de restreindre leurs sorties au restaurant, les résultats dans ces cinq pays avaient été moins impactés au final que prévu, avec un recul de seulement 2 % du total marché en 2009. »
* « Les Français face à la hausse des prix en restauration », une enquête du NPD Group menée en février 2023 auprès de 500 répondants.
https://www.lhotellerie-restauration.fr/ 04/04/2023.
Tourisme : les entreprises peinent à attirer les saisonniers.
Sur la Côte d’Azur, le secteur du tourisme est l’un des principaux employeurs. Pourtant, les entreprises peinent à trouver des saisonniers.
Le cadre idéal, les horaires aménagés et les salaires augmentés de 10 à 15%. Pourtant, l’annonce ne séduit pas. Seuls 14 saisonniers sur 24 ont été recrutés dans un restaurant de plage de Fréjus (Alpes-Maritimes). « Ça ne m’embête pas trop, parce qu’on gagnera plus. […] Après, ça va piquer dans les jambes », indique Henry Ayache, serveur dans cet établissement. Pour le propriétaire, Sébastien Mabille, c’est beaucoup plus compliqué. « Depuis le Covid, on ne reçoit plus de CV. […] On a changé les plannings. […] Même ça, ça ne fonctionne pas », déplore-t-il.
Des offres alléchantes
Certains patrons ont peut-être trouvé la solution. Laurent Pedros vient de commencer son contrat dans une résidence de tourisme d’un grand groupe français à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes). Comme tous les saisonniers, ce technicien bénéficie d’une semaine de vacances gratuite dans un des sites du groupe en fin de saison. La mesure, mise en place en 2022, a été renouvelée car elle semble fonctionner. La formation est une autre solution pour attirer les travailleurs.
https://www.francetvinfo.fr 05/04/2023.
Des incitatifs pour redorer les métiers en tourisme.
L’industrie touristique cherche des employés. Elle cherche aussi à les garder. Dans le but de rendre ses métiers plus attrayants, elle veut recruter autrement.
Ce sont plus de 34 000 postes qui sont actuellement à combler dans cette industrie. Ce qui correspond à 14 % de tous les postes vacants au Québec. Un chiffre qui pourrait bondir dans les prochaines années, avec la pénurie de main-d’œuvre qui s’accentuera jusqu’en 2030, peut-être même jusqu’en 2035 dans ce secteur.
« Avec la pandémie et la fermeture des établissements, l’industrie a perdu beaucoup d’employés à temps plein. Il faut les faire revenir et intéresser d’autres personnes, jeunes et moins jeunes, à faire carrière en tourisme », dit Martin Soucy, président de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec.
L’été dernier, de nombreux hôtels et restaurants ont dû réduire leurs heures d’opérations ou leurs activités, faute d’employés. Même s’il est minuit moins une pour le recrutement estival, il faut aussi penser à long terme, juge le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme, qui travaille de concert avec l’Alliance et ses partenaires pour trouver des solutions.
« Actuellement, on a des cohortes vides dans les écoles. Certains programmes n’ont pas pu démarrer cette année, faute d’étudiants. Il faut absolument montrer toute la richesse et la diversité des emplois en tourisme », lance le président Xavier Gret. Il veut non seulement intéresser les plus jeunes à étudier dans ces domaines, mais aussi les plus expérimentés à opter pour un changement de carrière.
« Si on ne fait rien, ce sera la catastrophe pour les entreprises touristiques, pour plusieurs années »
— Xavier Gret, directeur général du Conseil québécois des ressources humaines en tourisme
Recruter autrement
C’est pourquoi le ministère du Tourisme injecte plus de 900 000 $ dans trois mesures visant à recruter autrement. Annoncée mercredi, la première est l’organisation de journées Portes ouvertes, du 3 au 6 mai, dans 80 établissements touristiques. Parmi eux, le Village Vacances Valcartier proposera des activités sur son site pour faire découvrir les métiers disponibles.
À ces journées s’ajoutera une campagne web misant sur la valorisation des emplois en tourisme, qui sera lancée le 17 avril. Une carte Avantages sera également distribuée aux travailleurs, dans le but de favoriser leur rétention. Celle-ci leur donnera des privilèges et des rabais dans des établissements un peu partout au Québec.
