La Revue de presse économique de l’APST du 20 au 31 Décembre 2020
Avec Les Partenaires de l’APST
Aérien
Le plan secret d’Air France pour développer Transavia
Le transport aérien est au plus bas malgré le rebond du trafic pendant les fêtes de fin d’année. Et la menace d’une troisième vague de l’épidémie en début d’année prochaine ne prête pas à l’optimisme. Cependant, même si le premier trimestre 2021 s’annonce difficile pour le transport aérien, l’effet positif du vaccin attendu d’ici à six mois laisse espérer le début d’une véritable reprise à partir de l’été prochain. Dans ce contexte, Air France pousse les feux sur sa filiale low-cost, Transavia France.
Comme La Tribune l’avait révélé fin septembre, Transavia va faire l’objet l’an prochain du plus fort développement depuis sa création en 2007. Sa flotte doit en effet passer de 40 appareils aujourd’hui à 48 cet été, avec l’arrivée de huit nouveaux Boeing 737-800. Ce plan est toujours d’actualité. Mieux, selon nos informations, le plan de croissance de Transavia France pour les prochaines années prévoit un doublement de la flotte d’ici à l’été 2025, à 80 avions. Soit l’équivalent de la flotte actuelle de Transavia France et de Transavia Holland réunies. La moitié de cette croissance quinquennale doit être réalisée au cours des deux prochaines années. Après l’entrée de huit avions supplémentaires en 2021, onze autres sont prévus en 2022. S’appuyant sur des B-737-800 d’occasion, ce développement se focalisera sur le réseau intérieur français, à la fois au départ de Paris et pour les lignes régions-régions, mais aussi vers l’Europe et le bassin méditerranéen. Dans le même temps, Air France et Hop réduiront la voilure sur le court et moyen-courrier.
Aussi dure soit-elle pour toutes les compagnies aériennes, la crise sanitaire constitue une opportunité pour Transavia de rattraper son retard sur les autres compagnies aériennes low-cost présentes dans l’Hexagone. Au cours des années précédant la crise, Easyjet, Volotea, Vueling ou Ryanair n’ont cessé de se développer dans le ciel français, en particulier sur les lignes transversales (régions-régions), en profitant de l’impossibilité de Transavia d’assurer des vols intérieurs. En effet, la filiale d’Air France n’avait pas le droit d’opérer des vols domestiques. Un accord de périmètre d’activité avec Air France et ses pilotes l’interdisait. La situation s’est débloquée l’été dernier avec la signature d’un nouvel accord. Dans la foulée, Transavia a débuté cet automne ses premières lignes intérieures, au moment où la concurrence des low-cost étrangères est au plus bas avec la faiblesse du trafic.
Résultat : grâce à la réduction de voilure de ses concurrentes provoquée par la crise, Transavia, qui accusait plusieurs années de retard, se retrouve aujourd’hui, sur un pied d’égalité. La probabilité pour la filiale d’Air France d’arriver sur une ligne déjà verrouillée par Easyjet ou Volotea sera beaucoup plus faible.
Il est peu probable néanmoins que les low-cost étrangères laissent le champ libre à Transavia. D’autant plus qu’elles risquent elles aussi de se focaliser sur les gros marchés domestiques en Europe, comme la France, appelés à redémarrer plus rapidement que les marchés internationaux, lesquels resteront pénalisés par les restrictions de voyage.
Néanmoins, ce scénario comporte un obstacle de taille : une telle course aux gains de parts de marché entraîne de fortes consommations de cash, et tous les transporteurs réfléchiront à deux fois avant de mettre des capacités en sièges. Les compagnies ayant les reins les plus solides seront évidemment les plus avantagées. Sur ce point, avec les aides d’État obtenues et à venir, le groupe Air France dispose d’une force de frappe inégalée.
(source La Tribune) 17 décembre
Le plan de l’UE pour les créneaux horaires dans les aéroports provoque un incendie dans l’industrie
Un plan de l’UE visant à rétablir la concurrence pour les créneaux horaires dans les aéroports l’année prochaine a suscité les critiques des grandes compagnies aériennes, qui ont averti qu’il pourrait entraîner un retour des « vols fantômes » vides.
La suspension des règles régissant les droits de décollage et d’atterrissage dans les aéroports autrefois très fréquentés, introduite au début de la pandémie COVID-19, est devenue plus conflictuelle. Les compagnies aériennes à bas prix sont impatientes de voir un retour à des règles normales exigeant que les titulaires utilisent 80 % de leurs créneaux horaires ou en cèdent certains à leurs rivaux.
