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  • 11 juin 2018
  • Par APST

La revue de presse économique du 1er au 10 juin 2018

Lettre économique partenaires APST

Aérien.

 

 Singapore Airlines lance le vol le plus long au monde.

D’ici quelques mois, la compagnie aérienne Singapore Airlines s’apprêtera à battre un record en inaugurant le vol le plus long du monde reliant Singapour à New York.

Au mois d’octobre prochain, Singapore Airlines va réaliser un vol destiné à battre le précédent record de distance parcouru par un Boeing 777-200LR de Qatar Airways entre Doha et Aucklan en 2017.

La guerre des compagnies

Si ce vol entre la capitale du Qatar et l’Australie s’était effectué sur 14 535 kilomètres, celui que s’apprête à réaliser Singapore Airlines entre Singapour et Newark (New Jersey) fera pour sa part la distance de 15.330 km.

Bien que la compagnie assurait déjà un vol sans escale vers Newark il y’a quelques années, la hausse du coût du kérosène ne permettait plus depuis 2013 d’assurer la rentabilité de son quadriréacteur A340-500 d’Airbus.

Le record prochain devrait s’effectuer avec l’A350-900ULR, la version ultra-long-courrier de l’A350, dont Singapore Airlines a fait l’acquisition de sept exemplaires. Selon les calculs de la compagnie aérienne, le voyage sans interruption entre Singapour et New York devrait s’effectuer en 19 heures

voyage.gentside.com 04/06/18.

 

 L’aéroport de Toulouse Blagnac 2e meilleur aéroport français dans un classement mondial.

Une belle seconde place pour l’aéroport Toulouse-Blagnac. Selon un classement publié par Airhelp qui recense les meilleurs aéroports au monde, l’aéroport toulousain se hisse sur la deuxième marche du podium des aéroports français, derrière l’aéroport de Bâle-Mulhouse et avant celui de Bordeaux, Lyon ou encore des deux aéroports parisiens (Orly et Charles-de-Gaulle).

Niveau mondial, c’est à la 94e marche qu’il se place au sein de ce palmarès international. Avec une moyenne de 7,33, Toulouse-Blagnac tire son épingle du jeu grâce à un niveau de ponctualité et une qualité de service supérieure à 7 sur 10. A titre de comparaison, l’aéroport Bordeaux-Mérignac écope d’une moyenne de 6,37, une note impactée par une qualité de service évaluée à 5,6 sur 10 contre 7,4 à Toulouse. L’aéroport bordelais se classe à la 133e place.

Devant les deux aéroports parisiens

Meilleur que les Parisiens ? A en regarder ce classement, c’est unanime puisque Paris-Orly n’obtient que la 138e place sur 141 tandis que Paris Charles-de-Gaulle atteint la 128e place.

Du côté des meilleurs au monde, l’aéroport d’Hamad, situé à Doha, capitale du Qatar, rafle la première place avec une évaluation moyenne de 8,8 suivi de près par celui d’Eleftherios Venizelos Airport (Athènes) avec une note de 8,7 et enfin la troisième place est occupée par l’aéroport international de Tokyo au Japon (8,6 sur 10).

Des centaines de critères

Comment ce classement a-t-il été réalisé ? Le taux de ponctualité a été calculé par AirHelp sur les trois derniers mois grâce aux statistiques des vols au départ de chaque aéroport. Pour évaluer la qualité de service des centaines de critères sont pris compte comme notamment le confort des terminaux d’aéroport ou l’accueil aux comptoirs d’enregistrement. Les avis des passagers sont aussi pris en compte dans la note global.

La startup AirHelp, spécialisée dans l’aide aux passagers aériens a analysé sémantiquement les tweets en anglais laissés par les passagers. Ce pan correspond à 10% de la note globale de l’aéroport.

www.ladepeche.fr 07/06/18.

 

Conjoncture.

 

 Le ralentissement économique se confirme en France.

Coup de mou pour la croissance économique. Elle a atteint 0,2 % en France au premier trimestre, soit 0,1 point de moins que ce qui avait été préalablement annoncé, selon  une deuxième estimation publiée ce mercredi matin par l’Insee. Cette révision à la baisse s’explique par un ralentissement plus net que prévu de l’investissement des entreprises, mais aussi de la consommation des ménages, précise l’institut national de statistiques.