Trop peu, trop tard ?
Xavier Gret l’admet : ces mesures «ne seront pas suffisantes ». Mais c’est un pas dans la bonne direction, juge-t-il. « Il faut stopper l’hémorragie. »
Pour plusieurs hôteliers, c’est trop peu, trop tard. « Ça ne nous aidera pas pour cet été, c’est certain », constate pour sa part Dominique Truchon, propriétaire de l’auberge Chez Truchon, à La Malbaie. Joint par Le Soleil, il dit qu’il peine à recruter des employés, comme plusieurs autres hôteliers.
L’un des irritants est le logement. Comme d’autres régions, Charlevoix a un manque criant d’hébergements pour les employés saisonniers venus de l’extérieur. Et même pour ceux qui aimeraient y travailler à l’année.
C’est le cas de Michel, un résident de Québec, qui souhaite travailler en tourisme. « J’ai reçu deux offres d’emploi dans Charlevoix, que j’ai malheureusement dû refuser. Il n’y a aucun logement disponible, à part les Airbnb à 300 $ la nuit », répond-il dans un échange de courriels avec Le Soleil.
À Québec, la situation s’améliore. Selon Alupa Clarke, directeur général de l’Association hôtelière de la région de Québec, le recrutement d’employés pour l’été à venir «va rondement ». Il accueille favorablement les mesures annoncées. « Intéresser les jeunes à un emploi d’été en tourisme, c’est bien. Mais il faut surtout encourager la formation et leur faire voir les possibilités d’une carrière à long terme », insiste-t-il.
D’autres initiatives à venir
En plus des mesures annoncées mercredi, le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme pilote différents projets, dont l’un dans Charlevoix. Une dizaine d’entreprises saisonnières sont actuellement jumelées pour offrir des postes à l’année. Une plateforme de partage de main-d’œuvre à plus grande échelle devrait aussi être lancée en septembre. « Le tourisme, c’est un marché qui fluctue selon les saisons et les régions. On veut que les employés en tourisme se retrouvent aux bons endroits aux bons moments », résume M. Gret.
https://www.lesoleil.com 05/04/2023.
Le conflit social écorne l’image de la France.
Perturbations, ampleur de la mobilisation : suivez la onzième journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites
Certes, les grèves pèsent peu, de manière macroéconomique, sur l’activité du pays. À peine un ou deux dixième de point de PIB, si l’on se réfère aux mouvements précédents de même ampleur. On est évidemment loin de l’impact qu’avait eu l’arrêt du pays en 1968 avec la grève générale, laquelle avait alors fait reculer le PIB de plus de 5 % au deuxième trimestre. Mais les manifestations ont néanmoins de réelles conséquences sur la vie des affaires.
Certaines sont évidentes: les commerçants des centres-villes dans lesquelles ont lieu les manifestations vont être pénalisés pour la 11e fois ce jeudi (voir ci-dessous). Vitrines brisées, fréquentation et chiffre d’affaires en baisse… Ces journées représentent pour eux un vrai manque à gagner. Les touristes, pourtant de retour en France depuis début 2022, ont, eux, tendance à la délaisser ces dernières semaines. «Il y a eu de nombreuses annulations dans les hôtels et les restaurants», a souligné cette semaine Franck Delvau, président de l’Umih Paris Île-de-France, sur le plateau du Figaro Live.
Effectivement, Paris est la ville la plus touchée. Les Français, traditionnellement les plus nombreux à profiter de la capitale, sont ceux qui ont le plus renoncé à leur séjour à cause du climat social. Mais l’office du tourisme et des congrès constate également un ralentissement de la fréquentation étrangère tout le long du mois de mars (par rapport à mars 2022), à commencer par les clientèles européennes. L’hôtellerie en a logiquement pâti.
Des violences qui marquent
Au niveau national, le RevPar (chiffre d’affaires moyen par chambre), l’indicateur clé du secteur, a perdu de son élan. Mais il reste bien orienté, grâce à des prix en forte hausse. Et les professionnels s’attendent à ce que les prochaines semaines soient meilleures, à mesure que se réduit la fréquence des images de violences et que se résorbent certains conflits comme la grève des éboueurs.