La proposition de la Commission européenne vise à rétablir la règle du « créneau utilisé ou perdu » pour la saison d’été dans le nord, qui commence en mars 2021, mais avec un seuil inférieur de 40 %.
Adina Valean, commissaire aux transports, a déclaré que le plan annoncé mercredi permettrait de « trouver un équilibre » entre une concurrence loyale et le soulagement des compagnies aériennes touchées par la crise du transport aérien.
« L’effet de la dérogation actuelle est de geler la concurrence aux niveaux de 2019 sans qu’il soit nécessaire que la capacité soit effectivement utilisée efficacement », selon la proposition, rapportée pour la première fois par Reuters. « Il est temps d’établir une voie pour revenir à une application normale de la règle de l’utilisation ou de la perte ».
Mais les groupes de l’industrie de l’aviation dirigés par l’organisme des compagnies aériennes IATA ont déclaré que le plan de l’UE « n’aborde pas suffisamment l’étendue de la crise persistante dans le transport aérien », et ont appelé les gouvernements et les parlementaires européens à intervenir.
S’il n’est pas modifié, il « pourrait contraindre les compagnies aériennes à effectuer des « vols fantômes » », ont-ils déclaré dans un communiqué. Avant la dérogation, certains transporteurs effectuaient des vols à vide pour éviter de perdre des créneaux horaires, ce qui a suscité l’indignation des écologistes et du grand public.
L’IATA et le groupe d’aéroports ACI avaient proposé un régime permettant aux compagnies aériennes de restituer temporairement les créneaux excédentaires et de n’utiliser que 50 % de ceux qu’elles détenaient, sans perdre leurs droits l’année suivante.
Source Reuters 16/12/20.
Tourisme
14 millions de visiteurs en moins en Île-de-France au premier semestre 2020
La crise sanitaire a eu de très lourds impacts sur le tourisme francilien. L’Insee sort une étude qui révèle des chiffres alarmants sur le tourisme en Île-de-France au 1er semestre 2020.
L’Île-de-France est une des régions françaises les plus touchées dans le secteur du tourisme à cause de la crise sanitaire, d’après l’Insee.
L’Île-de-France est une des régions françaises les plus touchées dans le secteur du tourisme à cause de la crise sanitaire, d’après l’Insee. • © Ludovic Marin / AFP
Paris
Depuis le début de la crise sanitaire, les voyages de tourisme ont largement diminué. Paris et sa région ne font pas exception. Il y a eu 14 millions de touristes en moins en Île-de-France au 1er semestre 2020 par rapport à l’année 2019, a révélé l’Insee.
Habituellement, la région accueille 50 millions de visiteurs par an. Ainsi, rien qu’au premier semestre, il y a eu une perte de 28% de touristes. Il faudra attendre les résultats du 2e semestre pour comptabiliser l’ensemble des pertes.
Les chiffres révélés dans cette étude montrent que la région de la capitale est l’une des régions à avoir le plus souffert dans le secteur du tourisme en 2020. Il y a eu près de 70% de nuitées dans les hôtels en moins entre juillet et septembre 2020, contre 34% dans la France en entière. « Entre juillet 2019 et juillet 2020, le chiffre d’affaires du secteur de l’hôtellerie chute de 82 % à Paris », indique l’étude.
6 milliards d’euros de manque à gagner
Cela s’explique notamment par le fait que certaines des attractions touristiques les plus fréquentées n’ont rouvert que tardivement (le 25 juin pour la Tour Eiffel, mi-juillet pour Disneyland) et ont dû ensuite fermer à nouveau leurs portes au moment de la 2e vague arrivée à l’automne. D’autre part, l’Île-de-France est, avec la Guadeloupe, la région où la proportion d’hôtels ouverts en juin 2020 était la plus faible.
Ces données catastrophiques résulte évidemment en des pertes économiques colossales. L’Insee estime le manque à gagner provoqué par ce recul du nombre de touristes à plus de 6 milliards d’euros.
https://france3-regions.francetvinfo.fr 22/12/2020.
Impact du Covid-19 sur le tourisme : « Les pertes sont de 20 milliards d’euros en 2020 » estime le président des entreprises du voyage.
Les Français sont moins partis en vacances en cette fin d’année en raison du coronavirus. Ils sont majoritairement restés en France. Une exception, les Antilles françaises qui « ont retrouvé leur niveau de fréquentation en matière de transport aérien de Noël 2019 », a expliqué samedi 26 décembre sur franceinfo le président des EDV, les Entreprises du Voyage.
