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  • 21 juin 2021
  • Par APST

La revue de presse économique de l’APST du 10 au 20 juin 2021

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Aérien

Transport aérien : le maquis sanitaire compromet les espoirs de reprise.

Après une si longue attente, les espoirs de reprise du trafic aérien vont-ils déboucher, comme l’été dernier , par une nouvelle déception assortie de temps d’attente interminables dans les aéroports européens ? C’est ce que redoutent les responsables et organisations professionnelles du secteur, du fait notamment de la multiplication et du manque d’harmonisation des règles et des contrôles sanitaires.

Selon l’association aéroportuaire ACI, la fréquentation des aéroports européens devrait presque tripler, en passant de 47 millions de passagers en mai, à 125 millions en août. Une augmentation d’activité sans précédent qui constitue un véritable défi organisationnel pour les aéroports et les compagnies aériennes, même si le trafic aérien ne retrouvera pas encore son niveau de 2019.

Un temps d’attente passé de 1 h 30 à 3 h

Selon l’association internationale du transport aérien, l’IATA, le temps de parcours des passagers au départ et à l’arrivée, serait déjà passé, en moyenne, de 1 h 30 avant la crise du covid à environ 3 h, du fait des contrôles sanitaires. Et ce, malgré un trafic encore inférieur de 70 % à celui de 2019.

En cause, les contrôles des certificats sanitaires divers et variés, à l’arrivée et au départ. Et si rien n’est fait pour fluidifier ou réduire ces contrôles, l’IATA estime que le temps d’attente dans les aéroports pourrait atteindre 5 h 30 par voyage quand le trafic sera revenu à 75 % du niveau de 2019, et jusqu’à 8 h pour un retour à 100 %.

Le transport aérien file tout droit vers une nouvelle année noire en 2021

C’est pour éviter ce scénario cauchemardesque que tous les acteurs du transport aérien multiplient les appels aux gouvernements en faveur de la mise en œuvre rapide de certificats sanitaires numérisés, mais aussi et surtout de règles claires, stables et harmonisées.

« De la clarté des règles dépendra la reprise du transport aérien », souligne le PDG du groupe ADP, Augustin de Romanet, qui n’hésite pas à évoquer une « apocalypse de temps d’attente », cet été, si rien n’est fait pour simplifier les passages aux frontières. De son côté, le directeur de l’aéroport de Londres-Heathrow, John Holland-Kaye, estime que sans clarification des règles sanitaires, les compagnies aériennes devront annuler des centaines de vols cet été et augmenter fortement les tarifs pour éviter l’engorgement des aérogares.

Certificat de vaccination contre test PCR

Ces messages d’alerte semblent bien passés à Bruxelles, où la Commission européenne a recommandé aux Etats membres de s’entendre sur un certificat sanitaire standardisé avant le 1er juillet. Ce « passeport » sanitaire européen devrait être voté par le parlement européen et le conseil entre le 7 et le 10 juin. Mais encore faut-il que les Etats veuillent bien dispenser de tests et de quarantaine les résidents de l’Union européenne ayant été vaccinés, comme le recommande Bruxelles.

Passeport sanitaire : l’Europe accélère

Pour les voyageurs internationaux, Bruxelles propose aussi de réserver les tests aux seuls voyageurs en provenance des zones rouges, ayant un taux d’incidence de plus de 500 cas pour 100.000 habitants sur 14 jours. La Commission suggère également de fixer à 72 heures la validité des tests PCR, qui varie aujourd’hui de 24 heures à 72 heures selon les pays européens, et de classer en zone verte les pays avec un taux d’incidence de 75 pour 100.000, contre 25 pour 100.000 aujourd’hui. D’après des modélisations informatiques, de tels assouplissements n’augmenteraient le risque de contagion que de manière infinitésimale.

Les Etats veulent ceinture et bretelles

Mais en matière sanitaire, la décision reste du ressort de chaque Etat. Et pour l’heure, la plupart continuent d’exiger des tests PCR de moins de 48 h, au départ et au retour, y compris pour les personnes vaccinées. Des tests dont le coût oscille entre 90 et 208 dollars, selon une étude de l’IATA menée dans 16 pays, soit de quoi dissuader plus d’un voyageur. Et selon l’Organisation mondiale du tourisme, une destination sur trois reste encore fermée aux touristes.

