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  • 30 juin 2021
  • Par APST

La revue de presse économique de l’APST du 20 au 30 juin 2021

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Aérien

Flambée de réservations pour les compagnies aériennes

Après plus de quinze mois de crise et de distanciation physique, l’ambiance était aux retrouvailles pour les professionnels du transport aérien et de l’aéronautique, réunis au musée de l’air et de l’espace du Bourget à l’occasion d’une série de conférences organisées par « La Tribune » et ADP. Retrouvailles entre collègues, mais aussi avec la clientèle.

De Benjamin Smith (Air France-KLM) à Pascal de Izaguirre (Corsair), en passant par Augustin de Romanet (ADP), Carsten Spohr (Lufthansa), Akbar Al Baker (Qatar Airways) et Jozsef Varadi (Wizz Air), tous ont en effet confirmé le retour en force des passagers cet été et l’envolée des réservations, ces dernières semaines, même si le retour à la normale n’est pas encore d’actualité.

Ben Smith « agréablement surpris »

Le patron d’Air France-KLM s’est même dit « agréablement surpris par l’ampleur de la reprise du tourisme et des voyages pour motifs personnels ». « Nous enregistrons un très fort niveau de réservations sur les départements d’outre-mer, l’Europe, sur vols de Transavia, ainsi qu’au départ des Etats-Unis », a-t-il détaillé. L’Asie, qui reste globalement fermée, ainsi qu’une partie de l’Afrique, restent « difficiles », précise Benjamin Smith. Néanmoins, l’offre d’Air France-KLM reviendra « à 65 % du niveau de 2019 cet été », qui voit même « des possibilités de revenir au niveau de capacité de 2019 ».

Ce sera notamment le cas pour la filiale low cost d’Air France, Transavia France, dont les réservations pour cet été sont supérieures de 30 % à 40 % à celles de l’été 2019, selon sa présidente, Nathalie Stubler. Mais aussi pour d’autres acteurs français du tourisme, comme le groupe hôtelier Accor, dont la directrice générale, Maud Bailly, a évoqué une « multiplication par huit des réservations depuis mai ». « De nombreuses destinations sont déjà complètes pour cet été », a-t-elle assuré. Ou encore pour Jean-François Rial, le PDG de Voyageurs du Monde, qui fait état d’une hausse « monstrueuse » des réservations pour cet été, de 30 % à 40 %, comparé à l’été 2019.

Fin d’année toujours incertaine

Toutefois, si la reprise est là, bien des doutes et interrogations demeurent chez les professionnels du voyage. A commencer par la durabilité de cette reprise. Car si l’afflux de réservation de dernière minute suffit à remplir les avions et les hôtels cet été, le dernier trimestre reste très incertain.

Pour le PDG de Corsair, Pascal de Izaguirre, les consommateurs ont pris l’habitude de réserver à la dernière minute, et les compagnies devront faire avec. C’est notamment le cas chez Lufthansa , où le programme des vols est remanié chaque semaine, a indiqué le patron du groupe, Carsten Spohr. « Quand l’Europe a rouvert ses frontières aux Américains, les réservations ont triplé dans la nuit », raconte-t-il.

La capacité des compagnies aériennes à rentabiliser la reprise estivale reste aussi incertaine – notamment en raison du risque de suroffre sur les marchés les plus porteurs, comme les DOM . « Les hausses de capacité d’Air France de 45 % sur La Réunion et de 65 % sur les Antilles sont totalement décorrélées de la demande », estime Pascal de Izaguirre, qui redoute un impact sur la recette moyenne et la rentabilité des compagnies.

Inquiétude dans les aéroports

Autre inquiétude, celle des directeurs d’aéroport, qui redoutent des temps d’attente interminables aux points de contrôle des passagers, cet été, si les règles ne sont pas assouplies. « Pour éviter une crise, il faut arrêter les contrôles systématiques sur les vols intra-Schenghen et simplifier la liste des « motifs impérieux » de voyage, impossibles à contrôler », estime Thomas Juin, de l’Union des aéroports français.

