Google, mon meilleur ennemi
La formule « Google, mon meilleur ennemi », popularisée par Jean-Pierre Nadir, PDG de Easy Voyages, aurait pu être reprise par Pascal Perri lors de la convention du SNAV Méditerranée dont le thème était la proximité. Comment une agence de voyages locale peut-elle résister à la concurrence directe de Google et, en même temps, tirer parti du méta-moteur de recherche ? La question est existentielle pour la distribution traditionnelle et, heureusement, les solutions existent.
La sempiternelle question est bien celle de savoir comment tirer parti de Google sans être mangé par lui ? Pascal Perri, économiste spécialisé sur les problématiques de concurrence, écrivain, auteur d’études de référence sur le thème des low costs, membre des ‘’Grandes Gueules’’ de RMC, journaliste sur BFM Business et, enfin, conférencier à la convention du SNAV Méditerranée, était chargé d’informer les congressistes sur la nature des moyens digitaux pour valoriser les atouts des commerces de proximité.
L’ogre Google
Pendant très longtemps, l’économie a été ‘’corporelle’’ et ‘’matérielle’’, c’est-à-dire qu’une personne physique allait dans un point de vente physique et repartait avec un produit physique. Il y avait unité de temps et de lieu. Aujourd’hui, explique Pascal Perri, « tout est différent, celui qui est proche du marché n’est plus celui qui voit, mais celui qui sait. Le pétrole du 21e siècle sera celui de la donnée » et qui tient la donnée ? Vous avez deviné, c’est… Google.
Quelle est la situation ?
Google est-il le monstre dont on le qualifie le plus souvent ? Quels sont les risques ? Devient-on Google dépendant ? Les chiffres annoncés donnent le vertige : Google, c’est 52 milliards de dollars de chiffres d’affaires dont 90 % sont issus de la publicité. Le géant américain totalise 50 milliards de trésoreries et sa capitalisation s’élève à 185 milliards de dollars. Pour autant, la réussite du champion de San Francisco pose-t-elle un problème à l’écosystème mondial ? « Oui, dénonce sans ambages Pascal Perri, car il a désormais accès à tous les consommateurs du monde et il rationne l’accès au marché de tous les autres acteurs du web ». L’ombre de Big Brother n’est pas loin : explication.
Big Brother
Les quatre fantastiques, comme les définit Pascal Perri, les GAFA – Google, Amazon, Facebook, Apple – par leur position dominante, bénéficient d’avantages compétitifs décisifs qu’ils réinvestissent dans les prix. Pourtant, on pourrait penser que c’est le jeu normal de la concurrence. « Pas vraiment, poursuit notre économiste. Le jeu est faussé par ces géants qui ne paient pas ou peu d’impôt, imposent leurs exigences à leur fournisseur, font baisser artificiellement les prix pour tuer leurs concurrents. » Le risque ensuite, une fois que le marché est dégagé, c’est de voir les prix remonter…
Par Rémi Bain-Thouverez
Rédacteur en chef d’i-tourisme