La Revue de presse économique de l’APST du 1er au 10 février 2021
Avec Les Partenaires de l’APST
Aérien
Le transport aérien s’enfonce dans une spirale infernale.
Après un rebond pendant les fêtes, l’activité d’Air France a replongé en janvier. La compagnie aérienne n’assure que 45% de son programme normal avec des avions très loin d’être remplis. Riccardo Milani/Hans Lucas via AFP
Tourner la page. Oublier le cauchemar de 2020. Il y a quelques mois encore, toutes les compagnies aériennes escomptaient un redémarage de l’activité en 2021. Las, l’irruption des variants anglais et sud-africain du Covid-19, tout comme la lenteur du processus de vaccination, a cassé la timide embellie constatée fin décembre. Selon Eurocontrol, qui suit les vols en Europe, le trafic était en baisse, le 27 janvier, de 66 % par rapport à 2019, le dernier exercice «normal». L’horizon auquel le secteur s’attend à retrouver son niveau d’activité d’avant-crise s’éloigne encore un peu plus
Désormais, les transporteurs aériens retiennent leur souffle. Ils s’attendent encore à un exercice très difficile. Dans son dernier avis publié il y a quelques jours, l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) ne promet que du sang et des larmes au secteur, évoquant «une récession généralisée pour cette année». Iata, l’association qui fédère les 290 compagnies aériennes mondiales, table sur une activité «fin 2021 de 50% à 60% à celle de 2019». Du coup, les transporteurs aériens sont partis pour accumuler encore des pertes abyssales en 2021: 38,7 milliards de dollars, selon Iata.
Même les compagnies low-cost, qui passent pour les plus résilientes, boivent la tasse. EasyJet réduit la voilure et compte n’utiliser que 10% de sa capacité entre janvier et mars contre 18% d’octobre à décembre. L’irlandais Ryanair a prévenu lundi: l’exercice en cours clôturé fin mars «va continuer d’être le plus difficile des trente-cinq ans d’histoire de Ryanair ».
Les compagnies généralistes sont aussi prises dans la tourmente. Même si elle n’a pas encore chiffré son manque à gagner, Air France reconnaît que son activité sera impactée par les mesures récentes prises par le gouvernement français, à commencer par la fermeture des frontières pour les voyageurs venant de nations situées hors de l’Union européenne.
Licenciements de masse
Cette nouvelle détérioration touche tous les continents. Americain Airlines s’attend à une baisse de son chiffre d’affaires de 60 à 65% au premier trimestre 2021. «La demande ne remonte pas», déplore son PDG, Doug Parker. Japan Airlines vient de relever le niveau de pertes attendues pour l’exercice 2020-2021 (2,4 milliards d’euros, contre 1,9 à 2,1 milliards initialement prévus).
Désormais, les compagnies savent que les vacances de Pâques ne sauveront pas l’activité du premier semestre. Au mieux, elles espèrent réenclencher un début de dynamique positive cet été. Un sacré coup dur, les transporteurs aériens étant déjà très fragilisés par leurs résultats de l’an passé: Delta Airlines a perdu 12,4 milliards de dollars, American Airlines, 8,9 milliards de dollars.
Cette crise qui s’éternise va faire de nouveaux dégâts. D’abord, on n’évitera pas des licenciements en masse. United Airlines menace de se débarrasser de 14.000 employés en avril. Air France n’envisage pas de durcir son plan de 7500 suppressions de postes, car l’APLD (activité partielle de longue durée) où l’État prend en charge les collaborateurs au chômage partiel lui permettra d’absorber ces à-coups.
Plus grave, beaucoup de transporteurs aériens, déjà très secoués l’année dernière, risquent de faire faillite en 2021. « Quatorze compagnies seulement ont disparu en 2020, car les États ont apporté beaucoup de subventions ou de prêts au secteur, estime Yann Derocles, analyste financier chez Oddo. Mais, cette année, ils n’aideront pas tous les acteurs. »
Ainsi, la Norvège qui avait garanti un prêt bancaire de 340 millions de dollars à sa compagnie Norwegian en mars, a beaucoup hésité avant de lui accorder un nouveau coup de pouce en janvier. La France, qui détient 14% d’Air France-KLM, est prête à transformer en parts sociales son prêt de trois milliards d’euros à Air France (lire ci-dessous). Encore faudrait-il trouver un accord avec les Pays-Bas (également à 14%) qui, pour l’instant, sont moins enthousiastes pour cette opération.
https://www.lefigaro.fr/ 01/02/2020.