Autant de freins à la reprise du trafic qui justifient les prévisions de trafic très prudentes d’Eurocontrol pour 2021 et au-delà. Selon l’organisme chargé de la gestion du trafic en Europe, le transport aérien ne retrouvera pas son niveau de 2019 avant 2024 dans le meilleur des cas et 2025 dans un scénario intermédiaire.

Pour la France, dont le trafic est encore inférieur de 56 % à celui de 2019, le retour à la normale n’est pas attendu avant 2024. Fin mai, l’offre de vols d’Air France était encore inférieure de 57 % à la même période de 2019 et celle d’easyJet, numéro deux en France, de 84 %.

https://www.lesechos 12/06/2021.


Explosion de la demande : Lufthansa mettra cet été des « Jumbos » (B747) et des A350 sur les Baléares.

On pourrait se croire sur certaines lignes intérieures japonaises avant-crise. Comme c’est le cas depuis des décennies au Japon où des gros-porteurs de plus de 500 sièges assuraient des vols intérieurs, Lufthansa va positionner cet été des Boeing 747-8 pour desservir l’île de Majorque, l’une des îles des Baléares, afin de répondre à une demande exceptionnelle. Avant-crise, ces « Jumbos » étaient positionnés sur des vols long-courriers, aujourd’hui en berne avec les restrictions de voyage.

Des avions de près de 400 places

Le monde d’après sera celui du monde d’avant pour les touristes allemands. Majorque est en effet la destination préférée des Allemands. Avant-crise, 5 millions d’Allemands s’y rendaient chaque année. A tel point qu’elle est surnommée le 17ème Land allemand. Utiliser des gros-porteurs contitue une première pour Lufthansa. Comme les autres compagnies, la compagnie utilise en général des appareils monocouloirs pour desservir Majorque, en l’occurrence des A321 de 215 sièges, la version la plus importante de la famille A320. Configurés avec 364 places, les B747-8 vont assurer quatre vols cet été vers Majorque, quatre samedis de suite. Le 31 juillet, un Airbus A350 de 293 places, lui aussi un gros-porteur, viendra renforcer le programme. Avec la décrue de la pandémie et l’assouplissement des règles de voyage, les réservations pour Palma de Majorque ont été multipliées par 25 entre avril et juin, explique la compagnie, qui dit « réagir » à la demande avec cette « offre exceptionnelle ».

« L’été repart extrêmement fort » (Air France-KLM)

Sans encore retrouver le niveau de 2019, l’activité passagers pourrait donc atteindre 69% de celui-ci en Europe en août, selon le scénario le plus optimiste d’Eurocontrol, l’organisation europénne pour la sécurité de la navigation aérienne, dépassant de loin la moyenne de l’été 2020 (moins de 45%).

https://www.latribune.fr/ 13/06/2021.

Hôtellerie

 La fin des étoiles pour l’hébergement touristique au Quebec.

Un nouveau projet de loi prévoit de mettre fin au système de classification obligatoire et au panonceau étoilé pour les hébergements touristiques. Il pourrait le remplacer par un enregistrement en ligne ainsi qu’une déclaration annuelle de l’offre d’hébergement et des services proposés, regroupés dans un seul document numérique. Déposé le 8 juin par la ministre québécoise du Tourisme, Caroline Proulx, ce projet de loi vise à réduire les formalités administratives, diminuer les coûts pour les exploitants d’hébergement touristique et simplifier les règles pour en faciliter la compréhension.

Instauré en 2002, le système actuel supervisé par la Corporation de l’industrie touristique du Québec est jugé comme dépassé par Caroline Proulx, qui ajoute qu’il dévalorise des modèles novateurs et nichés. Présentement, les agents de classification visitent tous les deux ans les 1 300 établissements hôteliers de la province et les jugent en s’appuyant sur un guide de 150 pages – dont la dernière édition remonte à 2012. Parmi les critères d’évaluation, on retrouve le nombre de cintres ou encore la présence de deux lignes téléphoniques dans les chambres.

