La Revue de presse économique de l’APST du 20 au 30 mars 2021
Avec Les Partenaires de l’APST
Tourisme
[Le mot] Tourisme (social).
Le voyage d’agrément existe depuis l’Antiquité mais c’est en Angleterre, au XVIIIe siècle, que la notion de tourisme prend forme, cependant il est réservé aux plus riches. Le mot n’arrive en France qu’au début du XIXe mais, là encore, seuls les riches sont concernés. Il faut attendre les congés payés, puis surtout les années 1950-1960 pour que la pratique se développe et que les plus modestes y accèdent. Cela se fait entre autres par le tourisme social (villages vacances, colonies …), lequel, notamment à travers les comités d’entreprise, doit beaucoup à l’action des travailleurs. En amont de la pandémie, le tourisme « en général » représentait 10 % du PIB mondial et un emploi sur onze sur la planète. Le tourisme social tient une place non négligeable. En France, il représente plus de 40 000 salariés pour un millier d’entreprises. Alors qu’actuellement, sur fond de crise, les entreprises du tourisme sont invitées par le gouvernement à embaucher des saisonniers, trois syndicats de salariés, dont FO, ainsi que des organisations professionnelles du tourisme social viennent de lui demander de prolonger jusqu’à décembre prochain les allocations chômage de ces précaires et aussi d’apporter une sécurisation juridique à la prise en charge de l’activité partielle et son maintien à 100 % jusqu’à décembre
https://www.force/-ouvriere.fr 20/03/2021.
L’essor du tourisme sexuel à Dubaï
Si la fédération des Emirats arabes unis est dirigée depuis Abou Dhabi par Mohammed Ben Zayed, Dubaï en représente la capitale économique, avec à sa tête, depuis 2006, Mohammed Ben Rachid al-Maktoum, à la fois vice-président et Premier ministre de la fédération. L’émirat de Dubaï compte trois des quelque dix millions de résidents de la fédération, mais avec une proportion de nationaux de l’ordre de seulement 5%, encore plus faible que celle du reste des Emirats arabes unis. Dubaï accueille en effet une très forte population expatriée, du salaire le plus bas au plus élevé, et a attiré 19 millions de visiteurs en 2019, là encore depuis les séjours tout-compris, plutôt abordables, jusqu’au très haut de gamme. La prostitution, officiellement interdite aux Emirats, mais tolérée de fait à Dubaï, a transformé cette ville en destination privilégiée du tourisme sexuel dans le Golfe.
Le pari de Dubaï sur son insertion spectaculaire dans la mondialisation a été particulièrement réussi, même après la crise financière de 2008 qui a contraint l’émirat à développer ses activités de service, au premier rang desquels le tourisme. La consommation d’alcool est autorisée dans les hôtels, les bars, les restaurants et les night-clubs disposant d’une licence spécifique, même si elle reste interdite dans l’espace public. C’est généralement dans de tels lieux que des travailleuses sexuelles racolent le client potentiel, s’accordant avec lui sur le montant, la durée et la nature de la prestation. Il est ainsi possible de s’attacher le service d’une escort girl durant tout ou partie de son séjour dans l’émirat. Une hiérarchie tacite considère les prostituées chinoises, philippines ou indiennes de moindre valeur que leurs homologues d’Asie centrale, elles-mêmes moins appréciées que les Européennes, qu’elles soient russes, ukrainiennes ou occidentales. Les partenaires arabes demeurent les plus rares, donc les plus recherchées, car opérant moins souvent dans l’espace public.
Le nombre de prostituées actives à Dubaï, estimé dès 2010 à 30.000, est parfois évalué à 45.000. Il est naturellement impossible de le connaître avec précision, car il repose sur un complexe système où des ressortissants émiratis, autorisés à « parrainer » l’entrée d’un certain nombre d’étrangers sur des visas de résidence, cèdent ces droits de parrainage à des intermédiaires, sans forcément connaître l’activité réelle des futures « immigrées ». Le système des visas de résidence, malgré sa réforme de 2016, continue de permettre ce type de manipulations, tandis que les réseaux démantelés concernent plutôt le bas-de-gamme de la prostitution. La transaction souvent conclue sans intermédiaire accrédite l’illusion d’une absence de proxénétisme, même s’il est inconcevable d’offrir de tels services à Dubaï sans une solide protection. L’ONU a publié en 2017 le témoignage d’une « esclave sexuelle » (sic) originaire d’Ouzbékistan qui, après 18 mois de cauchemar à Dubaï, a préféré se laisser arrêter par la police émiratie pour être expulsée. Plus récemment, c’est au Bangladesh qu’ont été diffusées les accablantes révélations de victimes de ce type de trafic, attirées à Dubaï par de fausses promesses d’emploi domestique.