Elle marque un coup d’arrêt par rapport au quatrième trimestre 2017, où la croissance a atteint 0,7 %, mais aussi par rapport aux trimestres précédents, marqués par une croissance plus forte qu’annoncée (0,7 % aux deuxièmes et troisièmes trimestres).

Dépenses des ménages « atones »

Dans le détail, les dépenses de consommation des ménages ont progressé de 0,1 % entre janvier et mars, alors qu’elles avaient augmenté de 0,2 % lors des trois mois précédents. La consommation en biens est « en léger repli » pour le deuxième trimestre consécutif tandis que celle en services « ralentit légèrement », précise l’Insee, qui qualifie les dépenses des ménages d’« atones ».

Les investissements des entreprises se sont de leur côté effondrés, pour atteindre +0,1 % au lieu des 0,5 % jusque-là annoncés. « Ce ralentissement est principalement dû au repli de l’investissement en biens manufacturés (-1,3 % après +1,6 % au dernier trimestre 2017) », précise l’Insee. D’après l’organisme public, l’investissement des ménages a lui aussi marqué le pas, avec une croissance de 0,2 % contre +0,6 % au trimestre précédent, « en raison d’un ralentissement dans le secteur de la construction ».

Le commerce extérieur, qui s’était fortement redressé entre octobre et décembre, a quant à lui eu un effet nul sur la croissance : les exportations ont ainsi reculé de 0,3 % (après +2,3 %), mais les importations ont connu une dynamique similaire (-0,3 %, après +0,1 %).

Un signal inquiétant

Ce coup de mou ne remet toutefois pas en cause à ce stade l’« acquis de croissance » pour 2018 – c’est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait si l’activité stagnait d’ici à la fin de l’année. Selon l’Insee, ce dernier se maintient à 1,2 %, en raison de la dynamique héritée de l’année 2017, marquée par une croissance soutenue (2,2 %, soit le plus haut niveau depuis 10 ans).

Elle constitue néanmoins un signal inquiétant, d’autant que la tendance qui se dégage pour le deuxième trimestre n’est guère encourageante : selon la Banque de France, la croissance devrait en effet continuer à patiner au printemps, sur un rythme de 0,3 %

Le gouvernement, dans son programme de stabilité budgétaire publié mi-avril, a dit parier sur une croissance de 2 % cette année. Ce chiffre est légèrement supérieur à la prévision de la Banque de France (1,9 %) mais inférieur à celui du FMI (2,1 %).

www.lesechos.fr 31/05/18.

 

 SNCF/Air France : le tourisme d’affaires éprouvé par deux mois de grèves combinées.

« Il y a eu un impact des conflits sociaux » sur le tourisme, estime le Quai d’Orsay. Certains secteurs ont constaté une baisse de 50% de leur chiffre d’affaires.

Les grèves SNCF et Air France, qui se conjuguent depuis deux mois, pèsent sur le tourisme d’affaires et le secteur événementiel, les professionnels craignant, au-delà d’une simple baisse d’activité, une perte d’attractivité pour la France. Entamé le 3 avril, le mouvement des cheminots a connu ce weekend sa treizième séquence de deux jours de grève sur cinq. Et à Air France, 15 journées de grève ont été organisées entre fin février et mai.

« Le plus touché est le tourisme d’affaires ». « Il y a eu un impact des conflits sociaux » sur le tourisme, indique-t-on au Quai d’Orsay, ministère en charge du secteur : « l’impact est différencié car Paris tire très bien sa carte du jeu, mais d’autres secteurs comme le tourisme d’affaires et les séminaires, ainsi que certaines capitales régionales, ont été frappés », car très dépendants des transports. Dans l’hôtellerie, plus que le tourisme de loisirs, « le plus touché est le tourisme d’affaires », confirme Roland Héguy, président de la principale organisation patronale Umih.

« Arrêt net et significatif ». Concernant l’activité spécifiquement liée aux congrès et aux séminaires professionnels, « on a constaté un arrêt net et significatif depuis le début de la grève, et qui va en augmentant car les entreprises ne souhaitent pas prendre de risques », souligne Roland Héguy. « On est à -50 % de chiffre d’affaires sur ce segment depuis le début des grèves et ça ne bouge pas, malgré un mois de juin traditionnellement très fort pour ce tourisme-là en France. C’est un coup dur étant donné que tout se présentait bien initialement pour 2018 », déplore-t-il. D’autant que l’hôtellerie n’a pas tout à fait retrouvé ses niveaux d’avant les attentats de 2015 en termes de RevPar, le revenu par chambre disponible qui est l’indicateur clé du secteur.