Les aéroports européens redoutent l’impact durable de la crise sur l’investissement

Mais ce sont surtout les possibles conséquences à long terme de cette crise qui suscitent des interrogations. Selon le patron d’Air Caraïbes et de French bee, Marc Rochet, les contrôles sanitaires, appelés à durer, rendront les voyages en avion « moins faciles », au point de vouloir éviter les grands aéroports de correspondance. Son homologue de Corsair prévoit également un développement des vols sans escale au détriment des « hubs », encouragé par l’arrivée de l’Airbus A321 XLR, qui permettrait d’effectuer des vols long-courriers depuis des destinations secondaires.

Les low cost renforcées

Tous s’accordent toutefois sur un point : l’après-crise profitera d’abord aux compagnies low cost, plus flexibles, et moins dépendantes de la réouverture des lignes internationales et du retour de la clientèle « affaires ». « Nous sortirons de cette crise encore plus forts, assure le PDG de la low cost européenne Wizz Air, qui prévoit un retour à la normale de son activité « dès cette année ».

« En Europe, le service court-courrier traditionnel n’est plus compétitif, reconnaît Ben Smith. Il nous faut donc transformer notre produit domestique au modèle low cost, en y ajoutant des avions plus performants. Cette crise est l’occasion d’accélérer cette transformation, vers un modèle plus durable financièrement et écologiquement.

https://www.lesechos.fr 21/06/2021.

Reprise estivale : certaines compagnies aériennes redécollent dans le désordre

Pendant cette période de reprise du trafic estival, certaines compagnies aériennes redémarrent dans la plus grande improvisation, changeant leur programme de vols sans arrêt, parfois du jour au lendemain.

Des vols annulés la veille pour le lendemain par manque d’autorisation d’atterrissage, d’autres reportés pour cause d’équipage injoignable ou d’avion mal préparé pour redécoller après des semaines clouées au sol… Dans les agences de voyages, les standards téléphoniques sont saturés par les appels des clients mécontents des modifications imposées à la dernière minute.

Parmi les mauvais élèves, Royal Air Maroc qui a réaménagé son programme de vols pour l’été après les annulations de réservations liées aux tarifs préférentiels. Chez Alitalia, les vols sont chamboulés à tel point qu’ils entraînent non seulement un changement d’horaires mais aussi d’aéroports (par exemple entre Rome-Fiumicino et Rome-Ciampino), avec réémission totale des titres de transport. Les low-cost Ryanair et Vueling n’en sont pas en reste…

Parmi les bons élèves, Air France et sa filiale à bas coût Transavia offrent des programmes très stables, reconnaissent les voyagistes.

A l’approche des grands départs de vacances, les agences du voyage, au lieu de vendre des billets, passent leur temps à gérer cette masse de modifications -les TSC (de l’anglais Time Schedule Change) dans le jargon de l’aérien.

Ce phénomène touche également des transporteurs aux États-Unis. Faute de mécaniciens pour remettre à temps en vol ses avions, American Airlines a dû annuler 400 vols le week-end dernier, et prévoit d’en déprogrammer environ 950 durant la première quinzaine de juillet.

https://www.air-journal.fr 26/06/2021.

Tourisme

 Des fonds étrangers au chevet de Pierre & Vacances Center Parcs

Poids lourd en difficulté du tourisme français, le Groupe Pierre & Vacances Center Parcs s’achemine vers un sauvetage par des capitaux étrangers. Seuls des fonds anglo-saxons auraient répondu à l’appel lors la première phase du processus de recherche de nouveaux investisseurs en vue de son indispensable recapitalisation. Cette dernière doit être bouclée pour la fin de l’année ou au début 2022, selon le calendrier de sa direction.

« Il faut déplorer qu’il n’y ait pas d’acteurs tricolores pour un acteur du tourisme de cette importance et aussi implanté dans les territoires », regrette une source proche dossier. Celle-ci n’exclut pas toutefois que bpifrance soit de la partie, alors que la Caisse des Dépôts, sa maison mère, paraît jusqu’à présent se tenir à distance. Cette dernière joue un rôle clé dans le financement du tourisme français et contrôle la Compagnie des Alpes, l’un de ses grands opérateurs.