Mais des points manquants sont dénoncés, comme les tendances en matière de design intérieur et l’expérience client. « Je pense que ceux qui nous jugent présentement par rapport à notre produit, ce sont les consommateurs, les clients », a fait savoir à Radio-Canada le président d’Hôtel Chicoutimi, Éric Larouche. Moins d’un voyageur québécois sur dix se dit d’ailleurs influencé par les étoiles affichées par un établissement lors de sa réservation, révélait un sondage CROP-La Presse mené en 2015. Les consommateurs se tournent plutôt vers les avis de sites comme Expedia et TripAdvisor.

Le projet de loi inclut d’autres types d’hébergement, comme les résidences secondaires et les chalets offerts en location sur des plateformes comme Airbnb. Il prévoit également d’élargir les cas où la ministre du Tourisme pourra refuser, suspendre ou annuler l’enregistrement d’un établissement dans le but d’appuyer les municipalités dans l’application de leur réglementation et l’encadrement de l’hébergement collaboratif sur leur territoire.

« L’hébergement collaboratif est en forte croissance, et ce particulièrement dans les municipalités de villégiature. Quotidiennement, nous avons d’importants enjeux en matière de voisinage », a souligné sur la page de l’UMQ le président du Caucus des municipalités locales, Joé Deslauriers, qui dit avoir été entendu par la ministre du Tourisme.

Le gouvernement québécois estime que le remplacement du régime d’attestation de classification par un enregistrement donnerait lieu à des économies annuelles de plus de 3 millions $ pour les entreprises d’hébergement.

https://www.hrimag.com/ 15/06/2021.

Tourisme

 Tunisie : Impact de la pandémie Covid-19 sur les agences de voyages: 80% des agences totalement fermées.

Dans le cadre de l’Agenda national des affaires, programme mis en œuvre en partenariat entre l’Iace, l’Utica, l’Utap et la présidence du gouvernement, l’Institut arabe des chefs d’entreprises, en collaboration avec la Fédération tunisienne des agences de voyages et de tourisme (Ftav), a lancé, durant les mois de mars et avril 2021, une enquête auprès des dirigeants d’agences de voyages pour mesurer l’impact de la crise covid-19 sur le secteur des voyages en Tunisie.

Cette enquête menée auprès d’un échantillon de 100 agences de voyages vise à évaluer les mesures de soutien mises en œuvre par le gouvernement et proposer des recommandations pour la relance du secteur des voyages.

Les résultats de l’enquête ont fait ressortir qu’environ 80% des agences de voyages étaient totalement fermées pendant le confinement général, 20% en activité, dont 16% fonctionnaient en télétravail. Actuellement, 28% des agences de voyages sont en arrêt temporaire et 16% optent pour le télétravail.

Pour faire face aux restrictions de voyage et de mobilité qui ont obligé les consommateurs à annuler les voyages, les réservations d’hôtels, les excursions… «les agences de voyages ont dû être aussi créatives que possible, en faisant preuve de souplesse et privilégier le service à la clientèle. En vue de s’adapter aux nouvelles réalités du marché, plusieurs agences ont diversifié leurs offres de services en introduisant de nouveaux services, tels que les escapades, loisirs en plein air…».

Une baisse de 75% du CA

La pandémie a eu un impact négatif sur le chiffre d’affaires des agences de voyages au cours du premier trimestre de l’année 2020, suite à l’enregistrement du premier cas de virus début mars dernier. Pendant la période du confinement général, 80 % des agences de voyage ont enregistré une baisse de 75% ou plus de leurs chiffres d’affaires.

Pendant la saison estivale, 47% des agences ont enregistré une baisse entre 75% et 100% à l’encontre de 80% des agences durant la période du confinement. Au cours des six derniers mois de 2020, 58% des agences de voyages ont enregistré une baisse de 75% ou plus de leurs chiffres d’affaires.

Pour atténuer les effets de la crise, et maintenir leurs activités, 50% des dirigeants des agences ont utilisé leurs fonds propres, tandis que 17% ont utilisé des crédits bancaires garantis par l’Etat et 12% ont obtenu des crédits bancaires avec garantie réelle.

Par ailleurs, et en conséquence de la première vague de la pandémie, 67,74% des agences de voyages ont enregistré une diminution au niveau du nombre d’employés. 30,11% ont maintenu le même effectif et 2,15% ont augmenté le nombre d’employés.