Le traité de paix signé entre Israël et les Emirats arabes uni, en septembre dernier, s’est très vite accompagné de l’ouverture de liaisons aériennes directes entre les deux pays. Plus de cent mille touristes israéliens ont d’ores et déjà visité Dubaï, où l’hospitalité démonstrative à leur égard contraste avec la « paix froide » réservée jusque là aux visiteurs israéliens en Jordanie et en Egypte. Mais la presse israélienne a aussi consacré plusieurs reportages à scandale à des formes de tourisme sexuel. Le quotidien « Yedioth Aharonoth » a ainsi décrit de véritables catalogues de prostituées, avec les transactions qui peuvent en découler autour de la piscine d’un grand hôtel. Le site en ligne « Mako » s’est pour sa part intéressé à la reconversion de mafieux israéliens dans des « agences d’escorte » à Dubaï, tout en reproduisant, en captures d’écran, des échanges relevant du proxénétisme. Le quotidien « Haaretz » a même publié une tribune intitulée « Visiter Dubaï équivaut à se tenir au bord d’un viol collectif ». Les défenseurs de la normalisation israélo-émiratie ont protesté contre de telles outrances et relativisé l’importance des témoignages rapportés, sans représentativité à leurs yeux.
Il semble en tout cas que le tourisme sexuel soit, de manière générale, appelé à se développer encore à Dubaï. Cela fait plusieurs années que le rapport annuel du Département d’Etat américain sur les trafics d’êtres humains considère, malgré des remarques encourageantes, que « le gouvernement des Emirats arabes unis ne respecte pas pleinement les standards minimaux pour l’élimination des trafics ». La pandémie de coronavirus ne devrait pas affecter cette réalité, bien au contraire. En effet, la campagne menée de manière volontariste aux Emirats a déjà permis de vacciner plus d’un tiers de la population contre le Covid-19. Un argument supplémentaire pour les sites spécialisés qui vantent sur Internet les « sales petits secrets » de Dubaï et les charmes des « vacances sexuelles » dans cet émirat…
https://www.lemonde.fr/ 20/03/2021.
Le secteur du tourisme en grande difficulté au Portugal
L’activité touristique portugaise a énormément souffert de la pandémie de Covid-19. En effet, selon l’Instituto Nacional de Estatística (INE), le pays a enregistré un total de 26 millions de nuitées en 2020, soit le chiffre le plus bas depuis 1993. A titre de comparaison, le Portugal avait totalisé 70 millions de nuitées sur l’année 2019.
Un secteur d’activité en grande difficulté
L’estimation de l’INE publiée le 1er février 2021 montre l’impact de la pandémie de Covid-19 sur ce qui est un des secteurs majeurs de l’économie portugaise. « Sur l’ensemble de l’année 2020, les établissements d’hébergement touristique auront enregistré 10,5 millions de clients et 26 millions de nuitées, correspondant à des baisses annuelles de 61,2% et 63% respectivement, après les hausses de 7,9% et 4,6% enregistrées en 2019 » a publié l’INE. Les régions de Lisbonne et des Açores ont été les plus touchées, avec des baisses respectives de 71,5% et 71,1%. Cette forte baisse du nombre de touristes a des conséquences sur l’ensemble du tissu économique du pays : la restauration, l’hôtellerie, ou encore les boutiques de souvenirs, à titre d´exemple. Ainsi, on enregistre une baisse de 57,6% des revenus touristiques sur l’année 2020 par rapport à 2019.
Des réponses à différentes échelles
Afin de répondre à la crise du tourisme que le pays subit actuellement, on observe des réponses à différentes échelles. Au niveau local tout d’abord, où certaines villes lancent des campagnes de reprises destinées aux touristes nationaux. La commune de Ourém, dont fait partie Fatima, grand pôle touristique situé dans le centre du pays, a par exemple présenté l’offre 10.001 nuits. L’initiative prévoit le financement par la mairie du coût d’une nuit supplémentaire pour toutes les personnes séjournant dans la commune. « Avec la campagne des 10.001 nuits, nous entendons accélérer la reprise des hôtels et la restauration de notre municipalité », a déclaré le maire, Luís Albuquerque, lors d’une rencontre avec les médias le 16 février 2021. Cette campagne se déroulera du 1er avril 2021 au 31 mars 2022, et ne sera pas en vigueur pendant la haute saison (entre les 10 et 15 mai, 9 et 15 juin, et les 10 et 15 août).