7,8 milliards de retombées économiques. En France, chaque année, quelque 1.100 foires grand public et salons professionnels ainsi que quelque 2.800 congrès scientifiques sont organisés, qui se traduisent par 7,8 milliards d’euros de retombées économiques et 120.000 emplois, rappelle la filière. « Il y a et il y aura encore des retombées en raison de l’image déplorable de la France qui a été donnée, un pays où on ne peut pas se déplacer » quand il y a des grèves, renchérit Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage qui regroupe les agences de voyage françaises. S’il est difficile de chiffrer précisément le manque à gagner, le cabinet spécialisé Protourisme estime qu' »on a largement explosé le milliard d’euros » dans l’hébergement, les transports, et pour les événements professionnels annulés.

« Nouvelles habitudes de réservation vers les concurrents ». « Cela touche le tourisme mais aussi, et c’est encore plus grave, les déplacements professionnels », résume Alain Capestan, PDG de Comptoir des Voyages. « Les conséquences pour Air France sont désastreuses » car les grèves « conditionnent de nouvelles habitudes de réservation vers ses concurrents, notamment sur le segment des déplacements professionnels et des voyages haut de gamme », estime-t-il.

www.europe1.fr 06/06/18

 

 Le pétrole risque de plomber les résultats des compagnies aériennes en 2018.

La hausse du prix du pétrole et celle des coûts de main d’œuvre auxquelles est confrontées actuellement le transport aérien mondial ont contraint IATA à revoir à la baisse ses prévisions financières pour l’année en cours. Les économistes estiment désormais les bénéficies à 33,8 milliards de dollars, soit une marge nette de 4,1%. Cette révision est la conséquence de l’inflation des coûts.

Hausse attendue de plus de 25% du carburant avion

IATA table désormais sur un prix du baril de pétrole (Brent Crude) à 70$ contre 54,9$ en 2017 (+27,5%). Initialement, l’estimation pour 2018 se situait à 60$. Le prix du carburant avion devrait atteindre 84$ le baril (+25,9%). La part du carburant dans les couts directs d’opération devrait passer de 21,4% en 2017 à 24,2% en 2018.

Le chiffre d’affaires du transport aérien devrait atteindre 834 milliards de dollars soit +10,7% de hausse par rapport à 2017. La hausse du transport de passagers attendue est de +7% en 2018, contre +8,1% en 2017. Elle reste néanmoins supérieure à la moyenne des vingt dernières années qui s’établit à +5,5%.

4,36 milliards de passagers escomptés

Alors que la capacité offerte devrait augmenter de +6,7% (comme en 2017), le nombre des passagers devrait atteindre 4,36 milliards soit +6,5% de plus par rapport à 2017. Le coefficient de remplissage devrait rester quasiment stable : 81,7% en 2018 contre 81,5% en 2017. Quant à la demande de fret, elle devrait augmenter de +4,0% contre +9,7% en 2017, pour atteindre 63,8 millions de tonnes transportées (contre 61,5 millions en 2017).

Alors que les compagnies américaines devraient réalisées un bénéficie de 15,67 $ par passager en 2018, les européennes devraient se contenter de 7,58$ (7,53$ en 2017). Il est évident que ces estimations pourraient être remises en questions par les velléités protectionnistes de l’administration Trump, le retrait des USA de l’accord sur l’Iran ou encore les conséquences du Brexit. Pour les prévisionnistes de tomber à côté de la plaque, les raisons ne manquent !

www.aerobuzz.fr 07/06/18.

 

Économie.

 

 Patrimoine : un ménage sur deux a plus de 158.000 euros

158.000 euros. C’est la limite qui sépare les Français en deux groupes en matière de patrimoine brut. Autrement dit, selon la publication de l’Insee parue ce mardi (sur la base de chiffres de 2015), un ménage sur deux a plus de 158.000 euros de patrimoine hors dettes.

Des disparités évidentes

Dans le détail, il apparaît que la moitié la population la plus aisée (donc au-dessus de 158.000 euros de patrimoine) concentre 92% de la masse totale de patrimoine.

Les 10% de foyers les plus riches possèdent quant à eux 47% du patrimoine cumulé. L’insee précise que pour intégrer cette catégorie des ménages les mieux dotés, il faut avoir au minimum pour 595.700 euros d’actifs bruts.