Intérêt confirmé

Sur les rangs, les sociétés d’investissement américaines HIG et Certares, un spécialiste de l’univers du voyage – notamment en France à travers les groupes Marietton et Voyageurs du Monde -, ont, dit-on, confirmé leur intérêt pour l’exploitant des complexes Center Parcs, des résidences Pierre & Vacances, des « appart’hôtels » Adagio, ainsi que de la plateforme de location Maeva. Le fonds alternatif Davidson Kempner, très intéressé par le marché français – il a été au tour de table de Latécoère, de Conforama, et a investi en mars dans Suez – serait également susceptible de faire une offre.

On serait donc assez loin de la « quinzaine » d’investisseurs, « européens, américains et chinois », qui regardaient ces derniers mois le dossier, selon le descriptif qu’en avait fait le 18 mai le président-fondateur Gérard Brémond, lors de la présentation du plan stratégique « Réinvention 2025 » du directeur général, Franck Gervais.

Besoin moindre qu’attendu

Le besoin en capital du numéro un européen des résidences de loisirs, sur le fil du rasoir avant même la crise sanitaire, pourrait s’avérer moindre qu’attendu. Plusieurs sources évoquent un montant inférieur à 500 millions d’euros, voire autour de 350 millions, soulignant les meilleures perspectives de l’opérateur pour la saison d’été.

Cela ne présage cependant pas de discussions apaisées avec les banques. Cette injection de capital doit servir à les rembourser pour partie des derniers 300 millions d’euros qu’elles ont accordés afin de couvrir les besoins à court terme.

Or les banques sont en position de force, car elles ont exigé une contrepartie majeure : la mise en garantie de la pépite du groupe, Center Parcs . Ces complexes de loisirs représentaient 85 % environ de l’excédent brut d’exploitation de son pôle tourisme avant la crise sanitaire.

Pour un certain nombre d’observateurs, il faudra aussi en passer par un abandon de créances et/ou une conversion de dette en capital par les banques. Ce à quoi elles pourront faire blocage.

Déficit record

La situation financière du groupe, déficitaire depuis neuf exercices consécutifs et paralysé par la crise sanitaire, est d’autant plus tendue qu’il a accusé une perte sans précédent au premier semestre de son exercice 2020-2021, avec un « trou » de 342,2 millions, supérieur au déficit record de l’exercice précédent (-336,2 millions).

Compte tenu du besoin de capital, Gérard Brémond, qui contrôle la société avec les deux tiers des droits de vote pour moins de 50 % des actions, devrait voir sa position très fortement diluée. La valorisation de l’entreprise est de l’ordre de 110 à 120 millions d’euros.

Avant même sa recapitalisation, l’entreprise est confrontée à une inconnue : l’acceptation par les bailleurs, particuliers et institutionnels, d’abandons de loyers. S’agissant des premiers, ils ont jusqu’au 15 juillet pour se prononcer sur le résultat de la conciliation.

https://www.lesechos.fr 21/06/2021.

Tourisme Espagne : quatre pistes pour la post-pandémie par Marco Romagnoli

Bien avant la crise sanitaire générée par la Covid-19, la situation du tourisme en Espagne était ingérable.

L’activité touristique était tellement déréglée que les habitants de certains quartiers prisés — par exemple celui de la Boqueria à Barcelone ou du district Gion à Kyoto, connu pour la présence des geishas — donnaient le sentiment d’être dans une sorte de « safari humain ». Un excès dans la « consommation touristique » était déjà reconnu avant la pandémie par les gestionnaires en tourisme et subie par les communautés hôtes, le tout se traduisant par une « boulimie de voyages sous l’emprise d’une voracité d’apparence ».

À l’aube de la prochaine saison touristique, l’enjeu véritable, tant touristique que moral, n’est pas de se questionner sur la possibilité de voyager. Il s’agit plutôt de savoir si l’on continuera à voyager comme on le faisait avant l’éclosion de la pandémie. Si le contenu du voyage reste bien le même, c’est la manière de faire du tourisme qui pourrait changer. Saurons-nous adopter une façon de voyager qui soit plus responsable, écologique et humaine, tant pour le bien de la planète que pour les êtres humains qui l’habitent ? Dans la mesure où nous sommes toutes et tous des touristes lorsqu’on voyage, personne n’est exemptée de cette réflexion.

