La revue de presse économique de l’APST du 10 au 20 mars 2020
Avec Les Partenaires de l’APST
Aérien
Ben Smith annonce l’arrêt de 80 à 90 % de l’activité d’Air France d’ici à la fin de semaine
L’heure est grave à Air France. Le passage à la phase 3 de l’épidémie, décidé samedi soir par le gouvernement, est lourd de conséquences. Ce dimanche soir, Ben Smith, le patron d’Air France/KLM, a sonné l’alarme. Il s’est adressé à l’ensemble de ses collaborateurs via une vidéo enregistrée dans la soirée. D’un ton grave, il annonce « que l’activité d’Air France et Transavia France allait être réduite progressivement de 80 à 90%, d’ici la fin de la semaine ». Cette décision, lourde, prendra effet à partir de ce lundi. Elle signe l’arrêt quasi complet de l’activité.
« Ces dernières heures, tout a changé. Nous vivons un moment historique, où chacun d’entre nous a une immense responsabilité. A commencer par celle de limiter la propagation du coronavirus. Je sais que chacun d’entre vous en a conscience. C’est une épreuve que nous vivons tous ensemble. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Nous devons réduire au maximum les échanges, la circulation de nos collaborateurs et des voyageurs. C’est un devoir civique au moment où des frontières ferment et où des populations entières sont confinées. (…) Nous avons décidé d’immobiliser tous les Airbus A380 d’Air France. Comme nous avions décidé d’immobiliser tous les Boeing 747 de KLM », a expliqué le directeur général du groupe. (…)
« Nous avons demandé aux gouvernements de nous aider dans cette épreuve à travers des baisses de taxes et de charges, et des dispositifs d’activité partielle. Le dialogue avec les autorités est permanent et nous travaillons en bonne intelligence face à cette menace qui concerne bien plus que notre groupe, les nations toutes entières », s’inquiète le dirigeant dans son allocution vidéo.
Les mesures de chômage partiel épargneront cependant les salariés exerçant « des fonctions vitales », selon le quotidien du soir, le mode d’application de ces mesures devrait être décidé « durant la semaine ». (…)
L’action Air France- KLM, qui se portait déjà mal a vu son cours dégringoler encore plus avec le coronavirus perdant près de 50 % depuis le début de l’année. « Dans le secteur aérien, nous avons vécu des crises graves : le 11 septembre, le SRAS, le volcan islandais, et nous les avons toujours surmontées. Ce sera, j’en suis sûr, le cas à nouveau », a conclu Ben Smith annonçant par ailleurs qu’il allait réduire de 25 % sa rémunération.
https://www.lci.fr 16/03/2020.
Nouvelles Technologies
Les ventes de PC s’envolent avec le recours au télétravail
La France en télétravail, c’est la consigne des autorités. « Quand cela est possible, je demande aux entreprises de permettre à leurs employés de travailler à distance, a expliqué le Président dans son allocution télévisée de jeudi dernier.
De nombreuses entreprises ont pris les devants et équipé ces dernières semaines leurs effectifs de matériel informatique adéquat. « La demande sur le segment professionnel était soutenue depuis déjà un moment, explique Eric Lallier, directeur général de Lenovo France. Mais on constate actuellement une hausse additionnelle de 15 à 20 % liée au développement du télétravail ». Même son de cloche chez Dell et HP, les autres poids lourds du secteur.
Des ruptures de stock possibles
Le patron France de Acer, Angelo d’Ambrosio, s’en inquiète même un peu : « C’est indéniable. Sur la dernière semaine, nous avons fait +20 % sur les produits professionnels – PC portables et Chromebooks [des ordinateurs légers équipés du système d’exploitation de Google]. Les entreprises, et aussi certaines écoles privées, s’équipent. Pour l’instant, la marchandise est là. Mais si l’on continue sur cette lancée, il pourrait y avoir des ruptures d’ici un mois, un mois et demi ».