Tourisme
Un milliard d’arrivées internationales en moins en 2020
L’organisation mondiale du tourisme (OMT) a dévoilé son dernier baromètre. Et les chiffres donnent le tournis. Jamais dans l’histoire du tourisme, le secteur n’avait connu d’aussi mauvais résultat avec un milliard d’arrivées internationales en moins en 2020 par rapport à l’année précédente, soit une chute mondiale de 74 %.
Une situation, évidemment directement liée à l’instauration généralisée de restrictions sur les voyages, qui menace 100 à 120 millions d’emplois directs dans le tourisme rapporte l’OMT, qui estime par ailleurs à 1 300 milliards de dollars les pertes de recettes d’exploitation en raison de l’arrêt de l’activité.
Si toutes les régions du monde ont été impactées par les restrictions de déplacements et ont vu leur fréquentation chuter, l’Asie-Pacifique est la première région à subir l’impact de la pandémie. Elle enregistre une baisse de fréquentation de 84 %. Avec 300 millions de voyageurs en moins, « elle a connu la plus forte chute des arrivées en 2020 », note ainsi l’OMT dans un communiqué. Le Moyen-Orient et l’Afrique ont tous deux enregistré une baisse de 75 %.
De son côté, et « malgré un léger sursaut de courte durée à l’été 2020 », note l’OMT, l’Europe affiche une baisse de 70 % des arrivées. Mais « c’est la région qui a connu la plus forte chute en chiffres absolus, avec plus de 500 millions de touristes internationaux en moins en 2020 », poursuit l’OMT. Les Amériques comptabilisent, quant à elles, une baisse de 69 % des arrivées internationales après une légère amélioration au dernier trimestre.
La projection n’est pas simple. Alors que plusieurs pays réinstaurent des restrictions – quarantaine, test, fermeture – ces dernières pèsent sur la reprise de l’activité souligne l’OMT, qui mise sur le déploiement progressif du vaccin pour « rétablir la confiance des consommateurs et contribuer à l’assouplissement des restrictions sur les déplacements, et permettre progressivement à la situation des voyages de rentrer dans l’ordre dans le courant de l’année ».
Toutefois, là encore, «il semble y avoir une dégradation des perspectives globales de rebond en 2021», note l’OMT, qui avancent selon leur groupe d’experts des pronostics variables pour l’année à venir. « 50 % des personnes interrogées s’attendent maintenant à ce que le rebond ne se produise qu’en 2022, contre 21 % en octobre 2020. L’autre moitié des personnes interrogées continue de tabler sur un rebond potentiel en 2021, mais elles sont moins nombreuses que dans l’enquête d’octobre 2020 (79 % comptaient sur un redressement en 2021) ».
https://www.cnews.fr/ 30/01/2021.
Madrid, la nouvelle destination prisée des Français
Madrid (Espagne) voit arriver un fort afflux de touristes venus de l’Hexagone. Ces derniers cherchent à retrouver en partie leur vie d’avant, dans un pays où il est possible de faire des activités encore interdites en France : visiter des musées, profiter d’une soirée au restaurant entre amis ou même se défouler sur la piste de danse de certaines discothèques ouvertes de 17 heures à 21 heures. Ensuite, tout le monde rentre à son domicile, car un couvre-feu à 22 heures est instauré dans la capitale espagnole.
Apprendre à vivre avec le virus
La situation sanitaire reste préoccupante en Espagne. Le pays enregistre chaque jour en moyenne 40 000 cas positifs au coronavirus et 400 morts. Pour autant, la ville de Madrid ne souhaite pas renforcer les mesures sanitaires. « Il faut apprendre à vivre avec le virus. Avec prudence bien sûr, pas en vivant comme avant, mais on ne peut pas rester enfermés. C’est sans effet et ça a des conséquences destructrices sur l’économie et du point de vue psychologique », explique Isabel Diaz Ayuso, présidente de la communauté de Madrid.
https://www.francetvinfo.fr 01/02/2021.
Belgique vers la création d’un fonds « voucher » pour les voyagistes
Alors que l’échéance des bons à valoir des voyagistes se profile, le gouvernement a l’intention de créer un fonds pour aider de secteur à surmonter la crise du coronavirus,
La secrétaire d’État à la protection des consommateurs, Eva De Bleeker a annoncé dimanche sur la VRT que le gouvernement envisageait de créer un fonds pour aider les voyagistes à surmonter la crise du coronavirus.