L’hibernation du tourisme en Espagne

La Covid-19 a modifié et pourrait continuer de modifier les comportements humains. Mais en ce qui concerne les « comportements touristiques », l’industrie a vécu une forme d’hibernation, notamment dans les villes, en raison de la fermeture d’hôtels et de restaurants. Le centre-ville historique de Barcelone a changé de visage durant plus de 18 mois avec l’absence de restaurants et bars dédiés exclusivement à une clientèle touristique.

Parallèlement, on assiste à la saturation progressive des espaces naturels, par exemple en Gaspésie, où l’on assiste à un afflux de touristes attirés par les paysages balnéaires. Le maire de Gaspé a dit craindre que certains visiteurs campent où ils trouvent de l’espace, nuisant à l’environnement et dérangeant les habitants. Ce phénomène n’a rien de paradoxal, au contraire, il montre que la horde de touristes n’a pas disparu, mais s’est plutôt déplacée.

Au cours de 2020, plusieurs destinations ont souffert de l’absence de touristes. Cette « défaillance touristique » se voyait dans les titres des quotidiens : « Covid-19 : Venise se meurt », « Tourisme : l’Espagne revient au niveau de 1969 », « Désertée, la ville suisse de Lucerne nostalgique des hordes de touristes chinois ».

Le sentiment de nostalgie éprouvé par les destinations où un tourisme de hit and run régnait semble paradoxal. Il s’agit là d’un type de tourisme particulièrement visible dans les villes considérées comme une destination de « journée » ou qui sont des arrêts sur les itinéraires de croisière. Dans le cas de Lucerne, en Suisse, les recettes touristiques allaient surtout dans les poches des commerçants de montres de luxe du centre-ville, populaires auprès des nombreux touristes chinois.

Au-delà de tout effet économique quantifiable, le tourisme n’est pas une activité exemptée des problématiques sociales. Bien que l’activité touristique soit plus félicitée que critiquée, il est impératif de se questionner quant à la possibilité d’un changement de paradigme dans ces pratiques afin de les réinventer. Nous proposons ici quatre pistes pour réinventer le tourisme de demain. Des modèles qui pourraient être importés en Espagne.

Le tourisme régénératif

Dans certaines régions du monde, on a remarqué pendant la pandémie que la nature avait repris ses droits. La faune est retournée en Thaïlande dans des lieux autrefois envahis par les touristes et la flore s’est régénérée grâce à leur absence. Ainsi, pour sauver la planète, devrions-nous arrêter de voyager ou, à tout le moins, voyager de façon à favoriser la régénération progressive des lieux (urbains, ruraux et naturels) ?

Les promoteurs de destinations devraient annoncer, conscientiser et faire respecter la capacité d’accueil d’une destination. Les touristes, de leur côté, devraient s’informer par rapport à ces limites et voyager en conséquence.

Le tourisme (en) durable

Comme le sociologue français Rodolphe Christin le propose, il vaudrait mieux partir moins souvent, plus longtemps et plus lentement, par exemple en s’offrant des vacances plus près de chez soi. Apprendre à devenir des « voyageurs du quotidien » permettrait, lors d’un voyage vers des destinations lointaines, d’appliquer la fameuse maxime de Jost Krippendorf, un des pères fondateurs du tourisme durable, « Ce sont vos vacances, c’est leur quotidien », prônant le respect que les visiteurs devraient avoir du lieu visité et des individus rencontrés lors d’un voyage.

Durabilité est désormais un terme galvaudé, qui a perdu de son sens. Dans son acception, durable signifie «qui dure dans le temps». Mais quel est le caractère durable du tourisme ? Comment s’assurer de la durabilité de ses pratiques ?

La durabilité d’un système pourrait se mesurer par sa capacité de reproduire ses caractères essentiels, pensons à la nature. Il s’agirait de limiter les externalités négatives et de considérer tout effet qu’a un système, dont le touristique, sur les autres.

L’arrêt du tourisme, forcé par la Covid-19, représente une opportunité de revoir ce concept. Si rien ne semble arrêter la machine touristique, à l’exception d’une pandémie, un adoucissement de ses excès et de sa densité pourrait être une des solutions pour atténuer ses effets potentiellement néfastes.