Sur l’année, la crise sanitaire liée au Covid-19 a lourdement touché le secteur touristique. « Les pertes sont de 20 milliards d’euros en 2020 », a chiffré Jean-Pierre Mas, qui a précisé que le secteur « a perdu entre 70% et 80% de son chiffre d’affaires ».
franceinfo : Quelle est la part de Français à être partis en vacances pour les fêtes de fin d’année ?
Jean-Pierre Mas : Quatre fois moins que d’habitude, cela représente environ 2 à 3 millions de personnes. Les Français ont privilégié la France et les résidences secondaires et le locatif. Les grands hôtels en montagne sont fermés, donc ils cherchent des appartements, des stations villages. Il faut pouvoir se nourrir à la maison puisque les restaurants sont fermés.
Est-ce qu’il y a des régions plus demandées que d’autres ?
On ne peut pas dire qu’il y ait de régions prisées. Les Parisiens ne sont pas allés très loin de chez eux, notamment à cause du couvre-feu. Donc, ils sont allés en Normandie, en Bretagne, dans le centre de la France. Les habitants des grandes métropoles ont suivi les mêmes méthodes avec une tendance à descendre vers le Sud pour chercher un peu de soleil.
Les départements d’outre-mer attirent beaucoup de monde. D’autres destinations attirent-elles les Français ?
Ils sont suivi les conseils du Premier ministre et sont allés dans les DOM. Les Antilles françaises ont retrouvé leur niveau de fréquentation en matière de transport aérien de Noël 2019. Mais il n’y a pas d’anticipation. Il y a vraiment du monde pour les vacances de Noël, il y a une progression des réservations pour le mois de janvier mais on n’est pas encore au niveau de l’an dernier, par contre pour les vacances de février, il n’y a pas de visibilité.
Quelles vont être les pertes dans le secteur du tourisme ?
Elles sont colossales, on a perdu entre 70% et 80% de notre chiffre d’affaires. Cela représente 20 milliards d’euros de perte en 2020. Cela met les entreprises en grande difficulté malgré les aides du gouvernement. Les agences de voyages, les tours opérateurs, l’hôtellerie, la restauration, ceux qui reçoivent les étrangers en France, toutes les entreprises du secteur sont touchés. On n’est pas très optimiste pour 2021. Pour le secteur du voyage d’affaire, on estime qu’on ne retrouvera pas le niveau de 2019 avant 2024 ou 2025, dans le secteur touristique cela va dépendre de la possibilité de voyager dans le monde
https://france3-regions.francetvinfo.fr 26/12/2020.
Pourquoi le Covid-19 pourrait avoir à long terme un impact sur le tourisme de masse.
Ces images ont fait ces derniers mois le tour du monde : les canaux de Venise retrouvant quiétude et limpidité, les plages paradisiaques de Thaïlande vidées de leurs visiteurs, les Champs-Elysées semblant un peu plus vastes que d’habitude… Parmi les nombreux effets de la pandémie de Covid-19, ceux sur l’industrie touristique sont particulièrement visibles et sensibles. Défini par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) comme « l’impact du tourisme sur une destination, ou sur des parties de celle-ci, qui influence de manière excessive et négative la qualité de vie perçue par les citoyens ou la qualité des expériences des visiteurs », le surtourisme regroupe l’ensemble des conséquences négatives attribuées à ce secteur.
Il est devenu ces dernières années une préoccupation majeure des acteurs de cette industrie. Un chiffre est révélateur de cette évolution : avec 1,4 milliard de touristes internationaux selon l’OMT, 2018 a été la neuvième année consécutive de croissance pour le secteur. L’OMT s’attendait à franchir ce cap en 2020, mais ses prévisions se sont réalisées deux ans plus tôt.
Plusieurs facteurs expliquent une telle progression. Au-delà des aspects démographiques liés à l’augmentation de la population mondiale, la première raison n’est autre que le développement du tourisme de masse. La généralisation des congés payés dans beaucoup de pays industrialisés, associée à une augmentation du pouvoir d’achat, a permis à partir des années 1960 d’ouvrir le tourisme à une grande partie de la population mondiale. Cette première vague a été suivie par une seconde, au début des années 2000, avec l’apparition de nouveaux segments de visiteurs venant, entre autres, de Chine.
En parallèle, le coût des voyages a considérablement diminué, sous l’impulsion de la croissance économique du tourisme, mais aussi de l’apparition de nouveaux business modèles, tels que les compagnies aériennes à bas coût ou encore Airbnb. S’ajoute à cela une tendance générale chez l’ensemble des acteurs du tourisme à rechercher la croissance à tout prix, guidés par le poids que représente le secteur dans de multiples économies. Ce qui favorise le court terme mais sans réfléchir aux potentielles incidences à long terme.