41,94% des agences de voyages ont enregistré une diminution du nombre d’employés par rapport à la période qui a suivi la première vague, et 50,54% ont maintenu le même effectif. Seulement 7,53% ont augmenté le nombre d’employés.

Dans la période allant d’octobre 2020 à fin mars 2021, 40% des employés dans les agences de voyages travaillaient à temps plein, tandis que 15% étaient en chômage technique et 9% en congé sans solde. 24% des agences de voyages ont eu recours à diverses options (licenciement, chômage technique, congé payé, congé sans solde, temps plein…).

Mesures de soutien

Dans le cadre de la lutte contre les répercussions de la pandémie sur le tourisme et en solidarité avec les entreprises sinistrées et leurs salariés, le ministère du Tourisme et de l’Artisanat a annoncé, le 16 novembre 2020, de nouvelles mesures au profit des professionnels et travailleurs du secteur touristique.

A cet effet, les dirigeants des agences de voyages proposent, la prolongation du délai de dépôt des déclarations de l’impôt sur les sociétés au titre des exercices 2019 et 2020 jusqu’au 31 décembre 2021, avec un rééchelonnement du paiement, à partir de janvier 2022, la réouverture exceptionnelle des inscriptions sur la Plateforme digitale d’accompagnement des entreprises touristiques touchées par le covid-19, sans l’obligation de se conformer aux conditions imposées aux autres secteurs.

Rappelons que ces mesures s’articulent autour de plusieurs axes, dont la suspension à partir de janvier 2021 et pour six mois de la taxe appliquée aux agences de voyages au titre de la contribution au fonds de développement de la compétitivité , fixée à 2 dinars sur chaque siège proposé par les moyens de transport touristique, la prise en charge par l’Etat de la cotisation patronale, en termes de sécurité sociale, et ce, au titre du quatrième trimestre de l’année 2020 et les deux premiers trimestres de l’année 2021, à condition de préserver les emplois. En outre, une prime mensuelle de 200 dinars a été accordée aux employés du secteur touristique qui se trouvent en chômage technique et aux guides touristiques, jusqu’à un retour à la normale.

Selon la même source, 52% des enquêtés déclarent qu’aucun de leurs employés n’a bénéficié de la subvention, tandis que 33% affirment que les employés ont bénéficié de la subvention. Seuls 15% des répondants ont déclaré que tous leurs employés avaient reçu la subvention.

43% des enquêtés ont soumis leurs demandes pour bénéficier de la mesure «Crédit covid» tandis que 57% n’ont pas eu recours à cette mesure.

Priorités et besoins

L’enquête énumère les besoins de soutien aux agences de voyages exprimés par leurs dirigeants, qui sont focalisées en premier lieu sur l’élaboration d’un plan de relance, l’innovation et la numérisation de l’écosystème du tourisme, la création et la diversification des produits et des marchés.

Parmi les mesures et décisions supplémentaires que les dirigeants des agences de voyages ont suggérées à l’Etat pour atténuer les effets de la pandémie et sortir de la crise, figure la facilitation de l’obtention des crédits bancaires avec garantie de l’état auprès des banques, l’assouplissement des procédures pour l’obtention des subventions, la prolongation du privilège fiscal pour ceux qui n’ont pas pu acheter de nouveaux équipements de transport. Ceux-ci, outre la suspension de toutes les charges fiscales et sociales jusqu’à reprise de l’activité, d’accélérer la vaccination contre le covid-19 et le lancement des campagnes pour promouvoir la Tunisie comme une destination sûre et, enfin, l’allégement des procédures de paiement des fournisseurs à l’étranger.

https://lapresse.tn 16/06/2021.

Avec le déconfinement, les réservations de logements en montagne explosent.

« Après une saison blanche, c’est une reprise de bonne augure pour les professionnels du tourisme ». Vendredi 11 juin 2021, l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne (ANMSM) a dévoilé les premiers chiffres de fréquentation pour l’été 2021.

Alors que l’Hexagone se déconfine et que beaucoup préparent encore leurs vacances d’été, l’association s’est félicitée de la forte hausse des réservations de logements touristiques en montagne.