Un exemple est celui du parc du Mont Wright à Stoneham-et-Tewkesbury, dans la région de Québec. La grande popularité de ce site naturel a conduit la municipalité à limiter l’accès aux sentiers à 225 randonneurs en même temps afin de protéger l’environnement.

Le tourisme analogique

Comme dans nos habitudes de consommation relationnelles (des exemples sont représentés par les échanges continus sur les réseaux sociaux ou par l’instantanéité des messages), nous avons projeté nos habitudes de consommation dans la sphère touristique (visite rapide d’une destination et impact majeur sur les communautés hôtes).

Et si nous retournions aux « relations analogiques », celles à développer comme c’était le cas dans la technique de la photographie argentique ? Un tourisme ana-logique (du préfixe grec ἀνα — signifiant égal), donc un tourisme de « rapport égal » se développerait par la suite. Nous apprendrions de nouveau à profiter du moins, mais du meilleur (des voyages moins nombreux, mais plus longs et contemplatifs), bref d’un « retour aux sources » du voyage. La valeur de la découverte d’un lieu et de ses habitants serait au cœur du voyage.

Car la vraie différence entre le numérique et l’analogique est le temps : dans le monde analogique, tout a besoin de temps pour se développer, tandis que le numérique donne tout immédiatement.

Éduqué au tourisme

Qu’elles soient économiques, pandémiques ou environnementales, les crises ont le potentiel de nous ramener aux valeurs essentielles. Les changements radicaux sont souvent rendus possibles grâce à un choc externe et la Covid-19 est une véritable secousse. Nous avons l’occasion de construire une nouvelle normalité post-Covid et de réinventer le tourisme pour recadrer ses pratiques et apporter un

Ce que je propose est une approche pédagogique du tourisme à travers l’enseignement du tourisme dans les écoles (du primaire au secondaire) afin de « former » les visiteurs de demain et les conscientiser à des pratiques touristiques régénératrices, durables et analogiques. Ce n’est pas la seule solution, mais elle peut en être une et représenter un timide début

https://www.equinoxmagazine.fr 23/06/21.

 «On ne conclut pas un contrat à distance» : les cadres s’interrogent sur l’avenir des voyages d’affaires.

William Coignard, dirigeant de la PME HumidStop basée à Toulouse, a tranché: pour lui, la réponse est non. Il a même décidé de numériser son activité à 100%. «À part quelques exceptions», les expertises menées sur le terrain ont été remplacées par des enquêtes à distance. «Cela m’arrange assez, confie-t-il. Je suis très ‘famille’, et les déplacements à l’étranger étaient surtout une contrainte pour moi. A fortiori après la crise sanitaire, qui nous a tous permis de nous recentrer sur nos proches, sur ce qui comptait pour nous.»

Le voyage d’affaires est-il donc passé de mode? Après une pandémie mondiale et alors que la notion de flygskam («honte de prendre l’avion» pour des raisons écologiques, en suédois) s’est faite une place dans le débat public, le vol en classe business pour rencontrer des partenaires commerciaux a des airs de pratique du «monde d’avant». De plus en plus d’entreprises s’interrogent même sur la nécessité de maintenir cette habitude de travail. Selon une étude menée par la chaire Pégase (Montpellier Business School) auprès de 548 cadres et patrons habitués des voyages d’affaires, 38% de ce type de déplacements auraient vocation à disparaître, remplacés par des visioconférences.

«Il est vrai que cette période de pandémie nous a interrogés sur nos pratiques et sur nos systématismes», constate Stéphanie Simonin. Avant la crise sanitaire, cette directrice commerciale au sein du groupe Bayard Presse faisait environ un voyage d’affaires par mois, afin de chercher des partenaires d’édition d’ouvrages jeunesse à l’étranger. «Pendant un an, nous n’avons pas voyagé et nous nous en sommes sortis en capitalisant sur nos partenaires préexistants, constate-t-elle. À chaque déplacement, on se demande désormais : ce voyage est-il vraiment nécessaire?»