Quant au centile de ménages du haut du panier (autrement dit les 1% les plus aisés), ils contrôlent 16% du patrimoine global des ménages.

A l’inverse, les 10% de foyers les plus pauvres ont au maximum 4.300 euros de patrimoine et concentrent moins de 0,1% de la richesse totale.

Des inégalités plus marquées depuis près de 20 ans

D’une manière générale, le patrimoine moyen a doublé depuis 1998. Mais la progression n’a pas été le même dans toutes les catégories. Pour les 10% de ménages les plus aisés, la progression a été de 113%. En revanche, les 10% de ménages les plus pauvres ont vu leur patrimoine moyen fondre de 31% sur la période.

L’insee note toutefois que la situation s’est légèrement améliorée depuis 2010. A cette date, le patrimoine moyen des 10% les plus riches était 38 fois plus élevé que le patrimoine moyen des 10% de foyers les plus pauvres. En 2015, ce coefficient est redescendu à 33.

L’immobilier en pointe

Depuis 1998, la valeur du patrimoine immobilier des Français a augmenté de 133%, essentiellement jusqu’en 2010. Ceci explique en grande partie le creusement des inégalités. De fait, l’immobilier est très présent dans le patrimoine des classes moyennes et des foyers aisés (entre deux tiers et trois quarts du total) alors que les 30% de foyers les plus pauvres n’ont quasiment pas d’immobilier.

Le patrimoine financier a quant à lui progressé de 75% depuis 1998. Si sa valeur a baissé chez les plus pauvres, elle a revanche augmenté de moitié autour de la médiane et doublé pour les 10% de foyers les mieux dotés.

Compte tenu de ces éléments, on peut enfin estimer que la part de l’immobilier dans les patrimoines est passée d’environ 52% à 60% entre 1998 et 2015

https://argent.boursier.com 06/06/18.

 

Emploi.

 

 Boom de l’emploi dans la filière bio.

Les créations de postes s’accélèrent dans le bio. Selon les dernières estimations de l’Agence Bio, la filière représente désormais 134.500 emplois directs en équivalent temps plein dans l’Hexagone. Soit une hausse de 14 % par rapport à l’an dernier. « On est en train de changer de dimension, en particulier sur la question de l’emploi », a souligné vendredi Florent Guhl, le président de l’Agence Bio, lors d’une conférence de presse. Sur les cinq dernières années, la progression a été en moyenne de 9,5 % par an.

La partie agricole représente l’essentiel des emplois recensés avec 88.400 postes, devant la distribution (28.900), la transformation (15.000 postes) et les services de type conseil ou formation (2.200 emplois).

Des exploitations plus intensives en main d’oeuvre

A quoi tient ce succès ? L’engouement des Français pour les produits bio et sa diffusion croissante dans les grandes surfaces expliquent bien sûr ce développement à marche forcée. Plus intensives en main-d’oeuvre, souvent dédiées aux fruits, aux légumes et à la vigne, les fermes biologiques ont plus de salariés que leurs équivalents en conventionnel. 12,5 % des emplois agricoles français se situent aujourd’hui dans le bio alors que les exploitations ne représentent que 6,6 % de la surface agricole utile de l’Hexagone. Mais les industriels grossissent aussi, à l’image de Lea Nature, le numéro deux du secteur derrière Bjorg, qui vise un chiffre d’affaires de 340 millions d’euros cette année.

Un marché de 8,3 milliards

En revanche, le développement des exploitations bio françaises ne permet pas de répondre à l’envolée d’un marché, qui a bondi de 17 % l’an dernier , pour atteindre 8,3 milliards d’euros. Les importations de produits bio ont encore progressé de deux points l’an dernier pour représenter 31 % des volumes consommés en France. Le gouvernement espère contrer le phénomène avec son plan Ambition bio visant à faire passer le bio de 6,6 % à 15 % des surfaces agricoles utiles en 2022. Si certaines régions comme le Gers et la Drôme sont très en avance, la Bretagne, tournée vers l’agriculture intensive, est à la traîne ainsi que la filière céréales. Un domaine où la France, premier producteur européen, doit importer des céréales bio.

L’année 2017 a également été marquée par le boom des ventes en GMS , avec des hausses de 27 % pour l’épicerie et de 22 % pour les fruits et légumes frais. Aujourd’hui, ce circuit assure 46 % de la distribution des produits bio contre 36 % pour la distribution spécialisée. Une évolution qui inquiète les pionniers du bio, qui voient du coup arriver des niveaux de promotions similaires à ceux du secteur conventionnel.

www.lesechos.fr 03/06/18.