Beaucoup de clients de tour-opérateurs qui ont dû annuler leur voyage en raison de la pandémie possèdent encore un bon à valoir (voucher) d’un an, qu’ils peuvent à l’échéance retourner au voyagiste en exigeant un remboursement. Les premiers vouchers ayant été délivrés à partir du 20 mars 2020, leur échéance pèse comme une épée de Damoclès sur le secteur.
Les premiers vouchers ayant été délivrés à partir du 20 mars 2020, leur échéance d’un an pèse comme une épée de Damoclès sur le secteur
C’est la raison pour laquelle le gouvernement veut créer un fonds dans lequel les agences de voyages pourront puiser un emprunt à taux zéro afin d’honorer les remboursements. Les modalités doivent encore être fixées. Une concertation doit aussi être menée avec le secteur, a-t-on appris au cabinet De Bleeker.
Plus de 200.000 bons à valoir
Pas moins de 201.757 vouchers ont été délivrés entre le 20 mars et le 19 juin 2020 pour des voyages à forfait, pour un total de 356 millions d’euros. Une subvention du coût salarial de 30 millions d’euros est également prévue, notamment pour aider le secteur à maintenir du personnel pour répondre aux questions des clients et à leurs demandes de déplacer leurs réservations vers une période propice.
https://www.lecho.be 31/01/2021.
Tourisme : l’Espagne revient au niveau de 1969
En 2020, l’Espagne a perdu 77,3% de ses revenus provenant du secteur touristique. Il faut remonter en 1969 pour trouver une année avec si peu de visiteurs dans le pays.
18,9 millions de touristes étrangers sont entrés en Espagne l’an dernier, au lieu des 83,5 qui sont venus en 2019. Logiquement, la chute du chiffre d’affaires est prodigieusement dramatique : 19 milliards au lieu de 91 en 2019, soit une perte de 78.5 % selon les chiffres qui ont été publiés ce mercredi par l’Institut national de statistique (INE).
L’année avait commencé normalement avec de bons taux de croissance en janvier. Mais à la mi-mars, avec la déclaration de l’état d’urgence, le pays a enregistré une baisse de 63,3% des entrées sur le territoire. Avant de se paralyser en avril et mai, avec un taux d’entrée avoisinant le zéro.
En juin, juillet et mi-août, une certaine reprise a été observée, avec des taux un peu moins négatifs, mais l’extension de la deuxième vague de la pandémie à partir de l’automne a entraîné une baisse des entrées et des dépenses de l’ordre de 90%.
Concernant le mois de décembre, l’Espagne a reçu la visite de 648 669 touristes internationaux, 84,9% de moins qu’au même mois de 2019, tandis que les dépenses ont atteint 696 millions d’euros, ce qui représente une baisse de 86,1%.
Les Français principaux touristes
Les Français restent la grande foule de visiteurs principaux, avec 3,8 millions de touristes, ce qui représente 20,5% du total. Cependant, la baisse est de 65,2% par rapport à décembre 2019. Le Royaume-Uni et l’Allemagne représentent respectivement 3,2 et 2,4 millions de touristes en Espagne.
La Catalogne, principale destination du pays
La Catalogne a été la première destination touristique du pays en 2020, avec 3,9 millions de visiteurs et représentant 20,4% du total. Les îles Canaries (3,8 millions), l’Andalousie (2,7 millions), la Communauté valencienne (2,5 millions), les îles Baléares (1,72 million) et la Communauté de Madrid (1,7 million).
En ce qui concerne le mois de décembre, les îles Canaries ont été la première destination principale des touristes, avec 207 064 touristes, soit 31,9% du total. Les principaux pays de résidence des touristes de cette communauté étaient le Royaume-Uni (avec 34,8% du total) et l’Allemagne (24,5%)
https://www.equinoxmagazine.fr 04/02/2021.
La Grèce parie sur le vaccin pour sauver son été.
La météo est clémente en ce mois de février en Grèce. Le mercure avoisine les 20 degrés et un doux soleil s’épanche sur les figuiers déjà en fleurs. Mais le pays, toujours aux prises avec une pandémie de Covid-19 qui a causé plus de 5900 morts (pour 10,5 millions d’habitants) à ce jour, se lance dans un marathon pour sauver la saison touristique 2021 qui n’a toujours pas démarré ici plus qu’ailleurs. Les premiers bateaux de croisière voguent traditionnellement dès février dans les eaux grecques, les séminaires et les voyages scolaires suivent, avant l’arrivée massive des vacanciers, qui profitent de la douceur méditerranéenne jusqu’à début novembre.