Réduire la voilure

Un certain nombre d’entreprises ont pu faire le point sur leur politique de voyages et abandonner les déplacements – et les dépenses indues – qui se remplacent aisément par des visioconférences. EDF a supprimé l’accès à la première classe aux cadres qui en bénéficiaient encore, Total envisage de réaliser 150 millions d’euros d’économies sur les voyages professionnels, Pernod Ricard entend diviser par deux le nombre de voyages d’affaires annuels… Ces déplacements constituent pourtant une activité précieuse pour les compagnies aériennes, puisqu’ils se déroulent généralement en semaine plutôt que le week-end, ce qui permet de lisser l’activité. En outre, les passagers qui voyagent pour le travail ont tendance à demander davantage de services payants, pour obtenir plus de confort ou plus de flexibilité quant à l’annulation ou au report de leur voyage.

La dynamique enclenchée par la crise sanitaire a donc de quoi donner des sueurs froides aux compagnies aériennes, qui voient des clients précieux espacer leurs déplacements. Avant l’émergence du coronavirus, Clément Genty enchaînait les voyages professionnels. États-Unis, Canada, Danemark, Chine l’ont accueilli dans le cadre de ses recherches sur les noms de domaines sur Internet, menées pour le compte d’une entreprise. Un sujet d’initiés. «L’avantage de partir à l’étranger, c’est qu’on peut, au cours de réunions, rencontrer des gens qui ont la même sphère d’expertise,» souligne-t-il.

L’époque des salons et des conventions et des salons internationaux lui semble bien lointaine, désormais. Quand le monde professionnel a basculé sur Zoom en mars 2020, cet expert de la gouvernance d’Internet ne l’a pas supporté. «Préparer une conférence en choisissant le bon fond d’écran, puis se farcir cinq jours de discours avec des locuteurs anglophones… Je n’en pouvais plus. Dans l’économie 100% immatérielle le présentiel était un must have, la pandémie m’a privé de mes moyens de travail.» Désormais, Clément Genty a choisi de se reconvertir. Il travaille dans une entreprise de tonnelage, plus concrète, plus locale, et «sans voyages ni visioconférences». Un choix prudent, alors que la propagation rapide du variant Delta (également appelé «variant indien») laisse encore planer le risque d’une nouvelle poussée épidémique.

Guillaume Van Gaver, patron de l’entreprise LINK Mobility, spécialisée dans la messagerie mobile, a pour sa part décidé de diviser par deux le nombre de voyages qu’il réalise chaque mois, en multipliant parallèlement le nombre de rencontres virtuelles avec ses salariés basés à l’étranger. «Je prends désormais quatre cafés à distance par semaine avec les équipes, illustre-t-il. Dans un modèle hybride entre la visio et les voyages, j’ai globalement l’occasion d’avoir davantage d’interactions.» Ce patron qui prenait soin de compenser le «carbon footprint» (empreinte carbone) de ses déplacements par des dons à des associations de défense de l’environnement est en outre un peu plus en paix avec sa conscience en prenant moins l’avion. Il perd en revanche les moments précieux passés dans les airs, qui peuvent être consacrés à de la réflexion sur le travail à faire ou à de la planification. «Je me demande si je ne vais pas créer une ‘salle avion’ chez moi, songe Guillaume Van Gaver. C’est un privilège de pouvoir être concentré, sans distractions.»

Un contact «en présentiel» qui reste privilégié

Le voyage professionnel est-il donc devenu obsolète? Jean-Christophe Charles, conseiller technique en développement international pour CS Group, préfère nuancer. Selon lui, il est impossible de faire l’impasse sur tous les déplacements. «On ne conclut pas un contrat à distance, affirme-t-il. Quand on fait un travail de commercial, il faut pouvoir rencontrer les gens, les convaincre personnellement.» A fortiori quand la différence culturelle est importante entre les deux parties.

Pour ce salarié d’une entreprise spécialisée dans la défense et la sécurité, travailler via des visioconférences pose également des problèmes sur «la confidentialité des échanges». Enfin, à distance, les professionnels n’ont plus accès aux rencontres informelles et fortuites qui permettent, dans des salons ou des conférences, de nouer des liens avec de potentiels partenaires. Pour ces raisons, l’entreprise de Jean-Christophe Charles se garde bien de revoir le nombre de déplacements professionnels à la baisse.