37% des lits déjà réservés

En effet, la destination « semble faire définitivement partie des destinations privilégiées » des Français cet été puisque les réservations ont progressé de 25% par rapport à l’année dernière, avec 37% des lits qui sont déjà réservés.

Pour la semaine du 15 août, l’une des plus prisées, le taux d’occupation a même augmenté de 30 points et s’établit pour l’instant à 51%. Si toutes les stations sont concernées, ce sont celles de petite capacité, soit moins de 5 000 lits, qui profitent le plus de cette dynamique : elles enregistrent une progression de 44% des réservations.

La montagne, une « valeur refuge »

Tous les massifs du territoire sont en progression indique l’association, qui précise que les Pyrénées devancent les Alpes et représentent une « attractivité particulière » avec une hausse de 44% des réservations, soit « la plus forte progression ».

Depuis la Savoie, Jean Castex promet « d’investir massivement dans le tourisme de montagne »

Des chiffres qui permettent « d’envisager l’avenir avec plus de sérénité », a commenté le président l’ANMSM, Jean-Luc Boch : « Encore plus qu’en 2020, la montagne est une valeur refuge pour les Français. Nous espérons une très belle fréquentation, d’autant que la tendance est aux réservations de dernière minute ».

https://actu.fr 16/06/2021.

Pour sa relance, Paris rêve d’un tourisme local et durable.

La crise a mis en lumière la dépendance du tourisme francilien aux clientèles lointaines. Pour l’avenir, la capitale rêve d’un tourisme moins carboné et la région veut attirer les Parisiens hors du périphérique.

Qui reverra-t-on en premier : le tourisme dans le débat public ou les Américains à Montmartre ? Malgré la lente reprise du voyage transatlantique, la seconde option apparaît à ce jour la plus sûre. Alors que les touristes ont déserté l’Ile-de-France, ces quinze derniers mois, rappelant, par leur absence, leur impact sur la vie et l’économie parisiennes, la campagne pour l’élection régionale s’achève sans que le thème n’ait jamais émergé.

Cette compétence régionale n’est qu’effleurée dans les programmes de ceux qui aspirent à diriger la première région touristique du monde – le thème ne s’était pas davantage imposé lors des municipales parisiennes en 2020. L’héritage de décennies d’un tourisme impensé, dont les recettes enflaient sans effort au rythme de l’expansion du tourisme de masse et en dépit du sourire rare des serveurs de brasserie. Affecté par des crises régulières, le tourisme francilien rebondissait aussi vite en s’appuyant sur ses fondamentaux : musées et monuments iconiques, luxe et grands magasins, congrès, Disneyland.

« Paris n’étant pas dans le concert des villes victimes de surtourisme, elle se passait d’une réflexion et se contentait de son hypercentre de carte postale, estime Edith Fagnoni, professeure en géographie à Sorbonne Université. Mais la crise du Covid-19 est un électrochoc qui oblige tous les acteurs locaux à se poser la question de la réinvention et d’un meilleur enracinement du tourisme dans les territoires. »

« Jusqu’à présent, confirme Stéphane Durand, associé au cabinet Voltere by Egis, Paris se considérait comme autosuffisante avec son attrait auprès des marchés lointains et sa clientèle d’affaires. Mais d’autres crises viendront et la résilience viendra de deux clientèles que l’on touche peu : les Franciliens et les familles européennes. L’image de Paris doit évoluer vers celle d’un territoire plus large, dans lequel il y a aussi des forêts et du patrimoine en pleine campagne. »

Des pratiques nouvelles

La crise a fait émerger des pratiques nouvelles et tant la ville que la région veulent s’en inspirer. M. Durand, qui a mené le diagnostic préparatoire au nouveau schéma régional du tourisme, observe que « les Franciliens aisés peuvent devenir de bons clients : les gîtes, sites périphériques et parcs animaliers fonctionnent très bien. Dans certaines structures haut de gamme, ils ont trouvé la campagne aux portes de Paris tout en restant dans une forme d’entre-soi, comme l’île de Ré ou Le Touquet sans les bouchons. »

L’essor du télétravail, du vélo électrique, un jour de la voiture autonome, représente autant de facteurs qui pourraient pousser les Parisiens à faire davantage de tourisme rural dans leur région, si toutefois celle-ci parvient enfin à valoriser son patrimoine monumental et naturel.