Pour rappel, le tourisme est le principal poumon économique du pays. Il pèse plus de 20% du PIB, emploie un actif sur cinq et irrigue de nombreux secteurs. Comme la plupart des destinations touristiques, la Grèce a subi un été et une année 2020 catastrophiques. L’activité s’est limitée à 4 milliards d’euros l’an passé, soit une chute de plus de 70% par rapport à l’exercice 2019, où le pays avait engrangé 18 milliards de revenus touristiques. De nombreuses agences de voyage ou hôtels ont fait faillite.
À ce stade, la pandémie ne recule pas autant qu’espéré, même si, selon des données réactualisées au 4 février, le pays reste l’un des moins touché en Europe, selon l’agence chargée de la surveillance de l’épidémie (ECDC). Mais la plupart des professionnels refusent de faire une croix sur la saison. Dans les îles, on se prépare même déjà. Et surtout dans les Cyclades, épicentre touristique des vacances d’été, où les habitants commencent à repeindre les maisons à la chaux, tandis que certains hôtels ont ouvert les réservations. Elles frémissent, et même plus que ça dans les spots les plus touristiques. La plupart des locations aménagées de Mykonos ou Santorin sont déjà réservées pour l’été, « quitte à avoir quelques annulations », rapportent les professionnels.
Campagne de vaccination dans les îles touristiques
Les îles étant très prisées des touristes, le gouvernement a décidé d’orchestrer une campagne de vaccination massive, jusque dans les plus petits confettis, où l’on ne dénombre qu’une poignée d’habitants. « La clé du succès de la saison réside dans le vaccin, pronostique Giannis Giannakakis, directeur de l’agence Athens Walking Tour. Aujourd’hui, personne n’est certain de l’avenir, chacun vit au rythme des décisions scientifiques et politiques. Mais grâce à la vaccination des populations, les vols internationaux vont pouvoir reprendre sans que l’on ait peur d’être bloqué quelque part à cause d’un confinement inattendu. Nous sommes prêts à tout pour sauver cette saison, c’est vital », ajoute-t-il.
Le 12 janvier dernier, Kyriakos Mitsotakis, le premier ministre grec, a proposé à ses partenaires européens d’instaurer un « passeport sanitaire », parfois baptisé « passeport vert ». La proposition grecque est toujours sur la table et elle ne fait pas l’unanimité à ce stade dans l’Union, même si la Suède et le Danemark développent eux aussi un « certificat électronique ». La France, notamment, estime le débat « prématuré », comme l’indiquait au Figaro le secrétaire d’État au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne. Non sans arguments, éthiques ou légaux: privilège de voyage, recul sur l’efficacité des différents vaccins face aux variants, maîtrise des données personnelles… Le débat frémit au niveau de l’Europe. Fin janvier, les 27 se sont accordés sur des principes pour harmoniser les certificats de vaccination déjà utilisés dans une dizaine de pays. Mais il s’agit « au premier chef » constituer des preuves de vaccination standardisées « à des fins médicales ». Leur utilisation pour « d’autres raisons », dont le tourisme, pourra être décidée par les Etats membres ultérieurement.
Le gouvernement grec, décidé à avancer, réfléchit déjà à mettre en place des « files réservées aux personnes vaccinées » à l’arrivée de tous les aéroports du pays. Elles seraient ainsi prioritaires pour sortir de la plateforme, et n’auraient pas l’obligation se soumettre à un test PCR aléatoire, à une septaine préventive… L’été dernier, la Grèce avait instauré un système de code-barres pour tenter de maîtriser le risque sanitaire.
Le gouvernement hellène travaille en parallèle à développer ce passeport sanitaire à travers des alliances régionales. Lundi 8 février, Kyriakos Mitsotakis se rend à Chypre puis en Israël. Son objectif, signer un accord permettant aux ressortissants vaccinés de ces pays de voyager librement en Grèce. « Israël est une manne très importante pour la Grèce et si 70% de la population israélienne est vaccinée à la fin du mois de mars, il sera plus facile de commencer progressivement à s’ouvrir aux Israéliens » a justifié le premier ministre grec auprès de Reuters.
Le compte à rebours est lancé. Quelque 340 000 Grecs ont été vaccinés à ce jour, et le pays allège très progressivement les conditions d’un confinement strict commencé en novembre.
https://www.lefigaro.fr/ 06/02/2021.