Le secteur est sous pression. Depuis de longs mois, l’indisponibilité de certains composants – notamment les processeurs d’Intel – a ralenti la chaîne de production. Puis les usines chinoises se sont mises quasiment à l’arrêt en début d’année en raison de l’épidémie. IDC a pronostiqué une rechute brutale des ventes de PC en 2020. Le redémarrage très progressif des centres de production chinois n’a pas apaisé les craintes.
Des machines portables et robustes
En face, la demande ne mollit pas. L’arrêt en janvier du support par Microsoft des versions 7 et 8 de Windows a poussé de nombreuses entreprises à renouveler leur matériel. L’essor du télétravail accélère la tendance. Il faut équiper d’ordinateurs portables ceux qui travaillaient sur un fixe. Et fournir des machines plus robustes, à la fois pour éviter des pannes compliquées à résoudre à distance et pour renforcer la sécurité des accès avec des solutions modernes comme la biométrie.
Certaines directions informatiques en profitent pour opérer des choix plus structurants encore. « Beaucoup d’entreprises qui utilisent G-Suite [un ensemble de logiciels de travail collaboratif commercialisés par Google] dans un environnement Windows sautent le pas du Chromebook, assure Angelo d’Ambrosio. Ils représentent 3 % du parc installé, mais on se dirige vers plus de 5 % à la fin de l’année. » Ce matériel est, par ailleurs, assez populaire dans les milieux scolaires. Avec la fermeture des écoles, collèges et lycées, la fièvre acheteuse pourrait se propager.
https://www.lesechos.fr 13/03/2020.
Ressources Humaines
La création d’emploi en progression en 2019
Le solde de la création d’emplois dans le secteur privé a été plus que positif l’an dernier. L’Insee a enregistré 263.100 postes, soit 1,5% de plus qu’en 2018. La hausse de 2019 est supérieure à celle de 2018 (158.100 créations nettes d’emplois), mais moindre qu’en 2017 où le solde avait atteint 335.600 postes. Au quatrième trimestre, la création nette avait progressé de 0,5% à 88.800 postes, un chiffre en accélération puisque le nombre de créations d’emplois avait été de 39.900 au précédent trimestre. Dans la fonction publique, on observe un ralentissement avec 9.000 postes au troisième trimestre, puis 2.100 postes au trimestre suivant. En tout, la France comptait fin décembre 19,74 millions d’emplois dans le privé, pour 5,8 millions dans le public.
En combinant les secteurs privé et public, la création d’emplois nette atteint 287.600 postes (dont 24.400 dans le public), un chiffre en hausse de 1,1%. Ce sont les services marchands qui sont les principaux pourvoyeurs d’emplois : +68.600 emplois nets au dernier trimestre (+0,5%), +201.000 sur l’ensemble de l’année. Le secteur de la construction a continué sa progression avec 10.100 emplois nets au dernier trimestre, pour un total de 45.000 postes sur l’année : « la plus forte hausse annuelle depuis 2007 », relève l’Insee.
19,74 millions de postes dans le secteur privé
Les services principalement non marchands enregistrent une hausse du nombre d’emplois créés de 11.900 postes en fin d’année, pour un total annuel de 27.700 emplois. En 2018, ce secteur était dans le rouge de 4.900 postes. Dans l’industrie, le solde au quatrième trimestre a été négatif (-200 postes), mais sur l’année il est dans le vert, avec une progression de 10.700 postes (+0,3%).
Enfin, dans l’intérim, c’est un solde négatif sur les trois derniers mois de l’année (-1.900 postes) et tout aussi négatif pour l’ensemble de l’année (-2.700). C’est tout de même mieux qu’en 2018, où le bilan avait été bien pire (-26.700). Hors intérim, l’emploi salarié progresse de 70.500 postes au quatrième trimestre, pour 203.800 emplois créés en 2019.
https://www.journaldeleconomie.fr/ 11/03/2020.