Depuis trois, quatre ans, la France séduit davantage que l’Allemagne et le Royaume-Uni. C’est nouveau. Il ne faudrait pas que les grèves ternissent cela
Un dirigeant européen d’un géant international du capital-investissement
D’autres conséquences sont plus insidieuses. Les dégâts auprès des investisseurs étrangers sont encore difficiles à mesurer. Depuis trois ans, la France était, en Europe, le pays le plus attractif aux yeux des investisseurs étrangers. L’an dernier, ce sont 1725 projets qui ont été recensés sur le territoire, selon le bilan annuel de Business France, l’agence publique en charge de l’attractivité, un chiffre en hausse de 7 % par rapport à l’année précédente.
L’année 2021 avait d’ailleurs déjà été très bonne (après une période compliquée sous l’effet de la crise sanitaire en 2020), permettant aux investissements internationaux de revenir au-delà de leur niveau d’avant-crise. «Depuis trois, quatre ans, la France séduit davantage que l’Allemagne et le Royaume-Uni. C’est nouveau, et c’est lié aux réformes menées ces dernières années. Il ne faudrait pas que les grèves ternissent cela», avertit le dirigeant européen d’un géant international du capital-investissement. Effectivement, «il faut que nous tenions sur la durée…», reconnaissait récemment Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France.
Ce qui est certain, c’est que les frasques françaises du moment ont marqué, à travers le monde. «Les Américains, en général, sont choqués. Ils ne comprennent pas la violence dans les rues. C’est pour eux un signe d’immaturité démocratique, confie le gérant américain d’un fonds de 40 milliards de dollars, investis en partie en Europe. Ils ne comprennent d’autant pas qu’ils ont souvent un grand respect pour la France, vieux pays qui a aidé leur démocratie à naître…»
Ce qui ce qui se passe en ce moment «peut se traduire par un ralentissement, voire un arrêt du programme de réformes nécessaires en France, pour réduire l’endettement et les dépenses publiques, estime un autre financier américain. En cas de dissolution, il risque de ne pas y avoir de majorité pour réformer. Cela se traduit actuellement par une préférence pour l’Allemagne, malgré le problème allemand de la fin de l’énergie bon marché en raison de la guerre en Ukraine…»
Souvenons-nous quand même que les manifestations des “gilets jaunes” n’ont pas été mal perçues par les investisseurs
Le dernier baromètre annuel de la Chambre américaine de Commerce en France (AmCham), publié en février, montrait encore une France attractive. Mais les détracteurs du pays avaient repris le dessus sur ses défenseurs. Outre un certain manque de visibilité sur le long terme, le climat social et les grèves à répétition n’étaient évidemment pas pour rien dans ce mouvement.
«Souvenons-nous quand même que les manifestations des “gilets jaunes” n’ont pas été mal perçues par les investisseurs. Ce qui peut les déranger, en revanche, c’est la fracture du pays: ils ressentent que les Français s’opposent les uns aux autres et l’instabilité politique qui peut en découler», relève Bijan Eghbal, président de l’AmCham France et «partner» chez DLA Piper.
Dans l’édition 2023 de l’indice de l’opinion des investisseurs de Kearney publié cette semaine, la France conforte sa 6e place mondiale en matière d’attractivité des investissements étrangers, et intègre même le top 5 en termes d’optimisme de la part des investisseurs. «L’étude a été réalisée en janvier dernier, le contexte actuel était donc déjà connu. Et cela n’a pas entamé leur confiance dans le potentiel du pays dont les fondamentaux restent perçus comme stables et de qualité, en accord avec leurs principales attentes», commente-t-on au sein du cabinet de conseil. En d’autres termes, quand il s’agit d’investir de manière importante et sur le long terme, c’est le pragmatisme qui prévaut.