On observe également des débuts de réponses au niveau européen. La présidence portugaise de l’Union Européenne a annoncé en janvier vouloir maintenir un soutien financier conséquent auprès des acteurs touristiques, afin de sauver les emplois et les entreprises. A court terme, l’Union Européenne travaille à la reconnaissance des tests, ainsi qu’à la normalisation des « cartes de localisation des passagers », cela devrait faciliter la reprise du tourisme. A moyen et long terme, la présidence portugaise entend « améliorer la réponse financière de l’Union européenne à l’un des secteurs les plus touchés par la pandémie, en accélérant sa reprise», afin d’améliorer « sa résilience et en augmentant sa durabilité ».
Le gouvernement reste confiant quant à l’attractivité du pays
Malgré les difficultés que présente la situation actuelle, le président de Turismo de Portugal, Luis Araújo, a exprimé sa confiance quant à l’attractivité du pays. « Ce qui nous donne le plus de confiance, c’est le fait que nous ayons une marque forte, qui s’impose dans le monde entier en tant que destination touristique, avec les sept marques régionales », a déclaré le responsable, lors du webinaire « Le pouvoir des marques régionales », promu par Turismo do Porto et Norte de Portugal (TPNP) le 5 février 2021.
L’agence financière DBRS estime que « compte tenu de l’importance du secteur touristique pour le Portugal, cela retardera probablement la pleine reprise économique du pays ». Cependant, l’agence affirme que «le choc du Covid-19 sera temporaire et ne devrait pas entraîner de changements structurels dans le secteur du tourisme portugais». Pour elle, « lorsque la pandémie sera maîtrisée, la demande touristique du pays devrait finalement se redresser complètement ».
Suite à une visioconférence informelle des ministres du Tourisme, la Présidence portugaise du Conseil de l’Union Européenne a annoncé le 1er mars 2021 dans un communiqué qu’il est « nécessaire de renforcer la coordination des États membres dans les domaines ayant un impact sur le tourisme et d’autres secteurs liés au tourisme ». « Cette rencontre a permis d’aboutir à la conclusion que le numérique, la mobilité et le développement durable doivent constituer la voie stratégique de la reprise et que la dynamisation du tourisme doit poursuivre sa croissance dans le cadre européen » informe le communiqué.
Les difficultés du secteur du tourisme constituent un enjeu majeur pour le Portugal et sa reconstruction économique. Il s’agira de savoir si le pays conservera son attractivité touristique après la pandémie de Covid-19.
https://lepetitjournal.com/ 22/03/2021.
Le Code international de protection des touristes sur la bonne voie
Plus de 100 pays, des organisations internationales et de grands groupes privés sont convenus d’adopter des normes harmonisées en matière d’assistance aux touristes pris dans des situations d’urgence. Le Comité chargé d’élaborer un code international de protection des touristes s’est mis d’accord sur le texte des deux premiers chapitres du code énonçant sept principes clé. Cet instrument juridique appelé à faire date vise à rétablir la confiance envers les voyages internationaux au lendemain de la pandémie de COVID-19.
L’importance d’harmoniser les protocoles, l’équilibre, la coordination, la coopération et l’accessibilité font partie des sept principes fondamentaux convenus par le Comité chargé d’aller de l’avant dans l’élaboration du code « Assistance aux touristes internationaux dans les situations d’urgence ». Le code, publié par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), fournira des orientations aux pays, partout dans le monde, sur les moyens de venir en aide aux touristes touchés par une situation d’urgence et notamment, sans pour autant s’y limiter, une situation d’urgence sanitaire.
Le Comité s’est également mis d’accord sur une série de recommandations relatives à la fourniture d’information et d’assistance et, si nécessaire, au rapatriement des touristes touchés par une situation d’urgence. Le processus de consultations en cours devrait déboucher sur un code internationalement reconnu de protection des touristes d’ici la fin de l’année.