Tourisme
Près de 3.000 installations obsolètes dans les montagnes françaises
Depuis dix ans, la station du Col de Porte (Isère), ouverte en 1958, a supprimé certaines de ses remontées mécaniques. Son télésiège trois places du Charmant Som défigure toujours le paysage du Vercors. La nouvelle loi Montagne, votée en 2016, n’y changera rien : si elle exige des exploitants qu’ils prévoient le démantèlement des remontées mécaniques construites depuis cette date, rien n’oblige les propriétaires des stations abandonnées avant à remettre le site en état. Le démontage du télésiège isérois va donc rejoindre la longue liste des chantiers de nettoyage organisés par l’association environnementale Mountain Wilderness .
Cette ONG internationale, née en 1987 en Italie, s’est intéressée dès ses origines à la dépollution des installations obsolètes. « Il s’agit largement d’aménagements touristiques, mais aussi industriels, agricoles ou militaires », explique Carmen Grasmick, chargée de mission auprès de la branche française de l’association. Vestiges militaires, anciennes clôtures pastorales, aménagements sportifs désuets, monte-charges obsolètes, remontées mécaniques fermées… Selon un recensement réalisé il y a quelques années avec l’aide du ministère de l’Environnement, l’association dénombrait plus de 3.000 aménagements abandonnés dans les montagnes françaises.
Démantèlement à haute altitude
Depuis 2001, elle a débarrassé les sommets de plus de 500 tonnes de déchets de toutes sortes à l’occasion d’une cinquantaine de chantiers. « Nous avons développé une véritable expertise », poursuit la responsable de campagne. Démarches administratives préalables aux chantiers, négociations avec les propriétaires des terrains, mobilisation des effectifs nécessaires, gestion de la sécurité, démontage des câbles sous tension, découpage et évacuation des pylônes… Les demandes des collectivités pour débarrasser les espaces naturels de ces vestiges sont de plus en plus nombreuses. Au point que le référent technique de l’association pour les installations obsolètes, Jean-Paul Rochaix, est sur le point de créer son entreprise, REN (Restauration d’espaces naturels), pour répondre à ce marché.
L’ONG ne manque pourtant pas de bras pour participer à ces chantiers partout en France. « Au moins un millier de bénévoles », calcule Carmen Grasmick. L’an passé, l’organisation a par exemple mobilisé 253 d’entre eux pour venir à bout de 31 tonnes de déchets à l’occasion de 6 chantiers, dont le démontage de 2 monte-charges d’approvisionnement de refuges sur un site Natura 2000 de la commune de Lathuille en Haute-Savoie. Coût moyen : entre 5.000 et 20.000 euros selon la complexité des travaux, les outillages et les moyens humains, mécaniques ou héliportés nécessaires. En vingt ans, Mountain Wilderness a ainsi rassemblé près de 2.000 personnes autour de ces opérations.
Une annulation des Jeux olympiques de Tokyo coûterait cher au Japon
Alors que les économistes de Nomura prévoient une contraction de 0,7% du PIB du Japon cette année, la chute du PIB risquerait même atteindre 1,5% si les JO de Tokyo passaient à la trappe.
Alors que l’économie japonaise est déjà durement éprouvée par le ralentissement économique, accentué par les craintes liées au coronavirus, une annulation des JO d’été de Tokyo – certes pas encore officiellement envisagée – risquerait de coûter cher à l’archipel… Ce scénario du pire pour les organisateurs passionne déjà les économistes, qui tentent de prédire son impact sur l’économie japonaise. Faute de données fiables suffisantes, les avis divergent grandement mais ils s’accordent sur un point : JO ou pas JO, c’est surtout l’impact prolongé de l’épidémie mondiale de coronavirus qui risque de faire dérailler l’économie japonaise cette année.