Les images qui ont tourné ces dernières semaines à l’étranger suscitent aussi, parfois, des réactions inattendues. «Sur les réseaux sociaux chinois, des vidéos des manifestations en France contre la réforme des retraites – notamment celles qui montrent des chants et des danses – ont suscité de nombreux commentaires, plutôt admiratifs comme “les Français sont courageux pour défendre leurs droits”», relève Chunyan Li, auteur et consultante indépendante dans les affaires franco-chinoises. Dans les milieux d’affaires, j’ai le sentiment que les images des poubelles parisiennes n’ont pas entamé l’intérêt pour la France. Les délégations souhaitant venir en France pour établir ou renforcer les relations commerciales, ou pour voyager sont assez nombreuses», poursuit cette Chinoise établie à Paris.
Les marchés impassibles
Certains vont même plus loin: «Les grèves et les manifestations, qui se retrouvent en une de la presse américaine, renforcent en fait l’image de réformateur d’Emmanuel Macron. Elles n’inquiètent pas les investisseurs. D’ailleurs, les spreads entre les taux des emprunts d’État français et allemands ne se sont pas écartés», souligne Matthieu Courtecuisse, fondateur du cabinet de conseil international Sia Partners. De fait, les marchés n’ont pas cillé ces dernières semaines.
Dans un contexte qui pourrait se normaliser dans les prochaines semaines, c’est à des facteurs plus structurels que l’attractivité de la France peut être sensible. D’un côté, la question de l’énergie pourrait largement jouer en notre faveur. «Si l’activité économique devrait ralentir en 2023 – les pressions inflationnistes se dissipant plus lentement que prévu et la demande intérieure et étrangère diminuant – la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la France, renforcée par la réactivation du parc nucléaire, devrait permettre de soutenir une croissance plus que jamais stratégique», aux yeux des investisseurs, assure l’étude Kearney.
D’un autre côté, l’Hexagone – comme le reste de l’Europe – doit composer avec la montée en puissance de l’Inflation Reduction Act (IRA) américain, qui subventionne les investissements sur les technologies propres et attire des nombreux projets aux États-Unis avec un impact certainement plus déstabilisateur que les grèves contre la réforme des retraites.
https://www.lefigaro.fr 06/04/2023.
Le Québec engagé dans un virage vers un tourisme durable.
Découvrir une nouvelle ville en encourageant l’économie locale, en soutenant la communauté visitée, tout en limitant le plus possible les impacts de son passage sur l’écosystème ambiant: le tourisme durable a la cote, mais beaucoup reste à faire.
« On voit vraiment que le volet durable est un argument d’attractivité pour les touristes, indique la conseillère aux communications, relations publiques et médias de Tourisme Montréal, Aurélie de Blois. De plus en plus de voyageurs sont influencés par les changements climatiques et estiment que les voyages responsables sont importants. »
Voyager de façon plus responsable ne se fait toutefois pas au détriment de son confort. Une enquête menée par la Chaire en tourisme Transat-UQAM en novembre dernier concluait que seulement 26 % des voyageurs québécois avaient changé leurs habitudes pour tenir compte des changements climatiques. Vingt-deux pour cent des répondants à l’enquête avaient par ailleurs choisi un site d’hébergement ou une activité pour son caractère durable et seulement 10 % avaient payé pour rendre leurs vacances carboneutres.
« Actuellement, les consommateurs ne veulent pas faire d’effort pour rendre leur voyage plus durable, mais s’ils ont le choix entre deux offres similaires à un prix relativement équivalent, ils vont privilégier cette option, relève Marc-Antoine Vachon, titulaire de la chaire. Il est là le défi : l’industrie doit travailler pour que ces avantages se gagnent sans effort pour le consommateur. »
« On pense que dans l’avenir, les touristes vont voyager moins souvent, mais plus longtemps, pour réduire leur empreinte carbone », estime pour sa part Martin Soucy, directeur général de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec.
Il revient donc aux entreprises et aux organisations touristiques de créer une offre à la fois attrayante et durable. «Si on n’embarque pas dans le train, c’est là qu’on va perdre la clientèle, parce que plus les années avancent, plus cet élément-là compte dans la décision des consommateurs», prévient M. Vachon.
