Prix sur le web : méfiez-vous de Google
Internet et sa pléthore de sites et d’offres low-cost tendent à faire penser que les tarifs sont moins élevés sur le web. Oui et non. Car si certains se positionnent en effet sur des packages à très bas prix, la donne est faussée par Google, le géant américain, qui fixe les règles et applique des tarifs de référencement de plus en plus chers. Résultat, ce n’est pas la qualité qui est mise en avant auprès du voyageur. Et surtout, c’est lui qui en fait les frais.
Face à “l’ogre Google”, les agences de voyages ont des armes pour résister… Explications avec Jean-Pierre Nadir, PDG de Easy Voyages, et Pascal Perri, conférencier à la convention du SNAV Méditerranée.
Et le consommateur ?
L’éventualité de voir disparaître de nombreux acteurs devant le rouleau compresseur de Google est réel. C’est ce que clame à qui veut l’entendre Jean-Pierre Nadir : « Je suis en partie dépendant de Goolge puisqu’il occupe 95 % de part de marché en France. Il devient de plus en plus cher d’être référencé par lui et je suis à la merci du moindre changement unilatéral des règles que lui seul maîtrise », bigre. Et le consommateur ? Bénéficie-t-il de prix moins chers ? « Non, dénonce Pascal Perri. L’accès au consommateur est désormais basé sur un mode d’enchères. Il ne suffit plus de payer pour votre référencement, il faut désormais être mieux-disant. Le problème, c’est que ces surcoûts sont répercutés sur le consommateur. J’ai fait une étude, sur toutes les catégories de produits et sur toutes les gammes de prix. Mes conclusions sont sans équivoque : les prix des liens sponsorisés sont en moyenne 25 % plus chers ». Sic.
Le référencement au mérite mis à mal
Rappelons que les liens sponsorisés sont légèrement grisés et se situent sur le côté droit de votre écran, quand vous êtes sur une page de Google. La partie principale, au centre, représente le classement obtenu par le référencement naturel et payant. Si l’on sait que 90 % des internautes ne vont pas au-delà de la page 1, on comprend l’importance de détenir les toutes premières places. Un site qui fait bien son travail et qui investit suffisamment dans le référencement naturel devrait conserver toutes ses chances de maintenir ses positions. Pascal Perri nous met en garde : « C’est de moins en moins vrai. Je vois le moment arrivé où le référencement au mérite, c’est-à-dire celui obtenu par le SEO, aura disparu. Regardez l’évolution entre 2008 et maintenant : le haut de la partie centrale de votre page Google est désormais occupé par des positions uniquement payantes ». Avec les smartphones, le phénomène sera encore plus accentué par l’effet induit des écrans plus petits. Encore moins de place pour le référencement au ‘’mérite’’.
Et le tourisme ?
La part de marché de l’e-tourisme dans les e-commerces s’élève à 35 % et représente près du quart du chiffre d’affaires global de Google. Comme ces revenus sont à 90 % publicitaires, on peut comparer le champion de San Francisco à une immense entreprise de communication. En soi, ce n’est pas choquant, si ce n’est qu’il a stocké des milliards de données sur nos préférences commerciales… Et Pascal Perri de conclure : « Quand un service est gratuit, c’est vous le service ». À bon entendeur…
Et les agences de voyages ?
Il faut faire ce que Google ne sait pas faire. C’est le message de Pascal Perri qui compte sur la proximité pour donner des arguments aux points de vente physiques en listant leurs atouts : la complexité, l’orfèvrerie, donner des assurances et des garanties, dialoguer, échanger, orienter, témoigner, personnaliser… et, précise-t-il, « la part du crosscanal restera toujours significative. C’est rassurant pour les agences de voyages surtout si l’on sait que les clients qui sont sur plusieurs canaux consomment plus ». La palette des moyens digitaux à la disposition des commerces de proximité ne cesse de s’élargir : tag, publicité sur Facebook des clients qui sont dans votre rue, web-to-shop, exploitation de la longue traîne sur votre site internet, avis de vos clients à faire partager à vos autres clients, emailing personnalisé, relance automatique à l’aide de votre CRM, push de conciergerie pendant les vacances de vos clients, exploitation du profil de vos clients avec segmentation des promotions, etc.
Expertise
Google et les OTA ne pourront jamais, car ce ne sera plus rentable pour eux, descendre dans de ‘’l’orfèvrerie’’. Les nouvelles technologies vont vous faire gagner du temps et vous aider à prendre le virage digital pour renforcer votre position de proximité avec vos clients. Et Pascal Perri termine sur ce conseil : « N’ayez pas de complexe par rapport au prix. Même en période de croissance, les clients cherchent à payer moins cher. Sachez vous valoriser en vendant votre expertise ».
Par Rémi Bain-Thouverez
Rédacteur en chef d’i-tourisme