Pour le Secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili : « Il n’y aura de reprise possible du tourisme que si l’on rétablit la confiance envers les voyages. Ce que veulent les gens, quand ils voyagent, c’est se sentir en sécurité et savoir que l’on s’occupe d’eux. C’est précisément ce qu’apportera le code de protection des touristes, fruit d’une collaboration entre les acteurs du tourisme mondial et les gouvernements. »
Le Comité, outre les représentants de plus de 100 pays, bénéficie de la participation de la Commission européenne et de plusieurs organisations appartenant comme l’OMT au système des Nations Unies, au nombre desquelles la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), et des organisations internationales telles que l’Organisation
internationale de normalisation (ISO). Parmi les acteurs privés, on citera l’Association du transport aérien international (IATA), le Forum international des avocats des voyages et du tourisme (IFTTA), la Fédération européenne des agences de voyages et touropérateurs (ECTAA), la Confédération des Associations de l’hôtellerie, de la restauration, des cafés et établissements similaires en Europe (HOTREC), Expedia et Allianz Group.
Les résultats des délibérations du Comité seront publiés à titre provisoire au fur et à mesure de l’avancement des travaux sur les normes minimales de protection des touristes en tant que consommateurs au niveau international, afin de guider les pays en vue du redressement et de la reprise du tourisme
https://www.petitesaffiches.fr/ 24/03/2021.
Une longue traversée du désert pour le tourisme d’affaires (Canada)
Les cinéphiles se rappellent sûrement la fameuse tornade de catégorie F5 du film Twister (Tornade), sorti en 1996. C’est à peu près l’effet que la pandémie a eu sur l’industrie québécoise du tourisme d’affaires, lequel rêve maintenant d’une relance.
« L’effet a été catastrophique, avec l’annulation d’environ 85 % des événements prévus en 2020, soit pas mal tous ceux qui devaient se tenir après la mi-mars », rappelle Marc-Antoine Vachon, titulaire de la Chaire de tourisme Transat et professeur à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal.
L’industrie a enregistré des pertes de 500 millions de dollars en 2020. Environ 40 % des nuitées liées au tourisme d’affaires proviennent de grands événements, comme des congrès, des salons professionnels ou des colloques. Tout cela est tombé à l’eau. Certes, certains organisateurs ont déplacé leur événement en ligne, mais cela prive les hôtels, les restaurants et les commerces locaux des retombées associées au tourisme d’affaires.
« Le plus dramatique, c’est que plusieurs de ces événements ne seront jamais récupérés, note Marc-Antoine Vachon. Les organisateurs choisissent généralement leurs destinations quelques années à l’avance. On ne peut donc pas simplement décaler leur venue d’un an, puisqu’il est déjà prévu qu’ils se tiennent dans un nouvel endroit. »
Certaines entreprises, comme le Palais des congrès de Montréal, ont d’ailleurs mis à profit la visioconférence et d’autres outils pour garder le contact avec des clients et surtout leur faire visiter virtuellement leurs installations. Un exercice essentiel pour soutenir dès maintenant des discussions au sujet d’événements qui auront lieu dans les prochaines années.
Avenir incertain
Plus d’un an après le début de la pandémie, la situation de l’industrie du tourisme d’affaires reste remplie d’incertitudes. Pour le tourisme en général, Destination Canada estime que, même si les frontières canadiennes sont rouvertes en octobre, il faudra attendre jusqu’à 2026 pour rattraper le niveau de revenus de 2019.
« La reprise risque de tarder un peu plus dans le tourisme d’affaires, car la planification est plus lourde dans ce domaine que pour les voyages d’agrément, prévient Marc-Antoine Vachon. Nous prévoyons une hausse d’environ 30 % du tourisme intérieur en 2021 par rapport à 2020, mais la proportion du tourisme d’affaires sera moins grande que d’habitude. Nous nous attendons aussi à une perte en 2021 de 85 % des revenus du tourisme d’affaires international comparativement à 2019. »
Bien sûr, des programmes d’aide existent, mais ils ne correspondent pas nécessairement aux réalités de l’industrie du tourisme d’affaires. Il semble avoir été difficile d’établir un cadre d’intervention adapté à ce commerce et de déterminer sur quelles bases allouer de l’aide financière aux entreprises. Par exemple, en l’absence d’événements, les mises à pied ont été nombreuses, malgré les subventions qui couvraient 75 % des salaires. Pourquoi payer 25 % des salaires pour des employés qui n’ont plus de tâches à accomplir ?
Certains ont eu la volonté de profiter de cette pause forcée pour réaliser des rénovations ou pour moderniser leurs infrastructures. Des programmes d’aide publique ont pu être mis à profit, mais beaucoup portaient sur des facilités de prêts. Or, les travaux d’infrastructures demandent généralement des investissements assez importants, et plusieurs hôtes d’événements d’affaires peinent déjà à payer leurs frais fixes. « Dans une période aussi incertaine, il faut avoir les reins solides et du courage pour prendre de tels engagements », note Marc-Antoine Vachon.