 

Tourisme.

 

 Le tourisme de masse est en plein boom : quel impact sur le réchauffement climatique ?

Une étude scientifique internationale pointe la responsabilité du développement mondial du tourisme de masse, dans le changement climatique en cours sur la planète

On a compté 1,3 milliard de voyageurs dans le monde en 2017. Tout autour de la planète, le tourisme connaît une croissance exponentielle phénoménale qui ne devrait pas mollir.

Revers de la médaille de l’expansion d’une activité économique en plein boom, agréable pour celles et ceux qui peuvent s’y adonner en profitant de leurs loisirs, ce secteur représente désormais 8% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Quant au poids de son impact sur le climat, il aurait été sous-estimé jusqu’ici, pointe une étude scientifique internationale, intitulée « The carbon footprint of global tourism », publiée le 7 mai dernier dans « Nature Climate Change ».

Selon les travaux de  ses auteurs, entre 2009 et 2013, l’empreinte mondiale du secteur est ainsi passée de 3,9 à 4,5 gigatonnes équivalent CO2. Soit une augmentation de +15% en cinq ans. Soit encore, quatre fois plus que ce que les évaluations précédentes laissaient envisager, ont-ils calculé.

La mise en garde des scientifiques

« Le tourisme est à l’origine d’environ 5% des émissions mondiales de CO2 », rappelait en 2011 l’étude « Les stratégies nationales du tourisme et du climat » de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) du ministère français de l’Ecologie. « Faut-il envisager des mesures spécifiques au tourisme en matière de politique climatique ? », s’interrogeait alors l’étude, en notant qu’avec plus de 8% des arrivées touristiques, l’activité française dans ce domaine avait un impact supérieur sur le climat.

L’explosion mondiale des dépenses touristiques

Fort pertinente, la question est plus que jamais d’actualité. Durant les cinq années considérées par l’étude publiée récemment, les dépenses touristiques dans le monde ont explosé : elles sont passées de 2 500 milliards de dollars à 4 700 milliards. La demande est telle qu’elle ne peut être compensée par les seuls efforts menés pour verdir l’activité, notent les auteurs de la publication. Et ce n’est pas fini. Ces derniers basent leurs projections sur une croissance annuelle du secteur de 4%, jusque dans les années 2025 au moins. Et appellent à une surveillance continue de la situation.

Pays à hauts revenus, avions, course au gigantisme des paquebots, consommation tous azimuts…

Après avoir passé au crible 160 pays, l’équipe de chercheurs constate que l’impact carbone du tourisme, national ou international, vient pour une large part de pays à revenus élevés, notamment via les transports aériens, qui pèsent pour 20% des émissions de gaz à effet de serre produites par l’ensemble des activités liées au tourisme.

53 paquebots ont fait escale à Bordeaux dans le port de la Lune en 2017.

En ligne de mire, aussi, dans une moindre mesure, la pollution engendrée par la multiplication et la course au gigantisme des paquebots de croisière qui sillonnent les mers. Grande escale touristique, Bordeaux s’inquiète ainsi des émissions de particules fines engendrées par ces géants des mers, amarrés à ses quais.

Logement, alimentation, shopping…

Mais la consommation par les touristes des biens et services (logement, alimentation, shopping…), contribue aussi à accroître l’impact climatique du tourisme. Un critère mal pris en compte jusqu’à présent. Les précédentes évaluations n’incluaient pas certains pans soutenant indirectement ces activités (la déforestation par exemple) ni tout leur cycle de vie, notent les auteurs de l’étude.

Sans surprise, c’est dans les pays et les régions du monde à revenus moyens que l’on enregistre la hausse des émissions de CO2 liée au tourisme la plus spectaculaire, constatent-ils. Ainsi, en 2013, si les Etats-Unis affichaient la plus forte empreinte carbone touristique, ils étaient suivis par la Chine, l’Allemagne, l’Inde, le Mexique et le Brésil. En revanche, les habitants des pays de destination touristique populaire comme la Croatie, la Grèce ou la Thaïlande,  subissaient eux, le plus fort impact généré par des visiteurs étrangers dans leur pays.

