Apprendre à décrypter les médias pour bien préparer son voyage
Comment redonner confiance aux voyageurs ? Tout simplement, en rétablissant la vérité. Pourquoi la vérité ? Pour la simple et bonne raison que la surmédicalisation des catastrophes que la terre a pris la mauvaise habitude de nous imposer contribue à installer un climat d’inquiétude et de crainte généralisée, sans que pour autant ce soit le reflet de la réalité.
C’est l’effet loupe qui a pour conséquence de faire croire qu’un évènement, pourtant parfaitement localisé, soit représentatif d’un ensemble. Concrètement, le futur vacancier en observant les manifestations, il est vrai spectaculaire, de la place Tahrir, devient persuadé que tout le pays est à feu et à sang, alors qu’on ne dénombre strictement aucun incident à l’encontre d’un touriste en Égypte. Le nouveau site de l’APST, par un traitement objectif de l’information, en donnant la parole aux experts qui sont les plus à même d’expliquer quelle est la situation réelle, va créer une sorte de haut-parleur pour rétablir la vérité et contrebalancer, à sa mesure, l’influence négative de la sphère médiatique.
Les médias mis en cause
Nous sommes bien placés, en tant que média nous-mêmes, pour en parler. Soyons clairs, les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent personne, alors que les révolutions font vendre. L’information est une valeur marchande et les médias ne sont pas des entreprises sans but lucratif. C’est pourquoi ces derniers n’hésitent pas à piocher dans tous les cataclysmes portés par notre actualité pour profiter du sensationnel et faire de l’audience. Peut-on leur reprocher ? Difficile de répondre d’une façon binaire par oui ou par non. Pour autant, la déontologie de la profession devait respecter le principe élémentaire de traiter l’information sur ses divers aspects. Contextualiser un évènement, quel qu’il soit, permet de comprendre globalement une situation. Pourtant, disons-le sans langue de bois, nombre de médias dérivent. Par une trop grande focalisation sur l’évènement lui-même, sans analyse et sans recul, les messages sont trop parcellaires pour rendre compte objectivement de la situation réelle. Par voie de conséquence, la santé du secteur du tourisme s’en trouve affectée.
Cause à effet
Sans conteste, cette mise en scène de l’information spectacle est pénalisante pour l’économie de notre industrie. C’est ce que dénonce Jean Brajon, directeur général du tour-opérateur Héliades : « L’année dernière, les médias se sont déchaînés sur les grèves et les manifestations en Grèce, sans pour autant expliquer que celles-ci n’avaient pas d’incidence négative pour les touristes. Résultat, nos ventes furent décevantes. Cette année, les problèmes de cette destination ne font plus la une des médias, alors que la situation est, pour ainsi dire, la même. Grâce à ce contexte apaisé, nous avons progressé de 17 % ». Le rapport de cause à effet est incontestable. Même son de cloche de la part de Nahed Rizk, la directrice de l’office de tourisme de l’Égypte : « Pour prouver que le pays est paisible, nous sommes obligés d’installer des webcams sur les lieux touristiques, car les médias français ne font que se focaliser sur les manifestations au Caire. C’est très dommageable et très regrettable, surtout si l’on compare avec la presse anglo-saxonne qui est plus neutre ». Depuis longtemps, Richard Vainopoulos, président du réseau TourCom, se fait le portevoix d’une profession en colère : « N’encourageons plus les médias dans la dramatisation des évènements et sachons mettre en avant l’expertise de nos agences et les garanties que nous apportons afin de rassurer nos clients »
Tous concernés
Enfin, Georges Colson, le président du SNAV, n’est pas en reste pour dénoncer les dérives : « Nous pratiquons pourtant un merveilleux métier. Le tourisme est un secteur où se mêlent ensemble la joie, la détente, le repos et le partage aussi bien à l’intérieur des familles pour leurs vacances que dans les échanges avec les populations qui nous accueillent. Pourquoi, alors que la crise nous atteint directement, se concentrer uniquement sur les problèmes alors qu’il y a quand même des bonnes nouvelles ailleurs ? » L’injonction est légitime et notre presse professionnelle devrait aussi jouer ce rôle de temporisateur.