Formules innovantes
En plus d’ignorer quand les voyageurs d’affaires se présenteront de nouveau, l’industrie s’inquiète de savoir s’ils reviendront bel et bien. La pandémie a offert l’occasion à plusieurs entreprises et organisations d’expérimenter les événements virtuels. Ceux-ci coûtent moins cher tout en permettant de mettre en contact des gens localisés un peu partout dans le monde. Par contre, ils s’avèrent beaucoup moins efficaces pour soutenir les rapports humains et informels, qui constituent la richesse des événements traditionnels de tourisme d’affaires.
« On ne sait pas si le tourisme d’affaires va revenir tel qu’on le connaissait avant, admet Marc-Antoine Vachon. Il semble même assez probable que des formules hybrides, avec une partie des gens sur place et une autre en virtuel, deviennent plus populaires. L’industrie québécoise du tourisme d’affaires devra donc prendre un virage technologique afin d’offrir des options de ce type. »
Marc-Antoine Vachon croit que les gouvernements pourront donner un coup de main au secteur en élaborant des programmes d’aide plus ciblés, qui conviendront mieux à l’industrie du tourisme d’affaires. Il ajoute que les mesures de précautions sanitaires gagneraient, elles aussi, à se raffiner. Comme certains porte-parole de la culture, il aimerait, par exemple, que les quotas de personnes permises à l’intérieur soient proportionnels à l’espace disponible plutôt que fixés en nombre absolu.
https://www.ledevoir.com 27/03/2021.
Tourisme : la crise sanitaire a privé l’Ile-de-France de 15,5 milliards d’euros.
Jusque-là habituée aux records de fréquentation, la capitale française a reçu en 2020 quelque 33,1 millions de visiteurs en moins par rapport à l’année précédente. Elle a pâti l’an dernier, comme toutes les destinations, d’un « effondrement » inédit de la demande et de « l’instauration généralisée de restrictions en matière de voyages », précise ce bilan publié lundi. Comme dix-neuf autres départements, l’Ile-de-France fait l’objet de mesures de restriction renforcées depuis plus d’une semaine. Les séjours interrégionaux sont prohibés sauf dérogation.
Seuls 17,5 millions de touristes, dont 12,6 millions de Français, ont été accueillis l’an dernier à Paris et en Ile-de-France, signe d’une « dégradation sans précédent de l’activité touristique ». Ils ont généré 6,4 milliards d’euros de recettes touristiques.
Sans surprise, la baisse « est plus marquée pour la clientèle internationale avec − 78 % de séjours » contre « − 56 % pour la clientèle française », soit 15,7 millions de touristes hexagonaux en moins comparé à 2019.
« Après un début d’année prometteur malgré le commencement de la crise sanitaire en Asie et la poursuite des mouvements sociaux en France, l’activité touristique s’est arrêtée à partir de la mi-mars », avec le début du premier confinement, selon le CRT. Puis « une certaine reprise a été constatée » au terme de ces restrictions, « dès le 11 mai » et jusqu’au second confinement à la fin d’octobre.
Chute drastique de la clientèle d’affaires
« Le tourisme à Paris Ile-de-France a pu ainsi bénéficier d’une période de répit, notamment entre juillet et octobre avec une activité portée essentiellement par les Franciliens, les Français et quelques clientèles de proximité – Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, Italie », observe le CRT.
Très éprouvée, l’hôtellerie a « subi de plein fouet l’absence des clientèles d’affaires et internationales » et nombre d’établissements ont fermé de la mi-mars à la fin de mai, puis à partir de la fin d’octobre. Cela s’est traduit par une chute de 68 % des nuitées hôtelières en 2020, contre − 55 % pour les locations saisonnières, comparé à 2019.
Les hôtels de la capitale ont particulièrement souffert de l’absence de clientèle internationale, « 70 % de leur chiffre d’affaires étant généré par celle-ci », notamment dans les établissements haut de gamme, rappelle le CRT, tandis que la fréquentation des musées et monuments a fortement pâti de « cent quarante jours de fermeture exceptionnelle ». Le Musée du Louvre et le domaine de Versailles ont ainsi vu leur fréquentation plonger respectivement de 72 % et 76 %.
Quant au tourisme d’affaires, qui « peut représenter jusqu’à la moitié des nuitées hôtelières » par an, il a fortement souffert avec l’annulation en cascade des salons et des événements professionnels, mais reste un « puissant levier » pour la reprise, estime le CRT.
https://www.lemonde.fr/ 29/03/2021.