Dans un contexte où les contraintes sanitaires restent fortes, puisque certains pays restent clos, où beaucoup réclament un test PCR et le respect d’une quatorzaine peu compatible avec les exigences d’un agenda professionnel, tout déplacement implique en tout cas de nouveaux efforts. Stéphanie Simonin, de Bayard Presse, est persuadée que dans un contexte où la visioconférence s’est tout à fait banalisée, faire la démarche de se déplacer pour rencontrer un partenaire marque, plus qu’auparavant, l’intérêt que l’on accorde à une relation professionnelle. Cette semaine, elle a repris le chemin de l’aéroport pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire. Direction la Suède. «Je dois rencontrer de potentiels nouveaux partenaires. En allant sur place, je veux qu’ils comprennent que ce n’est pas seulement conventionnel et que je donne de l’importance à ce rendez-vous.»

https://www.lefigaro.fr 24/06/2021.

Le tourisme sera-t-il victime d’un Covid long ?

« En 2021, les vacances, c’est en France. » Lors de son récent déplacement à Saint-Cirq-Lapopie, dans le Lot (46), Emmanuel Macron a exprimé son souhait que les Français privilégient les destinations domestiques, cette année, pour soutenir un secteur jusqu’ici en grande difficulté. Cet été, les professionnels du tourisme s’apprêtent en effet enfin à sortir la tête de l’eau.

Après plusieurs mois à l’arrêt, le secteur touristique reprend des couleurs : selon le baromètre d’ADN Tourisme sur les intentions de départ des Français, 70 % d’entre eux déclarent vouloir voyager cet été . Néanmoins, ils sont 9 sur 10 à indiquer rester vigilants quant aux mesures sanitaires mises en oeuvre lors de leurs vacances et 70 % choisiront une destination où l’épidémie de Covid a été très limitée. De façon très concrète, cela signifie par exemple qu’une large majorité de Français (83 %) souhaite réserver un logement avec des conditions d’annulation flexibles.

Tourisme d’affaires

Il apparaît aujourd’hui peu probable que le tourisme revienne à sa vie d’avant, et ce même si la situation sanitaire liée au Covid-19 s’améliore à court terme. De la même manière que ceux qui ont été touchés par ce virus développent parfois encore des symptômes plusieurs mois après (le « Covid long »), le secteur du tourisme pourrait être amené à subir les conséquences de cette crise à long terme.

L’activité la plus touchée sur le temps long devrait être le tourisme d’affaires. Très segmenté (congrès, événements, Salons), le voyage d’affaires a connu un taux d’effondrement abyssal, selon le dernier baromètre EPSA-IFTM (janvier 2021), avec une baisse d’environ 60 %. Surtout, toute une partie de ce secteur est aujourd’hui confrontée au risque de chute de son modèle, devant l’efficacité des solutions virtuelles et leur faible coût.

La donne risque de considérablement changer pour les villes qui accueillaient ces événements : le marché des centres événementiels devra profondément se transformer, en se repliant sur quelques grandes villes et destinations touristiques phares. Les villes moyennes, pour qui la construction d’un centre de congrès était un relais de croissance important, pourraient devoir se recentrer sur un marché régional.

Une nouvelle carte touristique

Le tourisme de loisirs doit lui aussi se réinventer. S’il est permis de penser que la crise du Covid-19 ne durera pas éternellement, des experts de l’ONU ont indiqué dès 2020 que des pandémies similaires allaient « émerger plus souvent, se répandre plus rapidement, tuer plus de gens et avoir des impacts dévastateurs sans précédent sur l’économie mondiale ». Ces craintes se ressentent également parmi les vacanciers, qui placent désormais, selon le baromètre annuel d’Europ Assistance, les risques sanitaires (38 %) à un niveau quasiment aussi élevé que les risques d’attentat (42 %).

Il ne s’agit pas ici de verser dans le catastrophisme, mais bien d’inciter l’ensemble des acteurs du secteur à se préparer aux changements à venir. Des protocoles sanitaires de plus en plus sophistiqués vont probablement devenir obligatoires pour tous les acteurs d’un tourisme dont la bonne santé fluctuera au rythme de la bonne santé climatique, économique et sanitaire de la planète. Cela vaut pour les destinations, mais cela vaut aussi pour les lieux de transit (gares, ports, aéroports), qui devront adapter leurs façons de faire pour tenir compte des nouveaux besoins et des nouvelles attentes de chacun.