A Paris, comme en Ile-de-France, la réflexion sur les nouvelles priorités en la matière est en cours. Des Assises du tourisme durable, le 1er juillet, marqueront la volonté de la ville de réorienter son image et de modérer l’impact environnemental. La future majorité en Ile-de-France, de son côté, écrira à l’automne son Schéma régional de développement du tourisme et des loisirs pour la période 2022-2026. Les deux collectivités se partagent la compétence touristique. L’attrait de Paris en fait la force motrice, mais la gestion des transports est dans la manche de la région.

Ces réflexions séparées ne sont pas sans poser problème, explique un décideur du tourisme français : « La promotion internationale est coordonnée mais le travail sur l’offre et la vision globale ne l’est pas. Le risque est que la région ait tendance à vouloir reconquérir le tourisme le plus créateur de valeur, le tourisme d’affaires, un tourisme “comme avant”, tandis que Paris va vouloir faire les choses différemment. » « Le tourisme d’affaires est ma première crainte et ma priorité de relance, dit Christophe Decloux, directeur général du Comité régional du tourisme, dont la stratégie dépendra de l’issue des régionales. On a besoin de clients premium pour avoir des retombées économiques. La concurrence de la part d’autres destinations pour attirer les grands congrès sera énorme. »

« Construire un tourisme durable et écoresponsable »

Pour Frédéric Hocquard, adjoint au tourisme à la Ville de Paris, en revanche, il faut « construire un tourisme durable et écoresponsable. Il y a eu un tournant écologique dans cette ville mais on a régulièrement créé des dérogations parce que le tourisme représente 10 % du produit intérieur brut et 13 % de l’emploi parisien. Aujourd’hui, on ne peut plus ».

Les possibilités, pour Paris, de réduire l’empreinte environnementale de son tourisme sont assez réduites, compte tenu de la place qu’occupe le transport aérien dans ses émissions de CO2. La municipalité entend renforcer les contrôles sur les cars de tourisme étrangers, soupçonnés de ne pas respecter les normes sociales et environnementales, bannir les véhicules diesel d’ici à 2024 – les cars pourraient être dirigés vers la gare de Bercy, d’où les touristes emprunteraient des modes de transport moins polluants – et favoriser le transport fluvial en demandant à la préfecture de relever la limitation de vitesse sur la Seine.

Une offre Vélib’ calibrée pour les touristes est également en réflexion, et la Ville a soufflé au groupe Accor l’idée de proposer une flotte de vélos dans ses hôtels parisiens. « Je veux que l’on mette en adéquation ce qu’on fait à Paris et l’image que l’on renvoie, insiste Frédéric Hocquard. Pourquoi aller vendre à l’étranger la tour Eiffel et le Louvre alors qu’en revenant ici les touristes vont voir les pistes cyclables et les terrasses ? »

Vaincre les résistances

Ce discours volontariste passe mal auprès des responsables de Groupe ADP et des Galeries Lafayette. Leur modèle économique, reposant sur la clientèle lointaine, est jugé obsolète par la municipalité. « Cela frotte déjà, admet l’élu, mais il faut que l’Etat comme les industriels du tourisme comprennent qu’il y a de l’argent à faire. »

En nommant Jean-François Rial à la tête de l’office de tourisme de Paris en mars, Anne Hidalgo a envoyé un signal clair : le médiatique patron de Voyageurs du Monde se veut depuis trente ans le pourfendeur du tourisme de masse. Dans la capitale, il se fixe « l’Everest : mieux répartir les touristes dans l’espace et dans le temps, en arrêtant de communiquer sur des clichés, en ouvrant les musées tard le soir et en y pratiquant le yield management ; améliorer les services aux touristes, en réinstallant des pissotières par exemple ; verdir les déplacements autant que possible, en distribuant des cartes Navigo aux touristes ; remettre du beau dans Paris, car on ne peut pas dégrader le mythe ».

Des propositions complexes à mettre en œuvre, tant elles supposent de vaincre les résistances d’acteurs divers. De même, la régulation d’Airbnb, dont Paris entend réduire la présence dans les quartiers centraux, n’est aujourd’hui pas entre les mains des collectivités.