Sites et infrastructures en souffrent
Aujourd’hui, de nombreux sites touristiques dans le monde sont victimes de leur succès et reçoivent plus de visiteurs que leurs infrastructures ne permettent en théorie d’accueillir. Les conséquences sont humaines, notamment en ce qui concerne les conditions de vie des populations locales, mais aussi et surtout environnementales : émissions de CO2 et gaz à effet de serre, pollution des espaces naturels, besoin conséquent en énergie et en eau, etc.
La cité inca du Machu Picchu au Pérou a par exemple vu sa fréquentation annuelle passée de 200.000 visiteurs en 1987 à plus de 1.500.000 en 2018, causant ainsi des usures sur la surface en pierre.
Le problème est tel que des initiatives, institutionnelles et individuelles, se font de plus en plus pressantes. L’Unesco a par exemple menacé de retirer la ville croate de Dubrovnik de la liste des sites inscrits au patrimoine mondial de l’humanité si les autorités locales n’y faisaient pas diminuer le nombre de touristes tandis qu’à Venise, les habitants ont manifesté à de nombreuses reprises contre l’impact du nombre de touristes sur leur qualité de vie.
Pour s’attaquer au problème du surtourisme, plusieurs stratégies sont étudiées ou ont déjà été mises en place : de l’éducation des touristes à la fermeture ponctuelle de sites en passant par l’augmentation des prix et des taxes, ou l’étalement des touristes sur des périodes creuses. La portée de ces actions demeure toutefois limitée parce qu’elles viennent de l’intérieur du secteur, c’est-à-dire d’acteurs qui sont eux-mêmes fortement impliqués dans le tourisme.
De précédentes études ont montré que, de façon générale, pour que des changements radicaux aient lieu, un choc externe est nécessaire. Malgré ses conséquences désastreuses sur le secteur, une récente étude considère également la crise du Covid-19 comme une opportunité pour lutter contre le surtourisme. En raison de son caractère imprévisible, mais aussi de sa puissance inédite, la pandémie de Covid-19 a en effet forcé les acteurs du tourisme à se réinventer.
E-pèlerinage, fermeture annuelle…
Les auteurs de l’article prennent l’exemple de Lourdes. En tant que troisième pèlerinage au monde, le site a été durement touché par la Covid-19. La mesure la plus importante prise par la structure pour faire face à la crise a été pour le moins radicale : la création du premier pèlerinage virtuel au monde, « Lourdes United ». Organisé le 16 juillet 2020, ce pèlerinage virtuel a pris la forme d’un marathon de 15 heures, avec de multiples animations en ligne. L’article relate que non seulement Lourdes a largement bénéficié de cette stratégie radicale puisque 80 millions de followers ont assisté à l’événement, mais aussi qu’en passant d’un événement physique à un événement virtuel, Lourdes a trouvé une solution inattendue au problème du surtourisme.
Un autre exemple intéressant vient de Thaïlande, qui a su utiliser la crise sanitaire pour poursuivre un tourisme plus durable. Plusieurs sites locaux sont depuis longtemps confrontés à un problème de surpopulation, que ce soit Bangkok, Phuket ou encore Maya Bay, générant ainsi de multiples dommages environnementaux. Mais le blocus mondial à la suite de la première vague du Covid-19 a entraîné la fermeture de tous ces sites au public.
Les autorités thaïlandaises ont alors pu observer en conditions réelles dans quelle mesure des actions radicales bénéficient à la lutte contre le surtourisme. La fermeture des parcs pendant la pandémie a par exemple permis à l’habitat naturel de se régénérer et de ramener la faune, comme des baleines et des tortues, sur certains sites. Fortes de cette expérience forcée, les autorités ont pris la décision de fermer les parcs chaque année pendant deux à quatre mois, à partir de 2021, afin d’améliorer la conservation des zones.
Ce que les exemples de Lourdes et de la Thaïlande soulignent ici, c’est que les circonstances exceptionnelles fournies par la crise du Covid-19 ont permis aux acteurs du tourisme d’adopter des stratégies exceptionnelles qui n’auraient pas pu être prises en temps normal. Malgré ses conséquences désastreuses sur le secteur du tourisme à court et moyen terme, la crise du Covid-19 pourrait donc avoir des conséquences positives à plus long terme
https://www.lejdd.fr 25/12/2020.