Fin 2019, les organisateurs avaient estimé que le coût total de l’organisation des Jeux de Tokyo (24 juillet-9 août) devait s’élever à environ 1.350 milliards de yens (11,5 milliards d’euros) pour la partie japonaise. Cette enveloppe est répartie entre la ville de Tokyo (597 milliards de yen), le comité d’organisation japonais des JO (603 milliards de yens) et l’Etat central (150 milliards de yens). Cependant en réalité l’implication financière de l’Etat serait dix fois plus importante –1.060 milliards de yens– selon la Commission de vérification des comptes du Japon, qui préfère tenir compte des dépenses engagées depuis l’attribution des Jeux à Tokyo en 2013.
Les entreprises privées japonaises ont aussi largement sponsorisé l’événement, à hauteur de 348 milliards de yens (près de 3 milliards d’euros), un record. Par ailleurs ce montant n’inclut pas les partenariats mondiaux signés entre des multinationales et le Comité international olympique (CIO) et s’étalant sur plusieurs olympiades. Parmi ces géants figurent notamment les japonais Toyota, Bridgestone et Panasonic.
Quels secteurs seraient touchés ?
Pour Capital Economics, l’impact d’une annulation des JO de Tokyo serait limité pour l’économie japonaise, car le gros des investissements –notamment la construction de nouveaux équipements sportifs– a déjà été réalisé et a donc plutôt contribué au PIB national ces dernières années. Une annulation serait en revanche un nouveau coup dur pour le tourisme et la consommation en général dans le pays, qui sont déjà en crise depuis des mois au Japon. L’activité touristique dans le pays a commencé à souffrir dès l’été dernier de tensions historiques ravivées entre Tokyo et Séoul, qui ont entraîné un boycott massif du Japon par les touristes sud-coréens, le deuxième plus gros contingent de visiteurs étrangers au Japon après les Chinois.
Avec l’explosion de l’épidémie de nouveau coronavirus cette année, le Japon se retrouve à la fois privé de touristes de Corée du Sud et de Chine continentale, qui représentaient à eux seuls près de la moitié des 31,9 millions de visiteurs étrangers dans le pays en 2019. Cependant l’importance du tourisme pour l’économie japonaise, par ailleurs très diversifiée et industrialisée, est encore faible: ainsi les dépenses des touristes étrangers pesaient à peine 0,9% du PIB du Japon en 2018, selon le cabinet d’études économiques CEIC. La consommation des ménages au Japon est aussi en berne depuis octobre dernier, pénalisée par une hausse de la TVA dans le pays.
Quel impact sur le PIB ?
Les économistes de Nomura ont prédit une contraction de 0,7% du PIB du Japon cette année, qui pourrait même atteindre 1,5% si les JO de Tokyo passaient en outre à la trappe. Car l’annulation des JO devrait aussi « affecter la confiance des consommateurs japonais », en plus de priver le pays de 240 milliards de yens (2 milliards d’euros) de recettes liées aux spectateurs étrangers, estime Takashi Miwa, économiste de Nomura interrogé par l’AFP.
Tokyo-2020 ne divulgue pas son estimation de visiteurs étrangers censés venir spécialement pour les Jeux cet été, se contentant de rappeler que 4,5 millions de billets ont déjà été écoulés au Japon et qu’environ 7,8 millions de billets doivent être attribués au total, dont 20% à 30% pour l’international. Le ministère nippon du Tourisme avait tablé en 2018 sur 600.000 spectateurs étrangers pour les Jeux de Tokyo.
Se basant sur un scénario plus modeste de 300.000 visiteurs étrangers pour les Jeux, les économistes de SMBC Nikko Securities ont quant à eux tablé sur un impact négatif de 1,4 point de pourcentage sur le PIB japonais en cas d’épidémie prolongée jusqu’en juillet et de JO annulés. Dans le cas de figure où l’épidémie serait stoppée en avril, permettant aux JO de se tenir comme prévu, l’effet négatif sur le PIB nippon serait limité à 0,9 point de pourcentage, toujours selon SMBC Nikko.
https://www.capital.fr 11/03/2020.