Sur l’orientation de sa politique touristique, Frédéric Hocquard en convient, « la Ville est un colosse aux pieds d’argile

La Corse se prépare à un été peut être record.

La Corse va-t-elle rééditer son exploit de 2018 quand elle avait atteint son record de 5,58 millions de passagers ? Ou retrouver la période phare des années 2010-2015 ? Les professionnels du tourisme de l’île sont partagés, scrutant la situation sanitaire nationale d’un côté et certains signaux excellents de l’autre.

Avec un taux moyen d’occupation de 25 % en mai sur l’ensemble des hébergements ouverts, la saison a débuté « timidement ». Un démarrage en douceur imputable pour Alain Venturi, le président de la Fédération corse de l’hôtellerie de plein air, aux restrictions sanitaires successives. L’entrée en vigueur toute récente du pass sanitaire pour les personnes voyageant « de et vers les outre-mer et la Corse » vient de donner de la visibilité aux professionnels comme aux touristes. Une mesure qui sera complétée au 1er juillet par le digital green pass européen alors qu’en Corse se développe une marque territoriale à vocation sanitaire Safe Corsica.

Vacances de dernière minute

Sur les carnets de réservations, aux annulations de dernière minute de visiteurs étrangers viennent s’ajouter de nouvelles réservations, « françaises majoritairement », concentrées sur le pic de la saison. Le taux de réservation oscille déjà entre 58 % pour juillet et 71 % pour le mois d’août.

Au cour de la Conca d’Oru, Carole Leccia, propriétaire de l’hôtel La Dimora qui fait partie du Cercle des grandes maisons corses, ressent un vrai « engouement » pour la destination. « On assiste à des réservations tardives en juin et, au contraire, à des anticipations de voyage au pic de l’été. » Un constat partagé par l’Agence du tourisme de la Corse (ATC), office géré par la Collectivité de Corse. « La crise sanitaire a marqué une rupture dans le tourisme en changeant la notion même de voyage et le rapport à la distance et au temps. D’ailleurs, cette année, c’est le phénomène de ‘vacances de dernière minute’ qui s’est fait ressentir en avant-saison. Nous avons également de bons retours sur le mois de septembre. »

Destinations favorites

« La tendance est plutôt favorable, on est à des niveaux presque comparables à ceux de 2019 », reconnaît Alain Venturi. Le professionnel implanté en Plaine orientale (Haute-Corse) consulte néanmoins avec réserve les dernières opinions d’enquête qui placent la Corse dans le peloton de tête de destinations françaises favorites de l’été. « Qu’ils éprouvent l’envie est une chose, qu’ils concrétisent ce désir de voyager en Corse en est une autre. » « L’appétence pour la Corse » est manifeste, témoigne à son tour Bernard Giudicelli, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de Corse. « Les vacanciers recherchent la nature, ils ont besoin de liberté et c’est ce que l’île leur offre. »

Les acteurs du tourisme comptent sur le renforcement des liaisons aériennes et maritimes pour doper les demandes en gardant toujours un oeil sur la fluctuation des prix présentée comme un frein. Avec l’élaboration d’un plan d’accompagnement marketing régional destiné à encourager la reprise de l’activité touristique, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) a également travaillé sur les liaisons aériennes. Pour cette saison, l’offre sur les vols nationaux fait un bond de +15 % avec à la clé 240.487 sièges supplémentaires disponibles pour les futurs visiteurs. Une formule qui semble fonctionner : pour preuve, le prévisionnel du trafic aérien affiche déjà pour cet été une augmentation de 391.140 passagers.

Lors de la saison 2020 écourtée, la Corse a perdu 48 % de sa fréquentation estimée à 3 millions de visiteurs. Par effet domino, s’en sont suivies de lourdes conséquences économiques sur un territoire où la consommation touristique est évaluée à près de 3,18 milliards d’euros. L’agence du tourisme s’apprête à présent à déclencher une vaste opération de promotion. Au total, ce sont près de 6,3 millions d’euros qui ont été mobilisés. Un chiffre qui avait déjà été revu à la hausse les années précédentes.

https://www.lesechos.fr 19/06/2021.

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