En ce sens, Tourisme Montréal a annoncé la semaine dernière avoir intégré le Conseil mondial du tourisme durable, qui « établit les normes mondiales de développement durable ». L’organisme regroupant quelque 960 membres de l’industrie touristique de la métropole – restaurants, hôtels, attractions touristiques, musées et boutiques, notamment – s’est d’ailleurs classé premier en Amérique du Nord pour ses pratiques écoresponsables, selon le Global Destination Sustainability Index, en novembre dernier.
À l’été 2022, Tourisme Montréal avait lancé l’initiative Destination harmonieuse, un cadre d’intervention en tourisme durable qui vise à faire de la métropole une « destination touristique exemplaire » d’ici 2030, a indiqué Mme de Blois. « Avec nos membres, on pose différentes actions concrètes en ce sens, explique-t-elle. On offre des formations, on partage des exemples de pratiques inspirantes et on a développé un guide des pratiques écoresponsables, entre autres. »
Lentement, mais sûrement
Malgré toute la bonne volonté des acteurs de l’industrie touristique, les progrès s’effectuent à pas de tortue, indique le titulaire de la chaire, Marc-Antoine Vachon. « Il y a d’abord eu la prise de conscience du milieu de développer des pratiques, mais la prise en charge ne s’est pas faite dans les délais qu’on aurait pu espérer. On pensait que ça se serait opéré plus rapidement. »
Il donne l’exemple de certaines solutions numériques, pour lesquelles Québec a récemment investi plusieurs millions afin d’en faciliter l’implantation. « Ça fait longtemps qu’on en parle, mais dans certains cas, ça a pris la pandémie pour que ça se concrétise, par exemple pour que des organisations se mettent à prélever des paiements en ligne ou à avoir une plateforme de réservation en ligne », illustre le chercheur.
- Soucy estime plutôt que les entreprises touristiques devaient se remettre du coup dur porté par la pandémie avant de pouvoir entreprendre ou poursuivre un virage vers le tourisme durable.
« Il y a vraiment un intérêt de la part des entrepreneurs québécois, mais ils ont d’abord dû se sortir de leur mode de survie, remarque-t-il. Plusieurs ont déjà mis des initiatives en place et s’engagent dans la bonne direction. »
L’industrie dispose également du soutien du gouvernement provincial, alors que la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a lancé le «cri de ralliement» nécessaire pour entreprendre le mouvement de faire du Québec un chef de file en matière de tourisme durable, estime-t-il.
Déjà, la province s’est dotée d’un Plan d’action pour un tourisme durable pour soutenir les efforts de l’industrie. Le tourisme plus vert, respectueux des communautés d’accueil et prônant l’approvisionnement local est au cœur de la démarche.
« Le Québec ne part pas de rien, se réjouit M. Soucy. On a une grande richesse dans notre patrimoine et on a un côté très accueillant. Ici, on reconnaît déjà que le tourisme contribue à la vitalité économique des régions. L’expérience humaine, notre capacité à partager avec les visiteurs, c’est un élément qui va permettre au Québec de se distinguer. »
Par exemple, le touriste va accorder une valeur à la protection de l’environnement si les Québécois, comme hôtes, lui font comprendre que c’est important pour eux, juge M. Soucy.
Calculer son impact
L’impact du tourisme sur le bilan carbone du Québec n’est pas clairement défini, mentionne M. Vachon.«On ne connaît pas encore l’empreinte carbone réelle de plusieurs comportements touristiques ou procédés et l’industrie est encore en train de définir et de débattre de l’inclusion ou non de certains éléments», note-t-il.
Prenons l’exemple d’un vol en avion : la facture écologique du déplacement doit-elle être attribuée au pays de départ ou à celui qui en est la destination ? C’est sans compter des initiatives en cours dont on n’a pas encore tiré de bilans.
« On ne sait pas si les stratégies ont marché, si elles ont amené quelque chose de positif, relève M. Vachon. On est encore au début du processus dans certains secteurs, mais plus avancés dans d’autres. Il faut savoir d’où on part pour pouvoir agir et ensuite mesurer l’impact de nos actions. Mais encore là, les indicateurs pour y arriver sont encore à définir dans plusieurs cas. »
https://lactualite.com 09/04/2023.