Le poids croissant de la Chine et de l’Inde

« Nous voyons la demande touristique venue d’Inde et de Chine croître rapidement, et nous nous attendons à ce que la tendance se poursuive au cours de cette décennie », explique ainsi Ya-Yen Sun, de l’Ecole de commerce de l’Université américaine du Queensland, co-auteur de l’étude. Rien de plus normal : les habitants de ces pays en plein essor économique voient en effet leurs conditions de vie s’améliorer et leurs revenus augmenter. Et par voie de conséquence, ils voyagent et voyageront eux aussi de plus en plus.

Bordeaux capte une part non négligeable du colossal potentiel de visiteurs venus de Chine. Ici, le 11 mai 2018, place de la Comédie.

Bordeaux capte une part non négligeable du colossal potentiel de visiteurs venus de Chine. Ici, le 11 mai 2018, place de la Comédie. ©Crédit photo : Stephane Lartigue

Pour le climat, « réduire les émissions du transport est donc un point clé »

Le plus inquiétant pour le climat et la planète reste donc à venir. « Outre la taille de la population, ce qui est préoccupant est que les gens tendent à voyager plus loin, plus fréquemment, et par avion, avec des revenus accrus », ajoute l’universitaire qui précise : « Réduire les émissions du transport est donc un point clé ». Les projections à 2025 vont en effet de 5 gigatonnes équivalent CO2 à 6,5 gigatonnes équivalent CO2. Et pour les réduire, tout dépendra des mesures prises.

Une taxe carbone ?

Or, jusqu’à présent, ni les incitations à « voyager responsable » ni les technologies n’ont permis de faire bouger les choses, notent les scientifiques. « Les changements de comportement de la part des voyageurs (voyager moins, plus près de chez soi, ou même régler une compensation carbone) s’avèrent lents et marginaux », constate Ya-Yen Sun. Et si l’on peut espérer des « améliorations technologiques », par exemple en terme d’efficacité énergétique, « les progrès restent lents », pointent ses collègues. Ces derniers estiment qu’imposer une taxe carbone ou un système d’échanges de quotas d’émissions, notamment aux services aériens, pourrait se révéler indispensable, « pour accroître la pression » sur ces gros émetteurs de CO2.

L’intérêt de l’industrie du tourisme…

La station de ski de Gourette (Pyrénées-Atlantiques) en manque de neige, le 24 décembre 2014. Un spectacle qui devrait devenir de plus en plus fréquent.

Il y va de l’intérêt de l’industrie du tourisme elle-même de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, « parce que beaucoup de ce qu’elle « vend » dépendra de la préservation de l’environnement », relevait Patricia Espinosa, secrétaire climat de l’ONU, en marge du nouveau round de négociations sur le climat qui s’est tenu  du 30 avril au 10 mai à Bonn, en préparation à la COP 24 de Katowice (Pologne). A titre d’exemple, en France, notamment dans les Pyrénées, en région Nouvelle-Aquitaine, certaines années, on voit déjà les conséquences du réchauffement climatique sur les activités de sports d’hiver, à travers le raccourcissement de la saison et la fragilisation des stations de moyenne montagne.

… et de l’humanité

Mais il y va aussi et surtout de l’intérêt de la planète et donc de l’humanité toute entière : globalement, le tourisme est responsable de quasiment un dixième des émissions de CO2 mondiales, comme le montre l’étude publiée par Nature Climate Change. Quant à l’aviation, dont le nombre total de passagers devrait quasiment doubler à 7,8 milliards par an d’ici 2036, selon l’IATA (l’Association internationale du transport aérien), et dont le secteur des vols internationaux, notamment les vols long-courriers, comptent parmi les  plus florissants, elle pèse pour près de 2% des émissions de CO2 générées par les activités humaines.

L’accord du climat de Paris

L’un des très gros hic dans la lutte contre le réchauffement climatique, c’est que l’accord du climat de Paris qui, adopté fin 2015 par la communauté internationale, vise à contenir la hausse du mercure au-dessous de + 2°C par rapport à la Révolution industrielle, afin de maintenir une planète vivable pour l’espèce humaine, ne prend en compte ni l’aviation ni le tourisme. Ce qu’avaient d’ailleurs dénoncé les ONG environnementales lors de la COP 21.

Un vide inquiétant, quand on sait que d’ici à 2030, le nombre de touristes dans le monde, 1,3 milliards en 2017, devrait quasiment doubler en comptant 2 milliards de voyageurs. Et que, à ce stade, les engagements des pays, s’ils sont tenus, conduisent le monde à au moins + 3°C, selon la communauté scientifique internationale.

www.sudouest.fr 04/06/18.

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