Tourisme : Macron promet un « plan de reconquête »

Cette nouvelle donne sanitaire va créer de nouvelles opportunités pour les professionnels ; une nouvelle carte touristique pourra être dessinée, en incluant les « bons élèves » qui pourront offrir les meilleures conditions sanitaires à leurs clients. Par ailleurs, certains voyages internationaux risquent d’être perçus comme trop risqués, ce qui peut contribuer à supprimer certaines poches de sur-tourisme. Enfin, c’est également une opportunité pour les destinations thermales ou consacrées au bien-être, avec un tourisme médical (aujourd’hui dominé par des prestations d’esthétique : implants capillaires ou dentaires, amaigrissement…) qui pourra évoluer vers des offres de vaccination ou de traitement.

https://www.lesechos.fr 26/06/2021.

Italie : un été pour tout sauver

C’est une enquête qui devrait redonner le sourire aux professionnels du tourisme en Italie. Selon les chiffres de l’institut Demoskopika, entre les mois de juin et septembre, quelque 12,3 millions de visiteurs étrangers sont attendus dans les régions du bel paese. De quoi augurer un bond de 30 % des arrivées par rapport à 2020, annus horribilis pour le secteur touristique transalpin (qui à lui seul représente d’ordinaire 13 % du PIB national). Et la saison estivale est encore loin de battre son plein que, déjà, dans les carnets de réservation du pays, les premiers signes d’une reprise – lente mais constante – se font sentir.

Grand ciel bleu et chaleur caniculaire obligent, ce sont pour l’heure les littoraux de la péninsule qui ont le vent en poupe pour ce deuxième été de l’ère covid. Les plages des Pouilles sont d’ores et déjà prises d’assaut et les hôtels affichent des taux d’occupation de 60 à 70 % pour le mois prochain. Mieux encore, pour août, tout est déjà sold out. Même scénario en Sardaigne où les tour-opérateurs promettent un « été en or » avec pas moins de 9 millions de nuitées enregistrées rien que pour les deux mois à venir : des chiffres se rapprochant des résultats de 2019.

Pour les grandes villes touristiques en revanche, la relance est plus poussive. Difficile avec la météo des dernières semaines de concurrencer dans le cœur des voyageurs plages, lacs et zones montagneuses du pays. Résultat : à Rome, malgré le petit coup de pouce de l’Euro de football, les rues du centre historique sont encore bien calmes. « Pour l’instant, la moitié des hôtels de la ville sont encore fermés et seuls 25 % des lits sont occupés », constate dépité Giuseppe Roscioli, président de la fédération des hôteliers de la capitale. « Il faudra attendre les possibles effets positifs du Green Pass », espère le représentant de Federalberghi.

Hausse des prix

Comme les professionnels du secteur, le gouvernement italien mise beaucoup sur ce passeport vaccinal européen (qui entre en vigueur à compter du 1er juillet prochain), censé faciliter les déplacements entre les territoires des 27 et mettre fin aux règles de quarantaine préventive. Des assouplissements déjà consentis pour certains pays, comme les États-Unis, le Canada ou encore le Japon. « Nous voulons leur permettre de venir en Italie en toute sécurité, aider nos hôteliers et restaurateurs à repartir après un an et demi de difficultés », expliquait cette semaine le chef du gouvernement italien, Mario Draghi.

Malgré le retour progressif des visiteurs étrangers, la péninsule sait que, pour sauver l’été 2021, il faudra une fois de plus compter en grande partie sur le tourisme made in Italy. Cela tombe bien : 85 % des Italiens compteraient passer leurs vacances de ce côté-ci des Alpes, apprend-on dans un récent sondage. Un choix économique pour les habitants du bel paese  ? Pas si sûr. En effet, Codacons, l’une des principales associations de consommateurs du pays, a observé une hausse généralisée des prix, censée compenser les pertes des mois passés et couvrir les frais générés par les normes anti-Covid. Billets de train et d’avion, essence à la pompe, nuits d’hôtel jusqu’aux consommations dans les bars et restaurants : aucun vacancier ne sera épargné. Pour un transat et son parasol sur la très prisée côte amalfitaine comptez jusqu’à… 40 % d’augmentation sur l’addition

https://www.lepoint.fr 28/06/2021.

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